La semaine du 28 octobre au 3 novembre
Poursuite de la série « Le Commissaire
européen »
Bogdan Matei, 02.11.2019, 10:50
Poursuite de la série « Le Commissaire
européen »
« On doute sérieusement que la nouvelle proposition
de commissaire européen avancée par le gouvernement de Bucarest soit
légitime », vu que le cabinet ne s’est pas mis d’accord avec le président
Klaus Iohannis, a fait savoir la porte-parole de la CE, Mina Andreeva. Il ne
s’agit ni d’un oui, ni d’un non, ni d’un rejet, mais d’un aspect que la
Roumanie devrait tirer au clair. Vue les opportunités et les défis à relever,
il est dans l’intérêt de tous que l’Europe avance sans plus tarder et que le
candidat de la Roumanie soit accepté par la future présidente de l’Exécutif
européen et par la future Assemblée législative, a tenu à préciser Mme
Andreeva. Rappelons-le, la première ministre destituée de la Roumanie, la
social-démocrate, Viorica Dăncilă, avait avancé le nom de Victor Negrescu,
ancien ministre délégué aux Affaires Européennes, pour occuper le poste de
commissaire européen. Une initiative que le chef de l’Etat a rejetée puisque,
dit-il, Mme Dăncilă n’a plus de légitimité pour proposer des candidats, vu que
son cabinet a été révoqué par motion de censure le 10 octobre dernier. Avant
Negrescu, deux autres propositions de sociaux-démocrates roumains avaient
échoué : Rovana Plumb, refusée par la commission des Affaires juridiques
du Parlement européen en raison des discordances entre sa déclaration de
patrimoine de Roumanie et celle déposée auprès de l’UE, et Dan Nica, ancien
ministre qui n’est plus parvenu à l’étape des auditions, vu que le cabinet
Dancila a été destitué par motion de censure.
L’équipe de Ludovic Orban avant le
vote d’investiture
Après deux jours d’auditions aux
commissions parlementaires spécialiées – mardi et mercredi -, sur les 16
candidats nommés par le premier ministre désigné, le libéral Ludovic Orban, treize
ont reçu un avis favorable, et trois – un avis négatif. Il s’agit d’Ion Ştefan,
proposé au Ministère des Travaux Publiques, du Développement et de
l’Administration, de Violeta Alexandru, au Ministère du Travail et de Florin Câţu,
aux Finances. N’empêche. En qualifiant
les avis négatifs de « politisés », le premier ministre désigné et en
même temps leader du Parti national libéral, a annoncé qu’il présenterait
lundi, au parlement, les mêmes propositions de ministres. L’avis des
commissions parlementaires est consultatif. Pourtant, le président social-démocrate
de la Chambre des députés, Marcel Ciolacu, a mentionné qu’il y avait une
coutume selon laquelle les candidats qui ne recevaient pas le feu vert des
commissions devaient être remplacés par le premier ministre désigné. Pour
obtenir l’investiture, le cabinet de Ludovic Orban, qui devrait remplacer celui
de Viorica Dăncilă, destitué par motion de censure, a besoin d’au moins 233 votes
favorables. Afin de s’assurer le nombre de voix nécessaires, Ludovic Orban a
signé, en début de semaine, des accords politiques avec l’Union Sauvez la
Roumanie, l’Union démocrate magyare de Roumanie, le Parti du Mouvement
populaire, l’Alliance des libéraux et des démocrates et avec les minorités
nationales.
14 candidats au fauteuil présidentiel
14 candidats soutenus par tous les
partis politiques et quelques indépendants sont en lice pour les fonctions de
chef de l’Etat. Mais qui sont donc les 14 qui souhaitent devenir président de
la Roumanie pour les cinq années à venir ? L’actuel chef d’Etat, Klaus
Iohannis, qui espère obtenir un second mandat, avec l’appui du Parti national
libéral, la sociale-démocrate Viorica Dăncilă, dont le gouvernement a été
révoqué, Dan Barna, de l’Alliance USR-Plus, l’ex eurodéputé Mircea Diaconu,
soutenu par le parti ProRomania, de l’ancien premier ministre, Victor Ponta, et
par l’Alliance des libéraux et des démocrates de Călin Popescu Tăriceanu,
l’essayiste et diplomate Theodor Paleologu du Parti du Mouvement populaire, et
Kelemen Hunor de l’Union démocrate magyare de Roumanie. Les candidats Cătălin
Ivan, Ninel Peia, Sebastian Constantin Popescu, John Ion Banu, Ramona-Ioana
Bruynseels et Viorel Cataramă bénéficient du soutien de partis politiques sans
élus nationaux. Enfin, Bogdan Stanoevici et Alexandru Cumpănaşu se sont
inscrits dans la course à l’élection présidentielle en tant qu’indépendants. Au
cas où aucun candidat n’obtient la majorité absolue au premier tour de scrutin,
la Cour constitutionnelle devrait annoncer avant le 15 novembre les noms des
deux candidats en lice au second tour du scrutin, prévu le 24 novembre. Les
Roumains de la diaspora pourront voter du 8 au 10 novembre pour le premier
tour, et du 22 au 24 novembre au deuxième. Les bureaux de vote ferment
officiellement à 21 heures, mais les électeurs roumains qui votent à l’étranger
pourront exercer leur droit de vote jusqu’à minuit. Les pays à bénéficier du
plus grand nombre de bureaux de vote à l’intention des électeurs roumains de
l’étranger seront l’Espagne, 148, l’Italie, 142, l’Allemagne, 84, la Grande
Bretagne, 73, la France, 48, les Etats-Unis, 38 et la République de Moldavie,
36. Le vote par correspondance a déjà débuté.
Colectiv, quatre
ans après
Mercredi dernier, une marche de protestation et des services religieux ont
marqué les 4 ans écoulés depuis la plus grande tragédie que la Roumanie ait
vécue depuis la Révolution de 1989. Le 30 octobre 2015, 400 jeunes assistaient
à un concert dans une boîte de nuit de Bucarest, quand un show pyrotechnique
tourne au cauchemar. Un pilier et une partie du plafond ont pris feu. Les flammes
se sont propagées dans la discothèque, provoquant un mouvement de foule
meurtrier. Le bilan fut lourd: 64 morts et 200 blessés. Deux années plus tard,
le bilan des décès s’est alourdi à 65, après qu’un des survivants a décidé de
se suicider. Quatre ans plus tard, aucun jugement n’a encore été rendu dans le
procès contre les propriétaires de la boîte de nuit. Cité comme témoin dans une
enquête pénale dans le cadre de l’affaire Colectiv, le ministre de la Santé de
l’époque, Nicolae Bănicioiu, ne s’est pas présenté au Parquet général. Par
ailleurs, un groupe de citoyens de la ville de Iaşi a déposé une plainte contre
les responsables du Département chargé des Situations d’Urgence, dirigé par le
secrétaire d’Etat, Raed Arafat. Ils les accusent d’avoir dissimulé des preuves
importantes après que la presse a mis en ligne une vidéo montrant la réaction
des équipages de secouristes déplacés sur les lieux de la tragédie. « Tout
le monde était au courant de la façon chaotique dont les secouristes sont
intervenus, on a suspecté dès le début un manque de professionnalisme et
d’empathie des secouristes et cette vidéo ne fait que confirmer nos soupçons »,
accuse le groupe citoyen. En affirmant, pour sa part, avoir ignoré l’existence
d’une telle vidéo, Raed Arafat accepte de démissionner, seulement si le premier
ministre le lui demande. (Trad.: Ioana
Stăncescu)