La semaine du 7 au 13 octobre
Le gouvernement Dăncilă destitué par motion de censure
Roxana Vasile, 12.10.2019, 10:05
Le gouvernement Dăncilă destitué par motion de censure
La semaine qui sachève est placée sous le signe de la chute du gouvernement social-démocrate dirigé par Viorica Dăncilă, qui fonctionnait, dès le mois daoût, de manière minoritaire, après que son partenaire à la gouvernance, lAlliance des libéraux et des démocrates, a décidé de changer de bord et de passer dans lopposition. Un geste qui a surpris. Jeudi, le parlement bicaméral de Bucarest a adopté la motion de censure « Pour reconstruire la Roumanie, le gouvernement Dăncilă doit être destitué durgence ! », lancée par le Parti national libéral et largement embrassée par des formations, groupes politiques, indépendants et même par quelques représentants parlementaires du Parti social-démocrate. 238 parlementaires ont voté en faveur de la motion, alors que 233 voix étaient nécessaires pour son adoption et pour la destitution du Cabinet de Bucarest. « Tous contre un » – cest ainsi que lon pourrait résumer la démarche des parlementaires qui sétaient fait un vœu de destituer le gouvernement Dăncilă, du moins après les élections parlementaires du 26 mai, mais aussi sur la toile de fond du scrutin présidentiel prévu dans un mois. Or, jeudi, au parlement, les signataires de la motion ont qualifié léquipe exécutive de Viorica Dăncilă comme la plus nocive des 30 dernières années. Ils ont promis, par antithèse, quaprès sa destitution, ils adopteraient un programme de gouvernance responsable, ciblé sur le développement et la modernisation de la Roumanie et sur la prospérité réelle de chaque citoyen. Cristian Seidler, parlementaire de lUnion Sauvez la Roumanie, a donné lecture à la motion :
« Cette motion de censure part dune réalité incontestable : le gouvernement ne dispose plus de la majorité parlementaire et na plus de légitimité politique pour gouverner le pays. Dans toute démocratie fonctionnelle, lorsque le gouvernement na plus lappui du parlement, le premier ministre démissionne, sans plus attendre quune motion de censure soit déposée. La chose la plus normale à faire aurait été que le gouvernement Dăncilă parte tout de suite après le vote du 26 mai, lorsque les Roumains ont donné la leçon la plus grave à ce cabinet qui a agi contre les intérêts généraux du pays, contre les Roumains. » En réplique, et défendant son programme de gouvernance, la première ministre Dăncilă a accusé lopposition de ne pas avoir dalternatives :
« Vous ne luttez pas pour un projet, pour une vision ou pour le bien-être. Vous ne luttez pas pour faire du bien aux gens, pour apporter une quelconque forme de progrès dans la vie quotidienne de chacun. Vous luttez contre le Parti social-démocrate, les uns contre les autres, vous luttez contre lintérêt du pays et des Roumains. Vous avez passé des alliances avec de nouvelles gens avec une expérience politique zéro et zéro performance gouvernementale, qui narrivent même pas à gérer leur propre parti, et avec des hommes qui ont de lexpérience, les déserteurs du gouvernement et ceux qui ont appauvri les Roumains entre 2010 et 2012. Cest une alliance de conjoncture qui souhaite faire tomber le gouvernement, un mélange dintérêts et damateurisme. Comment pouvez-vous assumer la reconstruction de la Roumanie, alors que vous ne savez pas quoi offrir aux Roumains demain ou dans une semaine ? Quel plan avez-vous ? Comment allez-vous faire ? »
Viorica Dăncilă a fait appel au président de droite du pays, Klaus Iohannis, quelle tient pour lartisan de ce chaos politique, de nommer rapidement un gouvernement « sil est en mesure de le faire ».
Discussions pour former un nouveau gouvernement
Tout de suite après la destitution du gouvernement du PSD, le chef de lEtat, Klaus Iohannis, a convoqué, vendredi, les partis parlementaires à des consultations, parce que la Roumanie a besoin dun gouvernement en urgence, a-t-il dit. Selon le chef de lEtat, qui a qualifié le gouvernement démis du PSD déchoué et dérouté, les élections anticipées sont la meilleure solution pour résoudre la situation politique actuelle. Klaus Iohannis :
« Jécouterai les options des partis et je proposerai une solution dexécutif avec un mandat très clair, censé assurer une gouvernance responsable et efficace jusquaux élections législatives, quel que soit le moment où elles interviendront. La meilleure solution pour rendre sa légitimité au parlement, cest, bien évidemment, le retour le plus rapide au vote des citoyens, donc des élections anticipées. Cela ne peut se faire toutefois que sil existe un consensus des formations parlementaires actuelles. »
Seulement, les partis qui ont contribué à la chute de lexécutif étaient partagés sur cette question. Le Parti national libéral, ProRomânia et lUnion Sauvez la Roumanie étaient favorables à des élections anticipées. Toutefois, si cela nest pas possible, les libéraux se dont déclarés prêts à assumer la gouvernance, le président de cette formation, Ludovic Orban, se proposant lui-même comme premier ministre. LUnion démocrate magyare de Roumanie a eu pour première option la création dun gouvernement autour dun premier ministre de lUnion, la seconde étant la désignation dun indépendant. Le Parti du mouvement populaire a marqué son manque de confiance en lorganisation délections anticipées et a proposé à Klaus Iohnannis de considérer lidée de nommer un premier ministre de ce parti. Non dernièrement, lAlliance des libéraux et des démocrates a précisé quelle nentendait pas faire partie dune formule de gouvernance à venir, mais quelle soutiendrait un nouvel exécutif qui devrait être assumé par le PNL, qui doit donner un premier ministre, aussi. Par conséquent, le chef de lEtat a annoncé quil était urgent davoir un nouveau gouvernement politique de transition, composé du PNL ou autour du PNL. Les consultations se poursuivront la semaine prochaine, quand un nouveau chef de cabinet sera nommé.
La presse étrangère sur la situation politique de Roumanie
Les évolutions sur la scène politique de Bucarest ont été examinées aussi par la presse internationale. Lopposition a accusé le gouvernement Dăncilă de la mauvaise gestion de léconomie, de la détérioration de la sûreté publique et de la tentative de mettre le système judiciaire sous contrôle gouvernemental – écrit The New York Times. Le Figaro estime que le renversement du cabinet ouvre la voie à des négociations pour former une nouvelle majorité, un mois avant la présidentielle. Le président Klaus Iohannis nommera un nouveau premier ministre, qui devra obtenir lappui du parlement – détaille lagence de presse espagnole EFE. Au sujet de loption des élections anticipées, avec laquelle la Roumanie ne sest jamais confrontée, Bloomberg opine quelle est improbable. Et prédit aussi quil est peu probable que les troubles politiques qui ont caractérisé le paysage politique de Roumanie disparaissent sous peu. Pour beaucoup de Roumains, la confrontation actuelle entre les forces politiques est encore un signe que les politiciens ne sont pas en contact avec la société roumaine, précise Euronews. (Trad. Ligia Mihaiescu)