La semaine du 25 au 30 mars 2019
L’ambassade de Roumanie en Israël, nouvelles polémiques
Bogdan Matei, 30.03.2019, 13:23
L’ambassade de Roumanie en Israël, nouvelles polémiques
Le roi Abdallah II de Jordanie a annulé sa visite de trois jours en Roumanie, qui devait commencer lundi dernier. La décision a été prise après l’annonce par la première ministre roumaine Viorica Dăncilă que Bucarest transférerait son ambassade en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. Le président roumain Klaus Iohannis a précisé que cette décision seraot prise uniquement après la clôture de l’analyse en cours, dont les conclusions n’ont pas encore été reçues par l’Administration présidentielle. La décision finale dans ce dossier appartient au président de la Roumanie, qui est, selon la Constitution – le rappelle l’Administration présidentielle dans son communiqué de presse – responsable des décisions de politique étrangère du pays et le représentant de l’Etat roumain sur le plan externe. La première ministre roumaine Viorica Dăncilă avait fait l’annonce du transfert de l’Ambassade de la Roumanie en Israël dimanche dernier, à Washington, lors de la Conférence du Comité américano-israélien pour les politiques publiques. L’UE maintient sa position au sujet de Jérusalem et soutient que la seule solution réaliste au conflit entre Israël et la Palestine présuppose l’existence de deux Etats avec la même capitale. Les responsables européens ont déclaré lundi que l’exécutif communautaire avait pris acte de la déclaration de la première ministre Viorica Dăncilă au sujet de l’intention de transférer l’ambassade de Roumanie de Tel Aviv à Jérusalem, mais aussi de la déclaration du président Iohannis qui a souligné que la décision finale lui appartiendrait. En octobre 2018, le ministère des Affaires étrangères a envoyé au gouvernement une analyse sur les effets du transfert de l’ambassade de Roumanie en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. L’idée de ce déménagement a été lancée, en première, par l’homme fort de la coalition gouvernementale de Bucarest, le leader social-démocrate Liviu Dragnea, fin 2017. L’Autorité palestinienne a temporairement rappelé son ambassadeur à Bucarest.
Fin de l’inscription des candidats aux élections européennes
Jeudi était le dernier jour où les partis politiques, les alliances et les candidats indépendants pouvaient s’inscrire dans la course électorale pour le Parlement européen. Les listes ont été déposées auprès du Bureau central électoral et devaient réunir 200.000 signatures de soutien dans le cas des partis et 100.000 dans celui des candidatures indépendantes. Le Bureau électoral central devra valider les candidatures d’ici le 6 avril, en laissant par la suite un délai de 6 jours aux contestations. L’ordre sur les bulletins de vote sera fixé par tirage au sort. La campagne électorale démarrera le 27 avril et s’achèvera le 25 mai, dans la matinée. Par ailleurs, selon le plus récent sondage sur les intentions de vote des Roumains, le Parti Social – démocrate (PSD), le principal parti de la coalition au pouvoir, et le Parti national libéral (PNL), d’opposition, sont presqu’à égalité, avec 26% des options. Suit l’alliance formée de l’Union Sauvez la Roumanie (USR) et PLUS, un nouveau parti créé par l’ancien premier ministre Dacian Ciolos, toujours d’opposition, avec 15%. L’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE), partenaire du PSD au pouvoir, tout comme le parti Pro Romania (formé de dissidents du PSD) recueilleraient 9% des voix. Enfin, l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR), représentante de la minorité magyare, obtiendrait 5% des voix.
Un référendum sur la justice
Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, a annoncé, jeudi, convoquer le référendum portant sur le respect de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice, pour le 26 mai prochain, le même jour que les élections européennes. Il n’a pas précisé la question, mais a confirmé que le thème, c’est la justice, et la raison, ce qu’il a appelé l’assaut du PSD sur la justice, lancé depuis que ce dernier a pris le pouvoir, en janvier 2017. « Il est illégitime d’émettre un décret d’urgence en matière de justice avant que la volonté des citoyens ne se soit exprimée par un référendum », a martelé le président. Peu de temps après l’annonce du président, celle du leader du PSD, Liviu Dragnea, a fait suite : une plainte pénale pour haute trahison formulée contre Klaus Iohannis est presque prête.
Corruption et anticorruption
L’ancienne cheffe du Parquet anticorruption de Roumanie, Laura Codruţa Kövesi, a été placée jeudi soir sous contrôle judiciaire par les procureurs de la Section chargée de l’investigation des infractions en justice. Il s’agit d’un dossier où elle est mise en examen, étant accusée d’abus de fonctions, de corruption passive et de faux témoignage. Le dossier a été ouvert en décembre 2018 suite à une saisine déposée par l’ancien député social-démocrate Sebastian Ghita, qui s’est enfui en Serbie voisine, faisant lui aussi l’objet de plusieurs enquêtes pour corruption. Selon celui-ci, il y a 8 ans, Mme Kövesi lui aurait demandé de payer 200.000 euros pour ramener au pays, par avion, depuis l’Indonésie, un Roumain concerné par un mandat d’arrêt international pour des infractions économiques d’envergure.
Jeudi, à l’issue des auditions qui ont duré plus de 6 heures, Mme Kövesi a précisé que l’on lui avait interdit de parler avec la presse de son enquête, estimant qu’il s’agit là d’une mesure censée « la museler et ne plus parler de ce qui se passe au sein du système judiciaire de Roumanie ». Laura Codruţa Kövesi a aussi rappelé qu’elle était en train de passer par une procédure internationale de désignation du procureur européen et des fonctions qu’elle pourrait très bien obtenir, au grand désespoir de certains, a-t-elle encore précisé. Rappelons aussi que Mme Kövesi bénéficie du soutien du PE pour le poste de procureur européen, dont le titulaire sera établi après des négociations avec le Conseil de l’UE. Ce dernier préfère, lui, le candidat français Jean-François Bohnert. Deux rounds de négociations ont eu lieu jusqu’ici, sans aucun résultat. Les prochaines discussions sont prévues les 4 et 10 avril. Notons aussi que le futur Parquet européen devrait devenir opérationnel vers la fin 2020.