La semaine du 8 au 13 octobre 2018
Echec du referendum sur la redéfinition de la famille
Roxana Vasile, 13.10.2018, 10:14
21% des électeurs roumains, soit 3,9 millions de personnes, ont participé les 6 et 7 octobre derniers à un référendum pour modifier la définition de la famille dans la Constitution dans le sens dune union entre «un homme et une femme » au lieu « dunion entre époux », comme maintenant. Selon le Bureau électoral central, sur lensemble des personnes ayant participé au vote, 91,5% ont dit « oui » à une telle redéfinition de la famille, tandis que 6,5% ont été contre. Pour quelle soit validée, la présence aux urnes devait être dau moins 30% du nombre des électeurs. Par conséquent, le référendum na pas été validé et la définition de la famille dans la Loi fondamentale du pays restera la même, à savoir « union entre époux ». La campagne du référendum a été très courte, mais extrêmement tendue, divisant non seulement la classe politique mais aussi la société dans son ensemble.
Ceux qui étaient contre la redéfinition de la famille nont pas hésité à sexprimer sur les réseaux sociaux, invitant leurs compatriotes au boycott. Mission accomplie, vu le taux dabsentéisme de 80%. Toutefois les raisons de cette absence sont des plus diverses, allant du fait que de nombreux Roumains ignoraient complètement le sujet du référendum, en passant par lindifférence, jusquà la fronde totale face au gouvernement en place ou à lEglise orthodoxe, qui a soutenu vivement la nouvelle définition de la famille. Voté auparavant par le Parlement, le projet de révision de la Constitution reposait sur une initiative citoyenne qui avait recueilli plus de 3 millions de signatures favorables à la redéfinition explicite de la famille en tant quunion entre un homme et une femme. Suite à léchec du référendum, de nombreuses voix ont pointé du doigt le Parti social-démocrate (PSD), principal parti de la coalition au pouvoir.
A son tour, le PSD a déclaré que le résultat du référendum nétait pas son propre échec, car tout ce quil avait fait avait été une campagne dinformation publique. Dans lopposition, le leader du Parti national libéral (PNL), Ludovic Orban, affirme que léchec du référendum appartient au pouvoir, car il ny a eu aucune campagne dinformation, le PSD et son partenaire, lAlliance des libéraux et des démocrates (ALDE) semblant avoir voulu que lintérêt des Roumains soit minimal. La seule formation politique qui sest dite satisfaite du résultat fut lUnion Sauvez la Roumanie (USR), qui sest opposée dès le début à la modification de la Constitution.
Pour lassociation MozaiQ, qui défend les droits des minorités sexuelles, la faible présence aux urnes témoigne du fait que la population rejette la haine et la désunion et refuse de rendre légitime un acte politique censé stigmatiser et discriminer la communauté LGBT. Tout de suite après la publication des résultats officiels de la consultation populaire, le ministre délégué aux Affaires européennes, Victor Negrescu, a fait savoir quun projet de loi sur le partenariat civil serait déposé au Parlement les jours suivants. Le projet a été finalisé, après consultations préalables des avec les représentants de la société civile et des formations politiques, a précisé le ministre Negrescu. Une affirmation qui a causé de la stupeur, vu que les débats ont été très discrets et que lespace public nétait pas au courant de cela jusquici.
Une nouvelle loi des pensions de retraite
Approuvé mercredi par le gouvernement, le projet de loi du système public des retraites sera soumis au débat du Parlement. La ministre du Travail, Olguta Vasilescu, a précisé quil ny aurait pas de diminutions des pensions. Le nouveau projet se propose de majorer les retraites, en éliminant les iniquités. Les pensions seront calculées compte tenu de la durée de la période de cotisation, quelle que soit lannée du départ à la retraite. La future loi sera mise en place progressivement jusquen 2021 et concernera plus de 5 millions de Roumains à la retraite. Et puis, cette semaine encore, deux membres du cabinet de gauche PSD-ALDE sont entrés dans le collimateur de lopposition parlementaire. Il sagit des ministres de lEconomie, Danut Andrusca, et de celui de la Culture, George Ivascu. Accusé dincompétence au point de pousser le pays au bord de la faillite, M. Andrusca a échappé pourtant à la motion simple avancée par lUSR et le PNL à son encontre, que la Chambre des députés a décidé de rejeter. Quant au ministre de la Culture, celui-ci fait lobjet dune motion simple déposée par le PNL qui déplore son incapacité à organiser les manifestations à loccasion de la Fête nationale de la Roumanie. Rappelons-le, cette année, la Roumanie marque le 1er Décembre 2018 le Centenaire de la Grande Union.
La DNA en quête de chef
La Section des procureurs du Conseil supérieur de la magistrature a rendu cette semaine un avis négatif à la proposition du ministre roumain de la Justice, Tudorel Toader, dinstaller à la tête du Parquet anticorruption Adina Florea, procureure près la Cour dappel de Constanta. Lavis du Conseil est consultatif. M Toader avait annoncé dans un premier temps quil avancerait sa proposition au chef de lEtat, quelle que soit la position du CSM. Interviewée par les procureurs, Adina Florea a affirmé que les protocoles secrets que les Services secrets roumains ont signés avec dautres institutions étaient contraires à la loi en raison de la mise en place déquipes opérationnelles mixtes. Loccasion pour Mme Florea de rappeler que la DNA ne devrait pas soccuper des abus de fonctions dont la responsabilité incombe aux Parquets près les tribunaux, mais des affaires de corruption. Rappelons-le, le fauteuil de chef de la DNA est resté vacant en juillet après que le chef de lEtat a révoqué Laura Codruta Kovesi de ses fonctions suite à une décision de la Cour constitutionnelle. Par ailleurs, cette semaine encore, le ministre de la Justice, Tudorel Toader, a annoncé ladoption par le gouvernement dun décret durgence censé rendre opérationnelle la nouvelle Section denquête des infractions au sein de la justice. Ce sera à ladite section de reprendre avant le 23 octobre la gestion de tous les dossiers dont les magistrats font lobjet, y compris ceux déjà traités par le passé.
La Roumanie, selon le FMI
Le Fonds monétaire international a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la Roumanie, de 5,1% à 4%. Selon les experts du FMI, cela sexplique par une influence plus faible des facilités fiscales accordées en 2017 et par la diminution de la demande externe. Le ralentissement économique se poursuivra en Roumanie lannée prochaine, jusquau niveau de 3,4%, précise encore le FMI dans son récent rapport sur la croissance économique mondiale. Le document révèle dailleurs que cette tendance à la baisse est valable à léchelle globale. En Roumanie, lInstitut national de la statistique a fait savoir que le taux annuel de linflation avait légèrement reculé en août dernier, de 5,1 à 5,03%. Enfin, début août, la Banque nationale de Roumanie avait révisé à la baisse, à 3,5%, ses prévisions concernant linflation pour la fin de lannée en cours. (Trad. Valentina Belesvski, Ioana Stancescu)