La semaine du 13 au 18 août 2018
Enquête sur les heurts survenus pendant le « Meeting de la diaspora »
Roxana Vasile, 18.08.2018, 12:18
Tout au long de cette semaine, les procureurs militaires ont entendu des témoins, dans l’enquête sur la manifestation antigouvernementale de Bucarest, du 10 août dernier, marquée par des heurts violents entre les protestataires et les forces de l’ordre. Au total, une centaine de personnes ont été auditionnées par les magistrats et plus de 250 plaintes ont été déposées jusqu’à présent, y compris par des gendarmes. Le Parquet général a annoncé jeudi que les procureurs militaires avaient reçu les documents de la gendarmerie roumaine relatifs aux substances chimiques non létales détenues et utilisées lors de la manifestation antigouvernementale du 10 août, ainsi que des échantillons de munition non létale et de substances chimiques. Tout cela dans le contexte où plusieurs participants à la manif ont publiquement affirmé que ces substances avaient eu des conséquences graves sur leur santé. A son tour, la Gendarmerie a présenté, dans un film de plusieurs minutes, sa propre vision des faits. Dans une interview télévisée, le commandant Laurenţiu Cazan, coordinateur des gendarmes lors de cette manifestation antigouvernementale, a déclaré qu’à la différence d’autres situations, la difficulté était venue du fait que les manifestants pacifiques n’avaient pas isolé les personnes violentes. Plus encore, à son avis, les groupes agressifs semblaient agir de manière organisée. Laurenţiu Cazan a présenté des excuses à tous ceux qui ont injustement souffert à cause de l’intervention des forces de l’ordre. Il a souligné qu’il n’avait pas encore pris une décision concernant son éventuelle démission et qu’il n’avait rien à se reprocher.
La classe politique roumaine, plus divisée que jamais
La manif du vendredi 10 août, a mis en lumière, plus que jamais, les clivages existant au sein de la classe politique roumaine. Le président de droite, Klaus Iohannis, a exhorté le PSD, principal parti au pouvoir, de tenir compte des revendications des Roumains qui protestent depuis plus d’une année et demie. « Après une gouvernance chaotique, irrationnelle, après des lois controversées et inconstitutionnelles et des attaques contre des magistrats, le PSD dévoile maintenant le côté répressif de son comportement, spécifique des régimes autoritaires », a accusé encore Klaus Iohannis. A son avis, l’intervention de la gendarmerie était fortement disproportionnée par rapport au comportement de la plupart des manifestants. Le chef de l’Etat a également condamné les actions des manifestants violents qui ont attaqué les gendarmes, dans une tentative de détourner une manifestation pacifique.
Klaus Iohannis : « Ceux qui veulent mettre à genoux la justice et la lutte contre la corruption ont souhaité créer une diversion, une fausse tension, injustifiée, dans la société… Que se passera-t-il plus tard, si ce gouvernement continue de traiter ses propres citoyens de la même manière et d’étouffer par la violence les voix qui s’opposent au retour de la Roumanie dans le passé ? »
La réponse du PSD n’a pas tardé. « Elément toxique, qui attise les conflits et sème la discorde, avec insistance et préméditation, dans la société roumaine, dans le mépris des attributions constitutionnelles, qu’il enfreint gravement ». C’est ainsi que les sociaux-démocrates décrivent le président Klaus Iohannis, dans un message-réquisitoire d’une dureté sans précédent, même pour les relations, loin d’être cordiales, entre le chef de l’Etat et le principal parti au pouvoir en Roumanie. Ils l’accusent d’avoir encouragé les protestations de rue anarchiques, anti-PSD et antigouvernementales, dans le mépris de ses attributions en tant que chef d’Etat. En demandant expressément aux procureurs d’enquêter sur les actions des gendarmes, le chef de l’Etat ne fait qu’humilier et intimider ceux-ci, affaiblissant de façon inacceptable la fermeté d’institutions vitales dans leurs interventions pour défendre l’ordre public, accuse les sociaux-démocrates. Enfin, pour le PSD, toute tentative de miner la gouvernance est un acte antinational.
La Journée de la Marine roumaine
Le 15 août, jour de la Dormition ou de l’Assomption de la Sainte Vierge, est aussi la Journée de la Marine roumaine, Sainte Marie étant considérée comme la protectrice des marins. Cette année, la fête a été célébrée, en première, dans sept villes à travers le pays : des ports à la mer Noire et sur le Danube, mais aussi à Bucarest, la Capitale, sur son plus grand lac, celui de Herăstrău. Un spectacle naval grandiose a eu lieu à Constanţa, principal port maritime roumain. Des milliers de personnes ont assisté aux démonstrations de dizaines de navires, deux avions F16, un avion P8 Poséidon ou encore de deux hélicoptères Puma Naval. Des détachements de militaires des Forces Navales roumaines ont défilé aux côtés de leurs collègues américains, britanniques, italiens et ukrainiens. Présent à l’événement, le président Klaus Iohannis a affirmé dans son discours que l’attention accordée à la Mer Noire et le fait qu’elle soit mentionnée à plusieurs reprises dans les documents adoptés au sommet de l’OTAN de Bruxelles, reconfirmait son importance stratégique pour l’Alliance.
A son tour, le ministre de la Défense, Mihai Fifior, a parlé de l’équipement des forces navales roumaines : « La semaine prochaine, le gouvernement doit adopter le décret portant sur les procédures d’acquisition du système d’installations mobiles de lanceurs de missiles antinavire, qui renforceront la capacité des forces navales roumaines d’assurer la sécurité du pays. »
L’infrastructure roumaine, analysée par les autorités du pays
La tragédie survenue en Italie, suite à l’effondrement d’un viaduc à proximité de la ville italienne de Gènes, qui a fait des dizaines de morts, dont des Roumains, a déterminé les responsables de Bucarest à présenter une analyse de l’état des ponts de Roumanie. Sur les 4250 ponts du réseau national de routes, seuls 37 présentent des problèmes techniques, mais la plupart se trouvent sur des routes secondaires, a précisé la Compagnie nationale des routes. Aucun pont ne court un risque imminent d’effondrement. Par ailleurs, un appel d’offres sera bientôt lancé pour la réparation des ponts qui traversent le secteur roumain du Danube sur l’autoroute A2, reliant Bucarest à Constanta, ville port à la mer Noire.
Bonnes nouvelles pour le sport roumain
La joueuse de tennis roumaine Simona Halep compte à son palmarès 18 titres, remportés tout au long de sa carrière, dont un du Grand Chelem, décroché cette année à Roland Garros. Dimanche dernier, elle obtenait une belle victoire à Montréal, au Canada, contre l’Américaine Sloane Stephens, score 7-6, 3-6, 6-4. Halep disputait pour la troisième fois la finale du tournoi de Montréal, qu’elle avait remportée en 2016. Par ailleurs, jeudi, le champion de Roumanie de football, CFR Cluj, et le vice-champion FCSB se sont qualifiés pour les play-offs de la Ligue Europa. Les sportifs de Cluj ont battu à domicile l’équipe arménienne Alashkert, score 5-0, après avoir remporté le match aller sur le score de 2-0. Le FCSB a triomphé des Croates du Hajduk Split.