La semaine du 09 au 14 avril 2018
Leyla Cheamil, 14.04.2018, 13:21
L’ancien président roumain Ion Iliescu peut faire
l’objet l’objet de poursuites pénales dans le dossier de la Révolution
anticommuniste de décembre ’89
Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, a envoyé, vendredi, au ministre de la Justice, la requête le lancers des poursuites pénales contre l’ancien chef de l’Etat roumain Ion Iliescu, contre l’ancien premier ministre Petre Roman et contre l’ancien vice-premier ministre Gelu Voican Voiculescu, tous les trois accusés de crimes contre l’humanité. Le Parquet près la Haute Cour de Cassation et de Justice en a également été informé. La procédure judiciaire est lancée dans le cadre du dossier de la Révolution, concernant les événements de décembre 1989 qui ont mené à la chute du régime communiste en Roumanie. Les procureurs considèrent que les incidents armés surgis dans de nombreuses localités du pays après le 22 décembre 1989 indiquaient l’existence d’un plan préétabli dont l’objectif était la prise du pouvoir par les nouveaux leaders, qui acquéraient ainsi leur légitimité. Les trois anciens hauts responsables mentionnés se déclarent innocents de ces accusations. Rappelons-le, les retards enregistrés par les procédures judiciaires dans le dossier de la Révolution ont valu à l’Etat roumain une condamnation à la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui a considéré que l’importance de ce cas pour la société roumaine aurait dû pousser les autorités à le traiter avec célérité. Les chiffres officiels font état de plus de 1100 morts et quelque 3000 blessés en décembre ’89, la plupart ayant été enregistrés après l’arrestation du couple Ceauşescu.
Rapport de la Commission européenne sur la Roumanie
La Représentation de la Commission européenne en Roumanie a organisé mercredi une conférence intitulée « Le semestre européen : le rapport par pays sur la Roumanie 2018 ». Selon l’Exécutif communautaire, Bucarest a enregistré des progrès limités en ce qui concerne le respect de ses obligations fiscales, la collecte des impôts, l’éducation, la prise en charge ambulatoire, l’administration publique et les investissements publics. Pas d’avancée côté salaire minimum, âge de retraite et cadre fiscal. En revanche, la procédure de passation des marchés publics a progressé, tout comme la lutte contre le travail au noir et les dessous-de-table dans le système sanitaire. Néanmoins, la croissance de l’économie roumaine dépasse la moyenne européenne, avec pour petit bémol – le fait qu’elle est le résultat notamment de la consommation et des crédits.
Angela Cristea, cheffe de la Représentation de la Commission européenne à Bucarest, explique: «La tendance de croissance économique se maintient, mais aussi le paradoxe des inégalités sociales et de la pauvreté, notamment au sein des groupes défavorisés. Cette croissance est fondée plutôt sur la consommation et moins sur les investissements. Elle repose également sur les prêts, alors que le déficit budgétaire approche dangereusement le seuil critique des 3%. De même, le déficit structurel continue de s’éloigner de la cible moyenne de 1% ».
Elle a précisé aussi qu’en Romanie, le taux de chômage était au plus bas des 20 dernières années, mais il y avait un déficit de main d’œuvre en raison du vieillissement de la population.
A son tour, le ministre des Finances, Eugen Teodorovici, se dit convaincu que la Roumanie ne dépassera pas cette année la limite du déficit budgétaire : « La Roumanie transmettra une réponse à ce rapport avant la fin avril. Le document comportera plusieurs mesures concrètes et des délais très clairs de leur mise en œuvre pour montrer que nous resterons en dessous du déficit de 3% ».
Enfin, mentionnons que selon l’Institut national de la statistique, l’inflation a atteint son plus haut niveau des 5 dernières années, soit de 5% en mars 2018, sur la toile de fond de la croissance des prix des aliments, des marchandises non alimentaires et des services. Fin février, la Banque nationale de Roumanie a révisé à la hausse ses prévisions sur l’inflation pour la fin de l’année, de 3,2 à 3,5%.
Le GRECO se dit préoccupé au sujet des lois roumaines de la justice
Le Groupe d’Etats contre la Corruption, GRECO se déclare profondément préoccupé au sujet de certains aspects des lois sur le statut des magistrats, sur l’organisation du système judiciaire et sur le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, lois récemment adoptées par le législatif roumain. Dans un rapport rendu public mercredi, le GRECO exprime sa préoccupation face aux projets d’amendements déposés à la législation pénale, débattus par le Parlement de Bucarest. Les experts de l’organe du Conseil de l’Europe qui vise à améliorer la capacité des Etats membres à lutter contre la corruption ont élaboré ce rapport suite à une décision adoptée dans le cadre d’une réunion plénière du Conseil de l’Europe en décembre 2017 consacrée à l’évaluation urgente des réformes du système judiciaire roumain. Celles-ci pourraient impliquer de graves transgressions des normes de lutte contre la corruption, s’inquiètent les responsables européens. Perçues comme une tentative de la coalition gouvernementale formée par le Parti Social Démocrate (PSD) et par l’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE) de subordonner politiquement les magistrats et d’arrêter la lutte contre la corruption, les initiatives de modification de la législation dans le domaine ont été critiquées par l’opposition de droite, par la presse et par la société civile et d’amples protestations ont eu lieu dans les principales villes roumaines. Par contre, la coalition gouvernementale menée par le PSD, affirme que ses initiatives étaient conformes aux décisions de la Cour constitutionnelle de Roumanie et de la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Visite à Bucarest du ministre français des AE
Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, a reçu, jeudi, à Bucarest, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. A l’occasion, le chef de l’Etat a déclaré que l’adhésion à l’espace Schengen demeurait une visée importante pour la Roumanie et a exprimé son espoir que la France soutienne une décision en ce sens. L’officiel de Paris a affirmé qu’il n’existe pas de blocage de la part de la France sur la perspective de la Roumanie de devenir membre de l’espace Schengen. Dans la période qui suivra, dans les relations entre Paris et Bucarest, l’accent sera mis sur le dialogue sur des thèmes européens, des sujets liés à la défense et au développement économique, a encore précisé Jean-Yves Le Drian. A son tour, le président roumain a mis en évidence le niveau excellent des relations bilatérales, dans le contexte d’une année aux multiples significations, dont les 10 ans écoulés depuis la signature de la Déclaration de Partenariat Stratégique, l’organisation de la saison croisée France-Roumanie et la célébration de la Grande Union des territoires roumains, union à laquelle la France a eu une contribution importante.