La semaine du 26 mars au 1er avril
Le centenaire de l’union de la Bessarabie avec la Roumanie
Roxana Vasile, 31.03.2018, 15:15
Le centenaire de l’union de la Bessarabie avec la Roumanie
A l’occasion du centenaire de l’Union de la Bessarabie avec la Roumanie, le Législatif de Bucarest a organisé le mardi, 27 mars, une réunion solennelle qui a débouché sur l’adoption d’une déclaration officielle. Le Parlement considère comme entièrement légitime la volonté des citoyens de la République de Moldova qui soutiennent l’unification avec la Roumanie en tant que continuation naturelle du processus de développement et d’affirmation de la nation roumaine. Province à population roumaine majoritaire, occupée par l’Empire des tsars pendant quelque 106 ans, la Bessarabie s’est réunie à la mère patrie, la Roumanie, en 1918. L’Union soviétique a ré-annexé cette région suite à un ultimatum en 1940 et sur une partie de son territoire, l’actuelle République de Moldova a été créée.
Ecrasé et nié à l’époque de l’URSS, l’élément roumain a été perverti par l’invention d’une langue et d’une identité moldaves, différentes de celles roumaines. Rappelons-le, à l’occasion de chaque scrutin électoral, une lutte acerbe est menée entre les politiciens qui tablent sur l’intégration européenne et ceux qui souhaitent remettre la République de Moldova dans l’aire d’influence russe. La situation est compliquée et la réunification avec la Roumanie n’est pas un aspect qui relève du proche avenir.
Dans l’attente d’une éventuelle union, les responsables politiques de Bucarest se font une priorité du renforcement de la coopération roumano-moldave et du soutien que Bucarest accorde au parcours européen et euro-atlantique de son voisin, l’Etat le plus pauvre du Vieux continent. La politique de la main tendue mise en place par Roumanie est d’autant plus importante que la société moldave est divisée et que la propagande russe demeure très agressive.
Mercredi, la compagnie Eurotransgaz, qui appartient à Transgaz, l’opérateur de transport du gaz naturel de Roumanie, a racheté la compagnie Vestmoltransgaz de République de Moldova. L’occasion pour le premier ministre, Mme Viorica Dancila, de déclarer que « A partir de ce moment, on peut parler de Transgaz comme d’un acteur régional. Je profite de l’occasion pour saluer également l’interconnexion énergétique entre la Roumanie et la République de Moldova. » Le contrat facilitera la construction du gazoduc Ungheni – Chisinau, un prolongement du pipeline Iasi – Ungheni. Selon les autorités, le gazoduc vise à assurer la sécurité énergétique de la République de Moldova qui dépend actuellement des livraisons de gaz de Russie.
L’éternelle modification des lois de la Justice
Le PNL et l’USR de l’opposition parlementaire roumaine ont saisi pour la deuxième fois la Cour constitutionnelle pour s’attaquer aux modifications apportées par la coalition au pouvoir aux trois lois de la Justice portant sur l’organisation judiciaire, le statut des magistrats et le fonctionnement et l’organisation du Conseil supérieur de la Magistrature. Tandis que le PSD, au pouvoir, affirme que les modifications ont été adoptées par voie démocratique, l’opposition, elle, soutient qu’elles mèneront au contrôle politique du système judiciaire. Le député libéral Gabriel Andronache nous donne un exemple: « Le jour même de l’adoption de toutes ces modifications devant le plénum du Sénat, la majorité parlementaire a fait passer un amendement à la loi 303 qu’elle a présenté comme une sorte de corrélation technique et législative, alors qu’en fait, il s’agissait d’un article censé modifier la définition même de l’erreur judiciaire. Or, une telle approche est, selon nous, complètement inadmissible. Et il y a encore d’autres exemples qui démontrent que ces réglementations s’avèrent toxiques pour le système roumain de Justice. »
Pour sa part, le PSD, au pouvoir, se défend, en affirmant que tous ces changements avaient été adoptés par voie démocratique. Selon le leader social-démocrate, Liviu Dragnea, « attaquées dans un premier temps à la Cour constitutionnelle, ces modifications ont été déclarées conformes à la loi, à l’exception de quelques articles. Reste à voir pourquoi ils les ont attaquées de nouveau. Ce sera aux juges de la Cour d’analyser et j’espère qu’ils se calmeront. »
La Cour constitutionnelle tranchera les nouvelles saisines le 19 avril.
Scandale diplomatique : la Russie contre tous
La Russie a choisi de poser en victime et de donner la réplique à l’Occident, niant, en même temps, avec véhémence, toute implication dans l’empoisonnement, le 4 mars dernier, en Grande Bretagne, de l’ancien agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille. Selon la police britannique, une grande quantité de substance neurotoxique a été trouvée sur la porte d’entrée de la maison de l’ancien espion. Pour donner un signal fort à Moscou qu’elle ne peut pas défier la législation internationale relative à l’usage des armes chimiques, environ 150 diplomates russes d’Amérique du Nord et d’Europe jusqu’en Australie ont été expulsés en signe de solidarité avec le Royaume Uni.
En plus, aux Etats Unis, l’administration Trump a fermé le consulat russe de Seattle, argumentant qu’il était trop près de la plus grande base américaine de sous-marins nucléaires. Même à Bucarest, le ministère des Affaires étrangères a annoncé, lundi, qu’un diplomate russe serait déclaré indésirable et expulsé de Roumanie. Le ministre Teodor Melescanu a expliqué qu’un signe de solidarité était nécessaire, surtout dans le contexte du Brexit, pour prouver que l’Union européenne continue de souhaiter une relation très étroite avec Londres dans les domaines de la défense et de la sécurité, même après la sortie de ce pays du bloc communautaire.
La décision de la Roumanie est, peut-être, « la manifestation de la folie collective » – a commenté l’ambassade de Russie à Bucarest. Ultérieurement, la situation a pris de nouvelles proportions : Moscou a promis des représailles identiques pour tous les pays qui ont choisi de l’affronter. (Trad. : Ioana Stancescu et Ligia Mihaiescu)