La semaine du 11 au 16 décembre 2017
Dernier hommage au roi Michel I
Roxana Vasile, 17.12.2017, 12:31
Dernier hommage au roi Michel I
Le Roi Michel 1er de Roumanie a regagné pour la dernière fois le pays qu’il a tant aimé et où il restera pour toujours. Monté sur le trône à seulement 6 ans, le quatrième souverain de Roumanie a eu une triste destinée. Obligé par les communistes à abdiquer en 1947, il s’est exilé en Occident. Ce n’est qu’après la révolution de 1989 qu’il est rentré au pays, mais son retour n’a pas été sans embûches. Le monarque déchu a travaillé et vécu loin du pays, sans jamais oublier son statut d’étranger dans un pays étranger. Ce dernier voyage en Roumanie du souverain établi et mort en Suisse marque donc la fin d’un long exil. Le cercueil avec la dépouille mortelle du roi Michel Ier a été déposé, dans la Salle du trône du Palais royal de Bucarest, où les Roumains peuvent venir lui rendre un dernier hommage.
Le roi Michel a été inhumé le samedi 16 décembre, dans la nécropole royale de Curtea de Arges, dans le sud de la Roumanie. Bien que suite à la chute du communisme, les voix à réclamer un retour à la monarchie aient été peu nombreuses, ces derniers jours les Roumains ont déploré à l’unisson la mort de leur roi. Face au nombre impressionnant de personnes venues rendre un dernier hommage à Michel I, la famille royale s’est vu obliger à faire des changements importants dans le programme des funérailles. Des couronnes de fleurs, des chandelles et des messages ont été déposés à l’extérieur du Palais royal de Bucarest. « Le bon Dieu lui a fait don d’une longue vie, mais il n’a pas eu la chance de se faire respecter par son peuple qu’il a tant aimé » ; « Le jour de son abdication, j’ai fondu en larmes. Je n’avais que 11 ans à l’époque et je me souviens avoir écrit sur un bout de papier pourquoi voulez-vous vous emparer de notre roi ? » « C’est un de ces moments où il convient de faire la preuve de notre respect envers notre histoire ». Ramené mercredi en Roumanie, le cercueil a été déposé pendant quelques heures au Château de Peleş, à Sinaia (sud) avant de gagner Bucarest. Là, des officiels de Bucarest et de la République de Moldova ainsi que des représentants du corps diplomatique ont présenté leurs condoléances.
A évoquer la personnalité de l’ancien souverain, Dinu Zamfirescu, fondateur de l’Institut de la Mémoire de l’Exile roumain a déclaré au micro de Radio Roumanie : « Nous perdons un héros, un modèle de dignité humaine et royale. Je pense que la Roumanie a besoin de telles gens, mais malheureusement ils y sont plutôt rares en ce moment. Toutes les fois que je l’ai rencontré à l’étranger, j’ai remarqué son intérêt pour la Roumanie, pour les Roumains, pour ce qui se pasait dans le pays. Il ressentait une responsabilité particulière et se demandait ce qu’il pourrait faire pour aider le pays. »
Les autorités roumaines ont décrété trois jours de deuil national les 14,15 et 16 décembre. Les drapeaux ont été mis en berne et les institutions de culture ont adapté leurs programmes.
La Chambre des députés a adopté les lois de la Justice
La mort du dernier souverain roumain a mis dans un coin d’ombre l’immense scandal provoqué par la modification des lois de la Justice. N’empêche: la Chambre des députés du parlement de Bucarest a adopté mercredi les projets de modification des lois de la justice concernant l’organisation du domaine judiciaire et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Le premier projet de loi prévoit, entre autres, la création d’une section spéciale pour enquêter les infractions commises par les magistrats et la possibilité que les solutions des procureurs soient infirmées par la hiérarchie si elle les considère illégales ou infondées. Aux dires de l’opposition, la future section d’enquête se veut un instrument de pression à l’adresse des procureurs et magistrats. Le second projet de loi concernant le CSM mentionne que l’Inspection judiciaire restera au sein du Conseil et ne deviendra pas autonome, comme l’avait proposé dans un premier temps la majorité Parti Social-Démocrate – Alliance de Libéraux et des Démocrates.
Les deux textes réglementaires seront soumis au Sénat, qui a le pouvoir décisionnel et qui examine déjà en procédure d’urgence le projet de statut des magistrats. Celui-ci prévoit la mise en place d’un contrôle hiérarchique des procureurs, y compris par le ministre de la Justice. Présent à Bruxelles, au sommet européen dhiver, le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis a, une fois de plus, fait part de son scepticisme vis-à-vis des lois de la Justice: « Je me suis montré sceptique dès le début face à tous ces changements que je considères trop vastes et trop rapides. Tout ce que je peux faire moi c’est d’inviter le Parlement à s’y attaquer responsablement, vu les effets à long terme de toutes ces modifications. »
Le budget de l’Etat sur la table du Parlement
Et puis toujours dans le courant de cette dernière semaine, le projet du budget de l’Etat pour 2018 a été soumis au Parlement. La construction budgétaire se fonde sur une croissance économique de 5,5%, un taux annuel d’inflation de 3,1%, un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB et un salaire moyen mensuel de quelque 570 euros. Le budget prévoit des enveloppes majorées pour des domaines clé, à savoir l’éducation, la santé, l’agriculture et les investissements. Le gouvernement a également prévu des ressources pour majorer le salaire minimum et les retraites. Le projet de budget est contesté par l’opposition, qui considère que les recettes sont surévaluées. Le Parlement devrait donner son vote le 21 décembre.