La semaine du 12 au 17 juin 2017
Crise politique à Bucarest
Roxana Vasile, 17.06.2017, 13:47
Crise politique à Bucarest
La scène politique roumaine traverse ces jours-ci une crise sans précédent pour ses presque 3 décennies de démocratie post-communiste. Investis il y a 6 mois, le premier ministre Sorin Grindeanu et son cabinet viennent de perdre le soutien de la coalition au pouvoir en Roumanie, à savoir le Parti Social-Démocrate (PSD) et l’Alliance des Libéraux et des Démocrates (ALDE). Votée par les directions des deux partis, la décision a été doublée par la démission de la plupart de l’équipe de l’Exécutif. Le leader du PSD, Liviu Dragnea, s’est déclaré mécontent de l’activité de plusieurs ministres, car 60% des mesures figurant au programme de gouvernance n’ont pas été mises en œuvre, estime-t-il.
Liviu Dragnea: « Le PSD est prêt, aux côtés de l’Alliance des Libéraux et des Démocrates, à former un nouveau gouvernement, avec une feuille de route mieux structurée, qui comportera les actions et les mesures nécessaire pour récupérer les délais enregistrés. A continuer la gouvernance actuelle, avec ou sans Sorin Grindeanu en tant que premier ministre, le programme de gouvernance risquait, d’ici trois mois, de devenir un document impossible à mettre en œuvre en Roumanie ».
Le coup de théâtre est toutefois venu de la part du premier ministre, Sorin Grindeanu: « Je ne démissionne pas ! Et je vous dirai pourquoi. J’ai l’obligation d’avoir un comportement responsable face à la Roumanie et face au parti dont je suis membre. Ce gouvernement est le gouvernement de la Romanie et non pas le gouvernement du Comité exécutif. Je crois que nous devons tous nous en sentir responsables ! Moi, je le suis ! ».
M Grindeanu a précisé qu’il ne renoncerait à ses fonctions que si le chef de l’Etat, nomme un nouveau premier ministre social-démocrate, après avoir consulté les formations politiques.
Dans ce contexte, le PSD a annoncé l’exclusion de Sorin Grindeanu des rangs des sociaux-démocrates et sa décision de déposer lundi une motion de censure, soutenue par ALDE, contre son propre gouvernement – comme seule solution possible pour limoger le premier ministre, après son refus de démissionner.
Cependant, par la voix de sa porte-parole, Mădălina Dobrovolschi, le président, Klaus Iohannis a demandé aux deux partis de la coalition au pouvoir de résoudre la crise intérieure suite à laquelle elle avait retiré son soutien politique au cabinet Grindeanu. Mădălina Dobrovolschi: « Le président exige la solution urgente de la crise au sein de la coalition au pouvoir pour éviter l’instabilité politique. La solution de la crise à l’intérieur de la coalition incombe uniquement aux partis dont elle est constituée. »
Dans l’opposition, les libéraux ont déclaré qu’ils décideraient de leur réaction après la solution constitutionnelle de la crise politique au sein de la coalition au pouvoir. L’Union Sauvez la Roumanie (USR) a demandé des élections anticipées. Le Parti du Mouvement Populaire (PMP) estime, lui, que les sociaux-démocrates doivent assumer l’échec du gouvernement.
Le dossier de la descente des mineurs sur Bucarest en juin 1990
Partiellement éclipsé par la crise politique en déroulement, le dossier de la descente des mineurs sur Bucarest du 13 au 15 juin 1990, revient dans l’attention publique. La Roumanie a commémoré en début de semaine les 27 ans écoulés depuis la descente des mineurs, qui a mis fin à une ample manifestation contre le pouvoir de gauche installé après la chute de la dictature communiste en décembre 1989. En même temps, mardi, 14 personnes ont été déférées à la Justice dans le dossier appelé de la « minériade », accusés de crimes contre l’humanité. Parmi elles : l’ancien président de gauche Ion Iliescu, l’ancien premier ministre Petre Roman, l’ancien vice premier ministre Gelu Voican Voiculescu, ou encore l’ancien leader syndical des mineurs du bassin carbonifère de la Vallée du Jiu (centre-ouest), Miron Cozma.
Rappelons-le, sur toile de fond d’échauffourées à Bucarest, que les forces de l’ordre avaient déjà réussi à contrôler, le président de l’époque, Ion Iliescu, avait invoqué une tentative de putsch de l’extrême droite et demandé à la population de défendre les institutions démocratiques. La descente des mineurs de la Vallée du Jiu à Bucarest, où ils ont attaqué l’Université, les sièges des partis d’opposition et les rédactions des quotidiens indépendants, s’est soldée par quatre décès officiellement enregistrés, des centaines de blessés et un million de personnes arrêtés abusivement. L’image de la Roumanie à l’étranger a été affectée par les violences de juin ’90. Dans le réquisitoire des procureurs militaires qui ont investigué les événements, il est stipulé que des forces du ministère de la Défense et de l’Intérieur ainsi que du Service roumain de renseignement, plus 10.000 mineurs et autres ouvriers y ont été illégalement impliqués. De même, le président de l’époque, Ion Iliescu, aurait ordonné que les militaires soient dotés d’armes et de munitions de guerre pour lutter contre les civils, lit-on dans le même document.
Nouvelles majorations salariales
En attendant la loi des salaires dans le secteur public, en train d’être promulguée, plusieurs catégories de personnels payés par l’Etat et qui n’avaient pas bénéficié depuis longtemps d’une majoration salariale, se verront accorder des augmentations. Les revenus du personnel des bibliothèques nationales, des salariés des ministères de l’Agriculture et de la Culture et de certains personnels de santé, des cadres militaires actives et du personnel civil du ministère de la Défense font l’objet d’un projet de loi adopté mardi par la Chambre des Députés. Selon les statistiques, depuis un an, le salaire que touchent les employés roumains a augmenté en moyenne de 13,4%. Le salaire moyen net se montait en avril dernier à 2.366 lei (soit 520 euros).
Le festival international du théâtre de Sibiu
Le rideau tombera ce dimanche sur le Festival international du théâtre de Sibiu, dans le centre de la Roumanie. 10 jours durant, des milliers de spectateurs ont eu l’occasion de suivre les plus de 500 spectacles et évènements à l’affiche du festival. La ville de Sibiu, mais aussi une partie du département homonyme ont accueilli des spectacles présentés par pas moins de 3 mille artistes Une des attractions, c’était la présence du célèbre danseur Mikhaïl Baryshnikov, qui a présenté un one-man show fondé sur les poésies de Joseph Brodski – lauréat du Prix Nobel. L’artiste s’est déclaré impressionné par le Festival de théâtre de Sibiu.