La semaine du 8 au 13 juin 2015
Le premier ministre Victor Ponta, à la merci du Parlement
Roxana Vasile, 13.06.2015, 16:09
Le premier ministre Victor Ponta, à la merci du Parlement
Accusé de conflit d’intérêts durant son mandat, le premier ministre social – démocrate roumain Victor Ponta a gardé l’immunité dont il bénéficie en tant que parlementaire. Le plénum de la Chambre des députés a rejeté mardi la demande du Parquet national anti-corruption visant le lancement de poursuites pénales à son encontre, après le geste similaire, la veille, de la Commission juridique de la même Chambre. Le Parquet national anti-corruption a toutefois entamé des poursuites pénales contre le chef du cabinet pour trois autres infractions qui auraient été commises alors qu’il était avocat. Le premier ministre est accusé de faux en écriture sous seing privé, de complicité d’évasion fiscale de forme continue, et de blanchiment d’argent, dans un dossier qui concerne son ancien ministre des Transports, le sénateur social-démocrate Dan Şova. Victor Ponta devient ainsi le premier chef de gouvernement en exercice de la Roumanie post-communiste à faire l’objet de poursuites judiciaires. Ceci étant, le président du pays, Klaus Iohannis, a exigé sa démission. Le chef du gouvernement a répondu, sur sa page Facebook, qu’il n’allait pas démissionner, car il avait été nommé par le Parlement, le seul en mesure de le destituer. En outre, dans un communiqué transmis aux partenaires et à la presse de l’étranger, le premier ministre roumain soutient qu’il s’agit d’un dossier monté de toutes pièces, dont le but serait de renverser le gouvernement en place.
Le cabinet Ponta et la motion de censure
Si le chef du cabinet ne démissionne pas, la démission du gouvernement par motion de censure peut être une solution pour que la Roumanie sorte de la situation difficile où elle se retrouve à présent, a affirmé la co-présidente du PNL, Alina Gorghiu. Par conséquent, l’opposition libérale a déposé au Parlement un tel document, censé destituer l’Exécutif en place. Comme attendu, vu les calculs arithmétiques élémentaires, mais aussi les manœuvres politiques, la motion de censure a été rejetée vendredi. Restent, pourtant, ses thèmes : la mauvaise organisation à l’étranger du scrutin présidentiel de novembre 2014, lorsque des milliers de ressortissants roumains, majoritairement et traditionnellement de droite, n’ont pas réussi à voter et la non-adoption de la loi sur le vote par correspondance, qui aurait pu prévenir des situations similaires. Le cabinet demeure, mais son ministre des Transports, Ioan Rus, a présenté sa démission, après les propos insultants qu’il avait tenus, lors d’un entretien télévisé, à l’égard des Roumains partis travailler à l’étranger. Le premier ministre Victor Ponta a précisé qu’il allait discuter la semaine prochaine du pourvoi du poste devenu ainsi vacant. Notons enfin qu’à Chisinau, le premier ministre moldave, Chiril Gaburici, soupçonné d’avoir falsifié son diplôme de baccalauréat, a lui aussi démissioné.
La Roumanie et sa stratégie de défense
« Une Roumanie forte en Europe et dans le monde ». C’est le titre de la Stratégie nationale de défense de la Roumanie, que le Conseil suprême de défense du pays a décidé de soumettre au vote du Parlement. Mardi, à l’issue de la séance du Conseil, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a déclaré qu’une des principales nouveautés qu’apporte la Stratégie nationale de défense de la Roumanie était le concept de sécurité élargie. Selon le président, la sécurité nationale n’est pas considérée uniquement sous l’aspect de la défense. Elle prend aussi en compte les éléments relevant des domaines à impact sur la sécurité nationale, à savoir l’ordre public, l’économie, l’infrastructure, l’éducation, la santé, l’environnement, la culture. Dans cette ample construction, le partenariat stratégique avec les Etats-Unis, ainsi que l’appartenance à l’OTAN et à l’UE sont à nouveau évoqués en tant que piliers de la politique étrangère et de la sécurité. Bucarest envisage d’ailleurs de plaider, à l’occasion du Conseil européen de juin, en faveur du lancement du processus d’élaboration d’une nouvelle stratégie communautaire pour la sécurité. Sur le plan national, la Roumanie poursuivra la restructuration et la modernisation de son armée, ainsi que le programme de dotation jusqu’en 2027.
Vote pour soutenir les médecins
Le Sénat de Bucarest a approuvé cette semaine le projet de loi qui permet au personnel médical des hôpitaux publics de compléter ses revenus par des activités privées déroulées dans les unités où il travaille. Le document doit être débattu par la Commission Santé de la Chambre des députés, avant de recevoir le vote décisif dans le plénum. Le ministère de la Santé espère ainsi diminuer l’exode des médecins roumains à l’étranger et améliorer la qualité des services offerts par les hôpitaux roumains. Notons que plus de 2000 médecins ont quitté la Roumanie ces dernières années en raison des salaires trop bas. Prévisions économiques optimistes La Banque Mondiale a révisé ses prévisions de croissance économique globale pour cette année, à 2,8%, soit une baisse de 0,2% par rapport aux estimations de janvier. Pour la Roumanie, l’institution financière table sur une croissance au-dessus de cette moyenne, à savoir de 3% en 2015, 3,2% en 2016 et de 3,5% en 2017. Par ailleurs, la Roumanie et la République Tchèque ont connu durant le premier trimestre de l’année en cours les taux de croissance économique les plus importants de l’UE, par rapport à la même période de l’année dernière. Selon Eurostat, les économies des deux pays ont été les seules à avoir enregistré une progression supérieure à 4%.
La sécheresse sévit déjà en Roumanie
Moteur important de l’économie roumaine, l’agriculture pourrait être confrontée à une sécheresse prolongée. Cela aurait des conséquences importantes sur la croissance économique du pays, mettent en garde les spécialistes, vu que le secteur contribue de 5 à 7% au PIB. L’été est là, mais les terres sont sèches et de nombreuses cultures sont déjà affectées. Les débits de plusieurs rivières ont considérablement baissé et les gens craignent une pénurie d’eau. A l’heure actuelle, les zones les plus touchées se trouvent dans le nord-est, l’est et le sud du pays, où les réserves utiles en eau du sol approchent le niveau de crise. Ce qui plus est, le système d’irrigations construit à l’époque communiste ne peut desservir que 10% des terres arables. (Trad. Mariana Tudose, Valentina Beleavski)