La semaine du 15 au 20 septembre 2014
La Roumanie et l’énergie
Florentin Căpitănescu, 20.09.2014, 13:19
La Roumanie et l’énergie
La Roumanie s’est retrouvée cette semaine victime de la réduction des livraisons de gaz russe, suite à la décision unilatéralement mise en place par Moscou et sans aucune annonce préalable. La Roumanie n’a pas à s’inquiéter du niveau de cette baisse. Néanmoins, tout comme d’autres pays européens qui en ont subi le coup cette semaine, tels l’Autriche, la Pologne ou la Slovaquie, elle craint que Moscou ne s’exerce, en fait, à une pratique qu’elle envisagerait d’utiliser comme arme énergétique, pendant la saison froide. Le ministre roumain délégué à l’énergie, Răzvan Nicolescu, a assuré que la population n’aurait pas à souffrir en hiver, quelle que puisse être la politique russe en matière d’énergie, un secteur sensible pour la quasi-totalité de l’Europe.
Dans ce contexte d’incertitude, la Chambre des Députés de Bucarest a adopté un projet législatif censé modifier et compléter la loi de l’énergie électrique et du gaz naturel et celle du pétrole. Une des principales modifications consiste dans le report de deux ans et demi de la libéralisation du prix du gaz, alors que l’échéance convenue avec les bailleurs de fonds internationaux, le FMI, la Commission européenne et la Banque Mondiale était le 31 décembre 2018.
Selon le premier ministre roumain Victor Ponta, cette décision a été prise aussi parce que la population ne pourrait pas faire face à la majoration du prix du gaz, en l’absence d’un soutien social de la part du gouvernement.
Par ailleurs, le cabinet de Bucarest tente de convaincre la compagnie Enel, producteur et distributeur italien d’électricité, de ne pas renoncer à la Roumanie. De l’avis des analystes économiques, la décision surprenante de la compagnie italienne de quitter le pays n’est pas motivée, surtout qu’Enel a obtenu des profits considérables sur le marché roumain de l’énergie. Ce qui plus est, vu que la compagnie italienne est considérée comme un des investisseurs stratégiques de Roumanie, son départ pourrait éloigner d’autres potentiels grands investisseurs étrangers, mettent en garde les spécialistes.
La réduction des contributions patronales à la sécurité sociale
Le projet de loi prévoyant la réduction de 5% des contributions de l’employeur à la sécurité sociale sera mis en place à partir du 1er octobre après sa promulgation par le chef de l’Etat, Traian Basescu. Bien qu’utile, le gouvernement n’aura pas les ressources nécessaires pour compenser le manque à gagner au budget de l’Etat, surtout en 2015, a estimé le président roumain. De l’avis de Traian Băsescu, la réduction de ces charges entraînera des pertes de 3,2 milliards d’euros au budget de la sécurité sociale. Or, pour les contrecarrer, le gouvernement sera tenu de majorer les taxes. En réplique, le gouvernement maintient son point de vue sur l’opportunité de diminuer les charges sociales patronales et sur ses effets bénéfiques: diminution de la pression fiscale sur les entrepreneurs et création de nouveaux emplois. L’opposition de centre-droit critique pour sa part le gouvernement pour avoir mal choisi le moment de la mise en place de ce projet de loi, deux mois avant le scrutin présidentiel, tandis que de l’avis des grandes confédérations syndicales, la mesure ne fait qu’arrondir les profits des compagnies, notamment des multinationales. Pour se voir mettre en place, le projet a besoin du feu vert des grands bailleurs de fonds. Un nouveau rond de négociations avec eux se déroule, cette semaine, en première, à Bruxelles.
La Roumanie soutient le rapprochement de l’Ukraine avec l’UE
Le ministère des Affaires Etrangères de Bucarest a salué la ratification simultanée par le Parlement Européen et celui de Kiev de l’Accord d’association Ukraine — UE. Selon le ministère roumain, le vote exprimé à Strasbourg et à Kiev confirme l’avancée du pays voisin sur la voie européenne. La diplomatie roumaine a également réitéré son soutien ferme du choix pro — européen formulé de manière libre par le peuple ukrainien, se déclarant persuadée que la ratification de l’Accord sera rapide. D’ailleurs, la Roumanie a été le premier Etat membre à avoir adopté les accords d’association avec l’UE de 3 anciennes républiques soviétiques, à savoir la République de Moldova, la Géorgie et l’Ukraine.
La réorganisation territoriale, selon l’UDMR
L’Union Démocratique des Magyars de Roumanie, une des formations au pouvoir à Bucarest, a présenté cette semaine un projet de réorganisation territoriale de la Roumanie, y compris selon des critères ethniques. Plus concrètement, les représentants des Magyars de Roumanie proposent la création officielle de la Contrée des Sicules, s’étalant sur 3 départements au centre du pays et ayant une population hongroise majoritaire. Le projet ne bénéficie pourtant pas du soutien des autres partis au pouvoir, dont notamment le Parti Social Démocrate, ni de l’opposition, tels que le Parti National Libéral et le Parti Démocrate Libéral. Les représentants des trois formations politiques mentionnées attirent l’attention sur le fait que cette démarche ne respecte pas la Constitution, rappelant que la Roumanie est considérée comme un exemple à suivre au niveau européen pour ce qui est du respect des droits des minorités ethniques. Pour sa part, le chef de l’UDMR, Kelemen Hunor, affirme qu’il n’est pas question de séparatisme dans la proposition de son parti.
Nouvelles inondations
De sévères inondations ont touché ces derniers jours 4 départements de l’ouest et du sud-ouest de la Roumanie, à savoir Timiş, Caraş — Severin, Gorj et Mehedinţi, causant plusieurs décès et d’importants dégâts matériels. Le gouvernement a approuvé des aides d’urgence pour les personnes concernées.
RadiRo, une nouvelle édition
Pour terminer, sachez qu’à Bucarest démarre en cette fin de semaine la 2e édition du Festival International des Orchestres de Radio, une manifestation unique en Europe. A part l’Orchestre National de la Radio roumaine, y participent ceux de Finlande, République Tchèque, Allemagne et France. Ce festival organisé par la Radiodiffusion Roumaine s’achèvera le 27 septembre. (Trad. Mariana Tudose, Ioana Stancescu, Valentina Beleavski)