La semaine du 17 au 22 mars 2014
Florentin Căpitănescu, 22.03.2014, 13:14
EV T Réactions roumaines au rattachement de la Crimée
Dans le contexte tout à fait exceptionnel de l’invasion russe de la Péninsule de Crimée, la classe politique de Bucarest a réagi dans un élan de solidarité rarissime. Fer de lance des critiques publiques adressées à la Russie, le chef de l’Etat roumain, Traian Băsescu, a désavoué l’amputation du territoire de l’Ukraine voisine. Il a accusé son homologue russe, Vladimir Poutine, de redessiner les frontières à l’intérieur de l’Europe, dans une tentative de refaire le puzzle de l’ex URSS. Le premier ministre roumain, Victor Ponta, a, quant à lui, espéré que l’Occident trouverait la riposte adéquate à l’intervention militaire russe, étant donné le risque qu’il entrevoit que Moscou ne se contente pas de l’annexion de la Crimée.
Pour sa part, la diplomatie de Bucarest craint que cette annexion n’annule les efforts de pacification menés, plusieurs décennies durant, par tous les pays d’Europe. Elle a réaffirmé que le rattachement à la Fédération de Russie de la région sécessionniste de Crimée est un acte illégitime, une violation de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Bien qu’elle manque des leviers décisionnels, l’opposition de Bucarest a elle aussi exprimé son point de vue à ce sujet. Les deux principaux partis d’opposition, à savoir le PNL et le PDL, soulignent la nécessité que la Roumanie agisse de concert avec ses alliés de l’UE et de l’OTAN. Lors du récent sommet des 28, où la Roumanie a été représentée par son président, Traian Basescu, les leaders européens ont ajouté de nouveaux noms à la liste des officiels russes frappés de sanctions.
La Roumanie soutient l’adhésion de la République de Moldova à l’UE
Dans un contexte régional controversé, les présidents de la Roumanie, Traian Basescu, et de la République de Moldova, Nicolae Timofti, se sont entretenus cette semaine à Iasi, ville de l’est de la Roumanie. Des pourparlers non seulement nécessaires, mais aussi impératifs. A cette occasion, Traian Basescu s’est dit déçu par le fait qu’en dépit des accords d’association et de libre échange avec l’espace communautaire paraphés en novembre 2013, la République de Moldova ne s’ait pas fixé d’horizon de temps pour devenir membre de l’UE, en fonction de l’évolution des réformes mises en œuvre. D’ailleurs, de l’avis du président Basescu, une perspective d’adhésion ferme de la Moldova et de la Géorgie devrait être une priorité absolue de l’UE. Lors de la rencontre, le président moldave s’est dit préoccupé par l’éventualité que les ambitions expansionnistes de Moscou ne se limitent pas à l’annexion de la Crimée et que la Russie puisse avoir des prétentions similaires dans le cas de la Transnistrie, région séparatiste pro-russe sur le territoire de la république de Moldova. Vu le précédent créé par la Crimée, le président de la République de Moldova, Nicolae Timofti, a laissé entendre que son pays avait besoin des garanties de sécurité liées à son appartenance à l’espace communautaire. Ces dernières années, après l’arrivée au pouvoir à Chisinau d’une coalition pro-européenne, la Roumanie accompagne la Moldova dans ses efforts d’adhésion à l’UE. Le parcours est cependant parsemé d’obstacles plantés directement par la Russie ou indirectement par son représentant en territoire moldave, le Parti communiste de Chisinau.
Evaluation pour Schengen
Le dernier rapport du Mécanisme de Coopération et Vérification, par lequel la Commission européenne surveille le parcours de la justice en Roumanie et en Bulgarie, a été approuvé cette semaine par le Conseil Affaires Générales de Bruxelles. A cette occasion, le Conseil a salué plusieurs conclusions du rapport de janvier, notamment les bilans positifs d’importantes institutions judiciaires, telles que le Parquet national anticorruption et l’Agence nationale d’intégrité. La position du Conseil est très importante pour la Roumanie, vu que son adhésion à l’espace Schengen reste conditionnée par une bonne évolution de la justice. La Roumanie affirme remplir la totalité des conditions techniques de l’intégration à l’espace de libre circulation et réclame le fait que son adhésion soit conditionnée par le Mécanisme de Coopération et Vérification, une connexion qu’elle juge inadéquate.
La justice ouvre de nouveaux dossiers avec des personnages lourds
Le déluge d’enquêtes, d’arrestations, de procès et de jugements — dont beaucoup de condamnations à des peines de prison ferme — que la justice a déchaîné sur certaines célébrités nationales ou locales a continué cette semaine aussi. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Roumanie, Mihail Vlasov, a été placé en détention provisoire dans une affaire où il est accusé de trafic d’influence. Selon les procureurs du Parquet national anticorruption — qui assure la lutte contre ce phénomène devenu endémique dans l’administration roumaine – Vlasov a été pris en flagrant délit. Il touchait 200.000 euros pour intervenir dans un litige à la Cour d’arbitrage. C’était une première tranche d’un million d’euros, montant qu’il aurait dû recevoir de son dénonciateur pour faire pencher la balance en sa faveur à la Cour d’arbitrage où sa fille est première vice présidente. A son tour, le président du Conseil départemental de Constanţa (sud-est), Nicuşor Constantinescu, est sous enquête au même Parquet, pour une vingtaine d’infractions d’abus de pouvoir. (trad. Mariana Tudose, Ileana Taroi, Valentina Beleavski, Ligia Mihaiescu)