Nouveau déploiement de troupes roumaines au Kosovo
Les autorités de Bucarest annoncent qu'elles augmenteraient leur contribution à la force de maintien de la paix au Kosovo.
Bogdan Matei, 05.10.2023, 11:56
La Roumanie va déployer prochainement une compagnie d’infanterie, qui fait partie de sa réserve stratégique dans le cadre de la mission de l’OTAN au Kosovo, a fait savoir le ministère de la défense de Bucarest. Cette décision s’inscrit dans les efforts du Conseil de l’Atlantique Nord de renforcer les forces déjà déployées sur le terrain pour gérer la situation actuelle dans les Balkans de l’ouest. La Roumanie s’est engagée en tant que membre de l’OTAN et de l’UE de contribuer avec des forces et avec des moyens militaires aux efforts de maintien d’un milieu stable de sécurité dans la région des Balkans, connue historiquement comme « la poudrière de l’Europe ». Aux côtés de l’Espagne, de la Grèce, de Chypre et de la Slovaquie, la Roumanie est un des cinq Etats membres de l’UE à ne pas reconnaitre l’Etat kosovare et ses troupes s’y trouvent sous mandat international pour préserver une paix fragile entre les communautés serbe et albanaise. A présent la Roumanie compte 330 militaires déployés sur des théâtres d’opérations des Balkans de l’ouest, dont 250 en Bosnie Herzégovine et 80 au Kosovo.
Les tensions au Kosovo se sont amplifiées à nouveau, après plusieurs années d’accalmie. Fin septembre, un gang paramilitaire composé de plusieurs dizaines d’hommes a tué un policier kosovare albanais et blessé un autre près du village de Banka, dans le nord de la province. Trois membres de ce commando, constitué de serbes kosovares ont été ensuite tués durant une opération lancée par les forces spéciales de la police kosovare. Le déploiement des troupes serbes à la frontière du Kosovo fait penser aux actions de la Russie envers l’Ukraine, juste avant son invasion – a affirmé la ministre kosovare des Affaires Etrangères, Donika Gervalla-Schwarz. Selon elle « il n’y a jamais eu une telle concentration de troupes au cours des dernières années » et « l’armement dont ils disposent, tous les chars nous créent une mauvaise sensation parce que nous ne savons pas comment va répondre la communauté internationale ». Mme Gervalla-Schwarz a demandé à l’Union européenne d’adopter des mesures contre la Serbie, notamment de geler son statut de pays candidat à l’adhésion.
La semaine dernière, les Etats Unis avaient déjà constaté une concentration inquiétante de l’armée serbe le long de la frontière avec le Kosovo. Et ce fut également la semaine dernière que le président serbe, Aleksandar Vucic a déclaré qu’il ne comptait pas ordonner à ses troupes de traverser la frontière avec l’ex-province serbe, dont la majorité de la population est albanaise et qui a proclamé son indépendance face à Belgrade en 2008. Une escalade du conflit serait nuisible aux aspirations de la Serbie d’adhérer à l’UE affirme M Vucic. Ensuite ce fut le commandant de l’armée serbe, le général Milan Moisilovic à déclarer avoir ordonné le retrait de la moitié des plus de 8 mille militaires déployés à la frontière. (Bogdan Matei)