Les éleveurs laitiers en danger
Daniela Budu, 15.03.2023, 11:42
Une enquête menée par Ziarul financier, le Magasine
financier, relève que la Roumanie affiche le prix du lait de consommation le
plus élevé d’Europe. Concrètement, en Roumanie, un litre de lait coûte 1 euro
et 45 centimes, tandis qu’en France ou en Belgique, on le trouve à 1 euro 19 centimes
et en Pologne, à 76 centimes d’euros. La même publication rappelle que le salaire
moyen net des Roumains est de quelque 900 euros, deux fois inférieur à celui d’un
Français, d’un Espagnol ou d’un Belge. En Pologne, par exemple, qui s’enorgueillit
du développement économique le plus significatif en Europe centrale et de l’est
et où le salaire moyen net est de 1100 euros, un litre de lait coûte de 50% de
moins qu’en Roumanie. A l’heure où l’on parle, les Roumains paient pour un
litre de lait un prix deux fois plus grand que celui d’il y a deux ou trois
ans. Disons aussi qu’en 2021, les fermes
de vaches laitières de Roumanie ont obtenu la production la moins significative
de ces dix dernières années : 41,7 hectolitres. En revanche, les
importations ont été à la hausse. Selon les données officielles, la Roumanie a
importé en 2021, du lait et de la crème fraîche d’une valeur de plus de 100
millions d’euros, soit le double par rapport aux années 2010.
A l’heure où l’on parle, de plus en plus d’éleveurs
laitiers risquent de faire faillite, sous la pression des importations de lait
bon marché et de la majoration du prix dans les supermarchés. Selon l’Institut
national de la Statistique, cette dernière année, dans le rayon des produits
laitiers, les prix ont augmenté de plus de 30% et le beurre, de presque 45%. Tout
cela dans le contexte où le prix d’un litre de lait roumain a diminué de 30%
ces deux derniers mois, a précisé Iacob Boca, à la tête du Comité directeur de la
Filiale de Mures de la Fédération des Eleveurs de vaches de Roumanie. Les
fermiers sont désespérés, déplore-t-il.
Iacob Boca: Il y a des régions dans le département de
Mures et ailleurs, en Roumanie, où un litre de lait cru est vendu pour 28 ou 30
ou 34 centimes d’euros. Alors, aux insistances de mes collègues désespérés, on
a décidé de passer en revue nos alternatives : vendre nos vaches, cumuler
les pertes ou nous adresser au ministre de l’Agriculture, au premier-ministre
ou au chef de l’Etat pour leur dire que nous sommes sur le point de cesser nos
activités ».
Selon Iacob Boca, la Roumanie importe son lait, en
laissant ses producteurs avec des centaines de milliers de litres qu’ils
jettent à la poubelle. C’est la raison pour laquelle ceux-ci s’apprêtent à avancer
une demande sur la table des autorités pour réclamer la mise en place d’une loi
de protection de la production autochtone. Iacob Boca affirme :
« Les éleveurs ont des crédits à rembourser, des
mensualités à payer, ils doivent rémunérer leurs salariés, ils sont vraiment au
bord du désespoir et ils finiront par accepter de vendre leur lait pour 30 ou
28 centimes d’euros, tout simplement pour pouvoir tenir bon encore un mois ou
deux, le temps que le printemps s’installe et que les vaches en profitent »
Les producteurs de lait roumains annoncent des
protestations dans les semaines à venir à travers toute la Roumanie pour
dénoncer leurs mécontentements.