Commentaires et réactions au sujet de
Alex Diaconescu, 10.12.2022, 16:47
« Un festival de mensonges et de
propagande », c’est le titre de l’éditorial signé par Dan
Tapalaga dans G4media qui affirme que l’Unité de l’UE est, certes, un beau
slogan, mais certains Etats suivent avec férocité leur propre intérêt. Tout en
condamnant la décision de l’Autriche et démontant les arguments de celle-ci,
Dan Tapalaga rappelle que le respect des critères techniques constitue la
moitié de vérité puisque la corruption, l’incompétence et le chaos ne sont pas
disparues du jour au lendemain des
douanes roumaines. Ces phénomènes ont été omis des rapports rédigés par les
experts Bruxelles suite à des arrangements politiques. L’UE se construit avec
un peu plus d’honnêteté politique.
Les
correspondants du quotidien Libertatea ont refait le film des prises de
positions qui ont eu lieu jeudi dernier à Bruxelles durant la réunion Justice
et Affaires Intérieures. L’échec Schengen a commencé dès le matin, lorsque la
rencontre entre le ministre roumain de l’intérieur, Lucian Bode avec son
homologue autrichien Gerhard Karner s’est avérée glaciale. Le responsable
roumain à produit des cartes et des chiffres, mais M Karner ne semblait pas être intéressé par
des arguments. La réponse a été toujours la même : « désolés mais c’est non » affirment les sources citées
par Libertatea. Pourtant, selon le même journal les responsables autrichiens
ont tenté de convaincre la Roumanie de ne pas soumettre au vote l’élargissement
de l’Espace Schengen à la Roumanie et la Bulgarie. Les participants à une
réunion en format restreint soit la Commission européenne, la présidence
tchèque du Conseil de l’UE, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Bulgarie
et la Roumanie ont évoqué plusieurs options dont remettre cette décision à
l’année prochaine, soumettre la Bulgarie à une procédure de monitoring de la
Justice ou bien découpler le tandem Roumanie – Bulgarie, autant de scénarios
rejetés en fin de compte. Dès le retour dans la salle, le représentant de la
Roumanie, le ministre Lucian Bode a demandé que la décision soit soumise au
vote. Ce qu’il faut retenir, selon les sources de Libertatea c’est la
possibilité d’un changement de la stratégie roumaine dans les efforts d’adhérer
à Schengen et d’un découplage de la Bulgarie.
Le
rejet de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen suite
au véto de l’Autriche et des Pays-Bas a produit de la frustration dans les deux
Etats du sud-est de l’Europe, commente aussi Ovidiu Nahoi dans un éditorial de
Newsweek. Mais les dégâts à long terme sont à retrouver
ailleurs, puisqu’en fin de compte la situation des Roumains et des
Bulgares ne va pas s’empirer. Mais tel n’est pas le cas pour l’UE et surtout
pour l’Autriche. Ce vote constitue la rupture la plus grave au sein de l’UE
depuis le début de la guerre aux côtés de l’opposition de la Hongrie à l’aide
de 18 milliards d’euros offerte à l’Ukraine.
Le message issu de ce vote est justement le fait que l’UE est une entité
faible et que ses institutions ne valent pas grand chose devant la volonté
souveraine de certains leaders politiques locaux. En fin de compte, le grand
perdant du 8 décembre est l’Autriche, qui se positionne aux côtés de la Hongrie
parmi les Etats-problème de l’UE, et un partenaire peu fiable à la table des
négociations européennes. Et pas dernièrement, « l’Autriche a détruit à
long terme sa réputation en Roumanie », où ses intérêts d’affaires sont
très importants, note Ovidiu Nahoi dans Newsweek.
En
appels au boycotte des produits et entreprises autrichiennes présentes en
Roumanie se multiplient sur les réseaux sociaux. Même le ministre roumain du
tourisme Daniel Cadariu a exhorté les Roumains à ne plus aller faire du ski en
Autriche, selon Hotnews.ro. « A bas
l’escalope panée ! » c’est le titre du commentaire signé par le
professeur de sciences politiques Cristian Preda dans la revue 22 qui commente
justement ce genre de réaction. L’échec de la campagne pour Schengen ne devrait
pas nous fâcher trop. Il nous a permis d’apprendre de choses nouvelles sur nous
et sur les autres européens. Selon Cristian Preda, un eurodéputé roumain a
demandé que les sociétés autrichiennes présentes en Roumanie soient durement
vérifiées par le fisc suggérant qu’elles seraient toutes impliquées dans des
magouilles. S’y ajoute un entrepreneur qui produit des charcuteries qui a
promis de ne plus signer des contrats avec des sociétés à l’actionnariat
autrichien. Enfin la mobilisation des citoyens sur Facebook a été
impressionnante : avec des appels aux orchestres roumaines à ne plus jouer
du Mozart ou aux travailleurs roumains en Autriche de prendre un mois de congé
afin de provoquer la faillite de l’économie de ce pays. Suite à cet échec
conclut Cristian Preda, « les Roumains restent avec une haine envers
d’autres européens, une haine alimentée par le préjugé que nous méritons
beaucoup sans trop d’efforts de notre part ».