Des manifestations contre les flambées des prix
Depuis plus de trois décennies de démocratie roumaine, l’automne est la saison préférée des protestations sociales. L’approche de l’hiver, qui, comme d’habitude en Roumanie, semble surprendre les autorités, amplifie les craintes et les mécontentements. De toute façon, les Roumains avaient les pensions et les salaires les plus bas parmi tous les citoyens de l’Union Européenne. L’inflation a fortement grevé leur pouvoir d’achat, avec un taux annuel de plus de 15%. Des produits alimentaires aux services et de l’électroménager aux médicaments, tout est devenu plus cher. Les experts expliquent que la spirale des prix a été générée notamment par la flambée du prix de l’énergie. Manquant de cohérence, les mesures censées compenser ou plafonner les prix de l’énergie ne semblent pas avoir convaincu une population de plus en plus effrayée par les factures colossales qu’elle recevra durant les mois d’hiver.
Bogdan Matei, 18.10.2022, 14:04
Depuis plus de trois décennies de démocratie roumaine, l’automne est la saison préférée des protestations sociales. L’approche de l’hiver, qui, comme d’habitude en Roumanie, semble surprendre les autorités, amplifie les craintes et les mécontentements. De toute façon, les Roumains avaient les pensions et les salaires les plus bas parmi tous les citoyens de l’Union Européenne. L’inflation a fortement grevé leur pouvoir d’achat, avec un taux annuel de plus de 15%. Des produits alimentaires aux services et de l’électroménager aux médicaments, tout est devenu plus cher. Les experts expliquent que la spirale des prix a été générée notamment par la flambée du prix de l’énergie. Manquant de cohérence, les mesures censées compenser ou plafonner les prix de l’énergie ne semblent pas avoir convaincu une population de plus en plus effrayée par les factures colossales qu’elle recevra durant les mois d’hiver.
Une première manifestation, animée par les dirigeants de plusieurs syndicats appartenant au Cartel Alfa, a eu lieu lundi à Zalău, dans le nord-ouest du pays. Les organisateurs ont voulu attirer l’attention sur la majoration des coûts de l’énergie, qui touche les entreprises, les institutions et surtout la population. Les syndicalistes affirment que ce n’est que le début de la caravane « Marche anti-pauvreté », qui traversera tout le pays pour arriver à Bucarest, où un rassemblement d’envergure est prévu le 20 octobre. « Maintenant il n’y a aucune stratégie économique pour que la Roumanie passe cet hiver » – accuse un syndicaliste. Au sud de Zalău, des membres de la confédération Cartel Alfa ont également protesté devant le siège de la centrale thermique de Mintia, demandant l’augmentation des salaires et des pensions, la fin de hausses des prix et la modification de la loi concernant le dialogue social.
« Nous voulons attirer l’attention du gouvernement roumain sur la crise énergétique qui s’aggrave de plus en plus et appauvrit la population. Nous exigeons l’augmentation des salaires, l’arrêt de la flambée des prix de l’énergie et le redémarrage des capacités de production d’électricité au charbon », a expliqué le président de la branche départementale de Hunedoara du cartel Alfa, Cristian Iştoc. Selon lui, ce n’est pas par hasard que la centrale thermique de Mintia a été choisie comme lieu de la manifestation, car l’unité de production a été fermée en mars 2021, et, à partir de ce moment-là, le prix de l’énergie a augmenté de 10 fois.
« Maintenant nous utilisons une électricité plus chère qu’en Allemagne, mais nos salaires sont de trois à quatre fois plus bas que là-bas, ce qui n’est pas correct » – a souligné Cristian Iştoc. La nervosité de la société roumaine fait partie d’un courant européen beaucoup plus large. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Prague ou de Paris, de Londres ou de Budapest, pour protester contre la détérioration du niveau de vie, effet indirect, mais bien tangible de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes. (trad: Andra Juganaru)