L’inflation au plus haut niveau de ces dernières années
Daniela Budu, 12.05.2022, 12:21
Après
des taux d’inflation record affichés en avril dans plusieurs pays du monde,
voilà c’est au tour de la Roumanie de se confronter à une inflation de presque
14%, supérieure à toutes les prévisions de la Banque centrale. Un niveau record
pour ces 18 dernières années. Le gaz est en tête des produits qui dominent la
liste des majorations de prix, avec un rebond de 85% en avril dernier par
rapport à l’année précédente, suivi de l’huile et des pommes de terre, 40% plus
chers qu’en avril 2021. Viennent ensuite les carburants dont le tarif a connu
une majoration de 35%. La liste des hausses de prix se poursuit avec une
augmentation de 20% des tarifs du chauffage, du transport aérien, des services
de poste ou encore de canalisation et salubrité. Le prix des légumes frais ou
en boîte a également grimpé, tout comme celui du pain et des produits de
panification, frappant de plein fouet le pouvoir d’achat des Roumains.
Selon
les données de l’Institut national de la Statistique, cette dernière année,
tous les produits inclus dans le panier quotidien des Roumains ont vu leurs
prix augmenter. Seuls les tarifs des billets de train et des services de
téléphonie sont restés à peu près les mêmes. Selon la Banque centrale de
Roumanie, l’inflation continuera son avancée, dépassant les prévisions pour
cette année. La BNR estime ainsi que l’inflation sera toujours à deux chiffres
au premier trimestre de l’année prochaine, espérant qu’elle repasse en dessous
des 10% à partir de la deuxième moitié de 2023. Pour donner un coup de pouce à
l’économie roumaine, la Banque centrale a majoré le taux directeur, utilisé
pour fixer les taux d’intérêt des crédits et taux interbancaires. Selon la
Banque roumaine, même si les politiques monétaires s’avèrent impuissantes face
à la flambée des tarifs énergétiques, elles peuvent quand même lutter contre leur
impact sur le tableau général.
Le milieu des affaires de Roumanie tire la
sonnette d’alarme quant au risque d’une hyperinflation dans le contexte d’une
explosion des prix. Les raisons qui se cachent derrière cette évolution
inquiétante sont bien connues et ont toutes les chances de persister au moins
jusqu’en été. Selon les experts, c’est à partir de la seconde moitié de l’année
en cours que les effets de la majoration des prix sur les consommateurs
roumains deviendront visibles. Sous la pression des effets négatifs de la
guerre en Ukraine et suite aux sanctions contre la Russie, les tarifs
continueront à grimper.
Le gouvernement de Bucarest cherche donc des solutions
pour réduire la pression inflationniste sur la population. Il a ainsi approuvé
deux mesures figurant dans le Paquet de Soutien à la Roumanie. Il s’agit
d’abord d’un ticket social de 250 lei, soit 50 euros, accordé tous les deux
mois aux personnes à faibles revenus, accompagné ensuite d’une mesure
d’ajustement des prix sur les chantiers de Roumanie, mise en place grâce à des
fonds européens. Le gouvernement discute aussi d’une ordonnance d’urgence
censée permettre au Conseil de la Concurrence et de la Protection du
Consommateur d’intervenir rapidement là où l’on constate des majorations de prix
non justifiées, comme ce fut déjà le cas dernièrement.