Les effets post-état d’alerte
Bogdan Matei, 10.03.2022, 13:32
Les Roumains vont devoir se remettre des
traumatismes causés par l’épidémie de Covid-19, déjà éclipsés par les craintes liées
à la guerre en Ukraine voisine. Près de 2,8 millions d’infections et environ 65
000 décès ont été enregistrés dans le pays depuis le début de la pandémie. D’un point de vue démographique, la Roumanie a perdu en
deux ans l’équivalent de la population d’une ville de taille moyenne. Le chemin
du retour à la normale s’annonce donc long et tortueux, malgré la levée de
l’état d’alerte cette semaine. « Les
chiffres de l’épidémie de Covid-19 baissent rapidement et la 5ème
vague est sur le point de se terminer », a déclaré le président Klaus
Iohannis.
L’instauration de l’état d’alerte qui a
suivi les deux premiers mois d’état d’urgence a impliqué de nombreuses
restrictions. Ces dernières ont grandement perturbé l’évolution économique
ainsi que la cohésion sociale au sein du pays. Trois gouvernements se sont
succédés pendant cette période : un premier monocolore avec le parti PNL (Parti
National Libéral) minoritaire ; puis une coalition entre le PNL, l’USR
(Union Sauvez la Roumanie) et l’UDMR (Union Démocrate Magyare de Roumanie).
Enfin, un troisième gouvernement de coalition composé du PSD (Parti Social
Démocrate), du PNL et de l’UDMR. Les réponses proposées par les autorités pour
faire face à la pandémie ont été incohérentes, voire parfois abusives.
La Cour constitutionnelle a rejeté
certaines de ces mesures, comme les montants colossaux des amendes pendant
l’état d’urgence ou le port du masque en plein air. L’un des plus gros scandales
rapportés par les médias de masse concerne une paysanne âgée qui a écopé d’une
amende pour être sortie de chez elle afin de rattraper ses canards qui s’étaient
échappés dans la rue. Alors qu’à cette même époque, au siège du gouvernement, les
ministres libéraux fêtaient allègrement, à grand renfort d’alcool et de cigares,
l’anniversaire du Premier ministre et dirigeant du parti de l’époque, Ludovic
Orban.
Le gouvernement tente aujourd’hui de renouer le dialogue
avec les citoyens et annonce des mesures pour la période post pandémie. Les
règlementations du système de santé mises en place pendant la crise resteront
en vigueur jusqu’à la fin du mois. Toutefois, les médecins traitants déplorent
déjà la disparition imminente des consultations à distance, qui leur
permettaient, ainsi qu’aux patients, de gagner du temps. La levée de l’état
d’alerte marque aussi la fin du chômage technique. Les horaires de travail
décalés ainsi que le télétravail ne sont plus obligatoires. De même, il ne sera
plus possible de pourvoir des postes dans des institutions publiques sans
passer de concours. Les cartes d’identité périmées entre le 1 mars 2020 et le 7
mars 2022 seront encore valables pendant 90 jours à compter de la date de levée
des restrictions. De même, la date limite pour renouveler ces documents
d’identité est fixée au 7 juin 2022. Toutefois, les services de renouvellement
de passeports et des registres de la population sont déjà débordés. De même, il
va falloir renégocier les conventions collectives, ce qui, selon les experts,
pourrait provoquer de nouvelles tensions sociales et relancer les
manifestations syndicales.