Les conflits gelés en Mer Noire, sous la loupe
Leyla Cheamil, 10.11.2021, 11:16
Un de ses conflits les plus sensibles, avec des
répercussions considérables, est celui entre la Russie et l’Ukraine. Il a éclaté
en 2014, lorsque la Fédération de Russie a annexé la Péninsule de Crimée, jusque-là
une partie du territoire ukrainien. Autre situation sans solution en ce moment :
la région séparatiste de Transnistrie, une zone russophone, sise dans l’est de
la République de Moldova, voisine de la Roumanie, qui est majoritairement
roumanophone, avec des aspirations pro-européennes. Chisinau a perdu le contrôle
sur la Transnistrie suite à une guerre civile dans laquelle les séparatistes
ont été soutenus par l’armée russe. A son tour, la Géorgie a dû renoncer à l’Abkhazie.
Ce territoire séparatiste s’est déclaré république autonome en 1992, toujours
suite à une guerre civile, toujours avec le soutien de l’armée russe. Même cas
de figure pour l’Ossétie du Sud, indépendante depuis 2008, suite à l’intervention
russes en faveur des séparatistes. Cette région est située toujours en Géorgie.
Autant de contextes sensibles dans la région de la mer
Noire, sur lesquels s’est penché, à Washington, le chef de la diplomatie
roumaine, Bogdan Aurescu. En visite aux Etats-Unis afin de renforcer le coopération
bilatérale en matière de sécurité, Bogdan Aurescu a présenté la position de la
Roumanie concernant la région de la mer Noire. Lors d’un débat public sur conflits
gelés, au Conseil Atlantique, il a rappelé que cela faisait plus de deux
décennies que Bucarest plaidait à Washington pour l’importance de la sécurité
en mer Noire, en tant que partie intégrante de la sécurité transatlantique. Et
pour cause : « ce qui se passe en mer Noire, ne reste pas en mer Noire,
mais a un impact majeur sur les relations transatlantiques en général », a
insisté Bogdan Aurescu.
D’un point de vue historique, cette région s’est toujours
retrouvée au croisement de plusieurs intérêts – ambitions impériales, idéologies
contraires, intérêts commerciaux différents, étant un pont entre l’Asie et l’Europe,
a encore expliqué le ministre roumain des AE. « Ces trois dernières
décennies, la mer Noire a été une zone de conflit et on constate que cette tendance
est maintenue, malheureusement. En témoigne ce qui s’est passé en avril dernier,
par exemple, lorsque nous avons assisté à un déploiement massif de forces
russes dans la zone, le plus grand peut-être depuis la Guerre Froide, une
quantité importante d’équipement y restant sur place », a précisé Bogdan Aurescu.
Il s’est dit inquiet pour cet état de choses, qui devrait nous préoccuper tous,
pas seulement les pays de la région. A son avis, il faut renforcer la présence militaire
américaine, en termes de militaires et d’équipements en égale mesure, non seulement
en Roumanie, mais aussi dans le sud du flanc est de l’OTAN. Cela, puisque la
présence militaire américaine est actuellement plus forte dans le nord du flanc
est de l’Alliance, alors que le sud en a besoin aussi. (Trad. Valentina
Beleavski)