L’exaspération des transporteurs routiers
Bogdan Matei, 18.06.2021, 12:30
Secteur vital d’une économie mondialisée, le transport routier de
fret offre un emploi à de nombreux Roumains. Les données statistiques,
communiquées par les autorités de Bucarest, font état de 150 000 de nos
compatriotes qui parcourent les routes européennes au volant des poids lourds. Loin
d’être facile, leur travail encourt aussi des risques. Le mois dernier, par
exemple, un camionneur roumain a été tué sur une aire de repos, en France, par des
individus qu’il avait surpris en train de voler des marchandises stockées dans
son camion. Le 6 du mois courant, un autre camionneur roumain a été
la cible d’une attaque à l’arme blanche, à nouveau sur une aire de
stationnement, mais il a réussi à échapper aux assaillants et, en même temps, à
aller au secours d’un collègue, chauffeur d’un poids lourd immatriculé au
Bélarus.
Les droits des Roumains membres de cette
catégorie professionnelle doivent être respectés conformément à la législation
nationale, a écrit sur les réseaux sociaux la ministre du travail, Raluca
Turcan, à l’issue de l’entretien qu’elle a eu, à Bruxelles, avec la commissaire
européenne aux transports, la Roumaine Adina Vălean. Les compagnies de
transport, affirme la ministre, doivent assurer des salaires transparents, corrects
et en accord avec les salaires pratiqués sur le marché européen, sachant qu’il
existe souvent des différences concernant les conditions de travail et les
salaires offerts aux travailleurs de l’est de l’Europe. « Il n’y a pas de
tolérance pour le travail au noir, ni pour la discrimination. », a-t-elle martelé.
La commissaire Adina Vălean a affirmé que les autorités européennes cherchaient
à mettre en place rapidement des aires de stationnement sûres et sécurisées
pour les camionneurs, alors qu’à présent, l’Union européenne accuse un manque d’environ
100 000 places de stationnement de nuit pour les poids lourds.
Si, à
Bruxelles, les femmes et les hommes politiques roumains promettent des mesures
en faveur des transporteurs, à Bucarest ils ont réussi à énerver les mêmes
transporteurs, les déterminant à manifester publiquement leur mécontentement. Ceci
est l’effet des contrôles du Fisc roumain, qui considère que le per diem perçu
pour les déplacements à l’étranger par les chauffeurs des compagnies de transport
roumaines est un revenu de nature salariale et donc imposable. Les
transporteurs de fret sont également mécontents de l’intention du ministère de
tutelle de modifier la formule de calcul de la taxe d’utilisation du réseau
routier – la ro-vignette. Celle-ci devrait prendre en compte les kilomètres
parcourus au lieu de la norme antipollution, comme c’est le cas à présent. Cette
modification est inscrite dans le Plan national de relance et de résilience,
que les responsables nationaux sont en train de négocier avec la Commission
européenne, afin de pouvoir utiliser les quelque 30 milliards d’euros alloués à
la Roumanie. Le président de la Fédération des opérateurs de transports
roumains, Augustin Hagiu, dénonce une prévisible majoration par 10 des taxes
appliquées à ce qu’il appelle, avec sa véhémence habituelle, « les misérables
routes sur lesquelles nous circulons ». (Trad. Ileana Ţăroi)