La tragédie de « Victor Babeș » sous enquête
Leyla Cheamil, 17.06.2021, 12:10
En avril dernier, plusieurs malades
hospitalisés en soins intensifs dans l’unité mobile, installée à l’extérieur de
l’hôpital « Victor Babeș » de Bucarest, perdaient leur vie suite à
une défaillance technique. Selon les premières informations recueillies sur
place, la tragédie aurait été le résultat d’une hausse subite de la pression
dans l’installation d’oxygène, ce qui a entraîné le blocage des ventilateurs de
réanimation, auxquels huit patients étaient connectés, dont trois sont décédés.
Une erreur humaine serait à l’origine de cette tragédie.
Les juges ont rejeté
la requête des procureurs de placer en détention provisoire le chef et un
technicien de maintenance du
Service technique de l’hôpital, accusés d’homicide involontaire, mais ils ont
tout de même décidé d’assigner à résidence les deux hommes, pour une période de
30 jours. En plus, il leur est interdit de communiquer avec les parties
civiles, avec d’autres personnes inculpées, avec les témoins ou les experts impliqués
dans l’enquête. La décision des juges n’est pas définitive, pouvant donc être
contestée par le parquet ou par les inculpés. Les procureurs soulignent le fait
que les manquements en matière de fonctionnement optimal de l’installation
d’oxygène et de formation du personnel sont à l’origine d’une situation qui demandait
impérativement une intervention sur l’installation mentionnée. L’un des deux
inculpés, affirment les représentants du parquet, a mal effectué la manœuvre
technique, ce qui a mis automatiquement à l’arrêt les ventilateurs de
réanimation installés dans l’unité mobile de soins intensifs, provoquant le
décès des trois patients.
Par ailleurs, la direction de l’Hôpital de maladies
infectieuses et tropicales « Dr. Victor Babeş » a issu un communiqué
où elle affirme que ses deux salariés, arrêtés mercredi en lien avec la
tragédie du mois d’avril, remplissent toutes les dispositions légales et
les critères de formation professionnelle nécessaires pour occuper leurs postes
respectifs. Vu que l’enquête se poursuit, la direction de l’hôpital et les
personnels soignants et auxiliaires continueront à collaborer pleinement avec
les autorités compétentes pour comprendre ce qui s’était passé.
L’accident de l’Hôpital « Victor Babeș »
s’est produit seulement quelques mois après deux autres tragédies survenues
dans des établissements médicaux de Roumanie. En novembre 2020, un incendie
déclenché à l’Hôpital départemental des urgences de Piatra Neamț (est), également
dans l’unité de soins intensifs dédiée aux malades de Covid-19, avait tué dix
personnes qui y étaient hospitalisées. Le médecin de garde, Cătălin Denciu, qui
avait risqué sa vie pour secourir ses patients, a été grièvement blessé et
envoyé pour traitement en Belgique. Il a été primé par l’Organisation mondiale
de la santé et les Belges l’ont désigné « Héros de l’année 2020 ». Fin
janvier de cette année, un autre incendie produit à l’Hôpital « Matei
Balş », établissement hospitalier bucarestois de premier rang et de
première ligne dans la lutte contre la pandémie, s’est soldé par plusieurs
morts. (Trad. Ileana Ţăroi)