La Roumanie vue par le Département d’État des États-Unis
Leyla Cheamil, 01.04.2021, 13:53
Le Département d’État des États-Unis vient de
publier son rapport annuel sur les droits de l’homme dans le monde. Le chapitre
consacré à la Roumanie constate pour 2020 la persistance de problèmes tels
traitements cruels, inhumains ou dégradants, corruption largement répandue dans
la société, procédures d’enquête défaillantes des cas de violences faites aux femmes, violences
contre les personnes institutionnalisées ou des membres de minorités ethniques.
Selon le rapport de Washington, le système judiciaire roumain a fait des
efforts pour inculper et condamner les auteurs d’abus, mais les autorités
manquent de mécanismes efficaces pour ce faire et certains auteurs de violation
des droits de l’être humain restent impunis.
Le document produit par le
Département d’État américain précise que de nombreux cas de corruption des
autorités ont été signalés, l’année dernière aussi. Les dessous-de-table sont
toujours monnaie courante dans le secteur public, notamment dans le domaine de
la santé. La Direction nationale anticorruption (DNA) a continué à enquêter sur
des personnages politiques et des fonctionnaires de l’administration publique.
Le rapport mentionné rappelle en ce sens l’affaire de corruption impliquant
l’ancienne ministre de la santé et manageuse d’hôpital Sorina Pintea, qui, en
février 2020, avait été prise en flagrant délit de corruption passive liée à un
présupposé contrat de construction de salles opératoires. Selon le même rapport
du Département d’État des États-Unis, plusieurs agents de police et gendarmes
ont été exonérés des accusations de coups et traitements cruels, inhumains ou
dégradants dont ils faisaient l’objet, alors qu’en général, la population n’a
pas de respect pour la police, perçue comme corrompue et inefficace. Le rapport
de Washington attire également l’attention sur l’absence de coupables dans le
cas des 770 plaintes pour usage excessif de la force lors des manifestations
anticorruption de Bucarest, de 2018. Les auteurs du document américain ont
aussi retenu les violences faites aux femmes et l’incohérence des décisions de
justice en la matière, rappelant en ce sens des rapports d’organisations
non-gouvernementales. Celles-ci indiquent de nombreuses situations où des
policiers avaient essayé de convaincre des victimes de viols de ne pas porter
plainte contre leurs agresseurs, ou bien ils avaient refusé d’enregistrer de
telles plaintes. Par ailleurs, des actes antisémites se sont produits en
Roumanie en 2020.
Le rapport du Département d’État des États-Unis mentionne
l’Institut Elie Wiesel pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie, qui a signalé
l’existence de rues, organisations, établissements scolaires ou bibliothèques
portant des noms de personnes condamnées pour crimes de guerre ou crimes contre
l’humanité. L’Institut Elie Wiesel a aussi constaté la diffusion, sur internet,
de matériels promouvant des idées antisémites et glorifiant le Mouvement
légionnaire, l’extrême droite de l’entre-deux-guerres en Roumanie. Pour ce qui
est des médias roumains, le Département d’État des États-Unis considère que les
opinions présentées sont variées, mais que plusieurs médias sont la propriété
ou sont indirectement contrôlés par des personnes liées au monde politique. Les
infos ou les politiques éditoriales de ces médias reflètent souvent les
opinions des propriétaires ou prennent pour cible des opposants politiques ou
d’autres médias. (Trad. : Ileana Ţăroi)