Décisions de justice dans des affaires retentissantes
Roxana Vasile, 03.03.2021, 12:25
En 2009, le président roumain sortant, Traian Băsescu, sortait vainqueur de l’élection présidentielle de cette année-là, remportant un second
mandat à la tête de l’Etat. Mais, déjà à l’époque, la gestion des frais de
campagne et du scrutin avaient soulevé des interrogations, qui n’avaient pourtant
pas reçu de réponse claire. Jusqu’à ce mardi, 2 mars 2021 ! Lorsque, au bout
d’un travail d’instruction étendu sur plusieurs années, la justice roumaine a
prononcé des condamnations à de lourdes peines de prison ferme, dans l’affaire
du financement de la campagne électorale de l’ancien président de centre-droit.
« Les protagonistes » des décisions sont l’ancienne ministre du Développement,
Elena Udrea, proche collaboratrice de l’ex chef de l’Etat et coordinatrice officieuse
de la campagne présidentielle, et Ioana Băsescu, notaire et fille aînée de
l’homme politique. Elena Udrea a écopé de 8 ans d’emprisonnement et Ioana
Băsescu de 5 ans, pour blanchiment d’argent et incitation à la corruption. Les
enquêtes menées par les procureurs anticorruption ont révélé des abus de
pouvoir, des fraudes et l’attribution de contrats d’Etat en échange de
pots-de-vin pour obtenir du soutien pour la campagne électorale. Ces faits
auraient permis d’obtenir environ 1,6 millions de lei (plus de 300 000
euros).Les deux femmes ont constamment rejeté les accusations,
l’ancienne ministre s’étant déclarée profondément choquée par un verdict, selon
elle, injuste : « je n’ai pas tué, je n’ai pas violé, je n’ai pas pris de
l’argent pour le ramener chez moi ! », s’est exclamée Elena Udrea. La
décision n’est pas définitive, pouvant donc faire l’objet d’un pourvoi, et ce
sera à la Haute Cour de Cassation et de Justice de rendre la décision finale.
La situation est différente dans une autre affaire de
justice, celle de la manifestation qui a eu lieu à Bucarest le 10 août 2018
contre le gouvernement social-démocrate de l’époque. Le Tribunal de Grande
instance de la capitale roumaine a rejeté la demande de la Direction
d’investigation des infractions de crime organisé et de terrorisme (DIICOT) de
rouvrir la procédure pénale dans cette affaire, qui a été classée. Par
conséquent, les chefs de la Gendarmerie de cette année-là ne pourront pas être
poursuivis pour l’intervention musclée, et considérée par d’aucuns comme
disproportionnée, de leurs troupes contre les manifestants. En juin 2020, la
DIICOT avait classé le dossier de la manif du 10 août, aussi bien le chapitre
concernant l’action des chefs de la Gendarmerie que celui relatif à la saisine
de tentative de coup d’Etat. Par la suite, l’ancien procureur en chef de la
DIICOT a partiellement infirmé la solution, décidant de la réouverture de la
procédure seulement contre les anciens commandants des gendarmes. Mécontents de
la décision rendue mardi par le Tribunal de Grande instance de Bucarest, les
représentants de plusieurs associations civiques ont fait savoir qu’ils porteraient
plainte contre la Roumanie à la Cour européenne des droits de l’homme. (Trad. : Ileana Ţăroi)