La République de Moldova à la veille de l’élection présidentielle
Bogdan Matei, 26.10.2020, 11:49
Huit
candidats sont en lice pour devenir le futur président de cette
ancienne république soviétique et pays le plus pauvre d’Europe. Le
premier tour du scrutin s’annonce dépourvu de tout suspense puisque
les sondages d’opinion sur les intentions de vote prévoient un
deuxième tour du scrutin identique à celui d’il y a quatre ans. Le
vainqueur de l’époque, l’actuel président socialiste pro-russe Igor
Dodon et son adversaire, l’ancienne première ministre
pro-occidentale Maia Sandu, sont en tête des sondages, avec 30 et
respectivement près de 20% des intentions de vote.
Tous les autres
candidats, qu’ils soient de gauche, populistes et pro-russes ou de
droite, promoteurs d’une réunification avec la Roumanie ou au moins
adeptes d’une intégration européenne ne dépassent pas la barre des
10%. Et il s’agit à nouveau d’un vote non seulement politique, mais
aussi géopolitique. Ayant remporté les précédentes élections
avec un programme aux forts accents pro-russes, M Dodon se prononce
désormais pour la défense et la consolidation de l’Etat moldave et
pour la promotion d’une politique étrangère équilibrée et
équidistante entre Bruxelles et Moscou. La candidate du parti Action
et solidarité, Maia Sandu, qui s’est constamment identifiée à la
lutte contre la corruption, accuse son adversaire de bloquer la
réforme de la Justice.
Une enquête de presse, publiée la semaine
dernière, a donné des munitions supplémentaires à Maia Sandu, qui
a révélé des détails supplémentaires sur l’implication de
l’administration présidentielle de la Fédération de Russie dans la
politique intérieure de la République de Moldova. L’investigation
baptisée « Kremlinovitch » d’après le nom de code
utilisé par Igor Dodon, a dévoilé le fait que celui-ci avait
collaboré avec les services de renseignement russes, accusation
fortement rejetée par celui-ci. Ce qui est sûr, c’est que le leader
du Kremlin, Vladimir Poutine, a déclaré jeudi qu’il espérait que
les citoyens apprécient les efforts de l’actuel président de
réaliser un rapprochement entre la République de Moldova et la
Fédération de Russie.
De l’avis des analystes politiques moldaves
cités par les correspondants de la Radio publique roumaine à
Chisinau, il est déjà normal que la Russie se mêle dans le
processus électoral en République de Moldova. Pourtant, cette
année, l’implication semble être beaucoup plus active.
Par
ailleurs, ils s’attendent à un taux de présence aux urnes assez
bas, généré à la fois par la crainte d’une infection au
coronavirus, mais aussi par le ras-le-bol généralisé qu’éprouve
une grande partie de l’électorat. Le scrutin présidentiel se
déroule aussi dans des conditions inhabituelles et à cause aussi
des restrictions de voyage imposées par de nombreux pays pour
limiter l’épidémie de coronavirus, l’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe a annoncé qu’elle n’enverrait plus des
observateurs à l’élection présidentielle de République de
Moldova.
La majorité des commentateurs politiques s’attendent à ce
que la campagne électorale s’intensifie pendant les deux semaines
qui séparent les deux tours du scrutin présidentiel, lorsque les
deux finalistes devraient son seulement sécuriser leur bassin
électoral, mais aussi l’agrandir. (trad. Alex Diaconescu)