Un projet qui agite les esprits
Le Sénat de la Roumanie, en tant qu’assemblée décisionnelle, a rejeté mercredi, à une ample majorité, le projet de loi controversé relatif au Statut d’autonomie du Pays sicule, qui prévoyait que cette contrée devienne région autonome à personnalité morale. La proposition de loi était passée par adoption tacite à la Chambre des députés, soit une procédure sans débats, sous la forme posée par ses initiateurs — deux députés de l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR). Le soi-disant Pays sicule constitue la région du centre de la Roumanie, habitée par des citoyens roumains ethniques magyars pour la plupart, soit les départements de Covasna, Harghita et une partie de celui de Mureş. Le projet présentait les limites du territoire voué à devenir le Pays sicule, prévu avec sa propre organisation administrative, ses propres institutions, avec l’usage du hongrois comme langue officielle, et aussi des symboles de la nation hongroise. L’adoption tacite du projet, qui a produit des réactions politiques dures et de l’émoi dans la société, est une procédure législative par laquelle, à la Chambre des députés, lorsqu’elle est la première chambre saisie, si les élus ne se prononcent pas sur une proposition de loi dans un certain délai, elle est réputée adoptée et avancée au Sénat, qui tranche. Or le président Klaus Iohannis a accusé le Parti social-démocrate (PSD) — le plus important de l’opposition — à avoir aidé l’UDMR à faire passer cet acte règlementaire à la Chambre des députés. Klaus Iohannis :
Eugen Coroianu, 30.04.2020, 12:27
Le Sénat de la Roumanie, en tant qu’assemblée décisionnelle, a rejeté mercredi, à une ample majorité, le projet de loi controversé relatif au Statut d’autonomie du Pays sicule, qui prévoyait que cette contrée devienne région autonome à personnalité morale. La proposition de loi était passée par adoption tacite à la Chambre des députés, soit une procédure sans débats, sous la forme posée par ses initiateurs — deux députés de l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR). Le soi-disant Pays sicule constitue la région du centre de la Roumanie, habitée par des citoyens roumains ethniques magyars pour la plupart, soit les départements de Covasna, Harghita et une partie de celui de Mureş. Le projet présentait les limites du territoire voué à devenir le Pays sicule, prévu avec sa propre organisation administrative, ses propres institutions, avec l’usage du hongrois comme langue officielle, et aussi des symboles de la nation hongroise. L’adoption tacite du projet, qui a produit des réactions politiques dures et de l’émoi dans la société, est une procédure législative par laquelle, à la Chambre des députés, lorsqu’elle est la première chambre saisie, si les élus ne se prononcent pas sur une proposition de loi dans un certain délai, elle est réputée adoptée et avancée au Sénat, qui tranche. Or le président Klaus Iohannis a accusé le Parti social-démocrate (PSD) — le plus important de l’opposition — à avoir aidé l’UDMR à faire passer cet acte règlementaire à la Chambre des députés. Klaus Iohannis :
« Alors que nous autres — moi, le gouvernement, les autres autorités — nous lutons contre la pandémie de coronavirus, alors que nous luttons pour les vies des Roumains, le PSD lutte dans les bureaux secrets du parlement pour donner la Transylvanie aux Magyars ! Jó napot, Ciolacu. (Cela veut dire bonjour en hongrois.) Qu’est-ce que le leader de Budapest, Viktor Orban, a-t-il bien pu vous promettre en échange de cet accord ? »
Le président de la Chambre des députés et leader par intérim du PSD, Marcel Ciolacu, a nié les accusations :
« Personne n’a vendu la Transylvanie et personne ne la vendra jamais ! La Transylvanie a été, elle est et fera partie de la Roumanie. Je demande aux services du renseignement de dire publiquement s’ils ont envoyé au président Iohannis une information sur les accusations à mon égard et à l’égard du PSD, parce qu’il n’est pas possible de mener la lutte électorale à un tel niveau. »
Dans un communiqué de presse après le rejet du projet par le Sénat, le président de la Roumanie met en garde que promouvoir de telles propositions de loi fait du mal premièrement à la communauté magyare et crée des tensions artificielles à l’intérieur de la société. Plusieurs sénateurs ont souligné le caractère inconstitutionnel de cette initiative, affirmant qu’elle n’aurait eu aucune chance de passer à la Cour constitutionnelle.
L’UDMR a fait exception, elle considère que les revendications de la minorité magyare sont « absolument justifiées » et a déploré le fait que de vrais débats sur cette question aient été refusés au Sénat. En Hongrie voisine, le ministre des Affaires étrangères, Szijjártó Péter, a demandé au président de la Roumanie de « faire preuve de davantage de respect pour les Magyars ». En réplique, le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, considère les affirmations de Budapest « provocatrices et inappropriées » et met en garde sur le fait que le responsable hongrois détourne, de manière absolument regrettable, le sens des propos du chef de l’Etat roumain.
(Trad. : Ligia)