Elections législatives anticipées – un sujet de débat
Ştefan Stoica, 10.01.2020, 12:33
La Roumanie a traversé de
nombreuses crises politiques et gouvernementales, pendant les trois décennies
de démocratie post-communiste. Pourtant, les élections anticipées n’en ont
jamais représenté une solution, car le processus est compliqué et demande du
temps. A présent, néanmoins, un tel scénario est évoqué de plus en plus souvent,
à Bucarest, dans un contexte particulier où le gouvernement libéral
minoritaire, installé en novembre dernier, est dans l’impossibilité de
promouvoir ses initiatives, le parlement continuant à être dominé par les
sociaux-démocrates.
Le Cabinet Ludovic Orban a engagé sa responsabilité sur
plusieurs lois, dont, en première, celle du budget pour l’année en cours. Bien
que légal, le recours à cette procédure est discutable, car elle exclue le
débat sur les projets de loi auxquels elle s’applique. Après trois ans de
cohabitation avec le gouvernement du Parti social-démocrate et une majorité
parlementaire de gauche, cohabitation transformée dès le début, en une guerre
politique et institutionnelle ouverte, le président Klaus Iohannis, a enfin
trouvé un partenaire d’action politique en l’Exécutif libéral. Mais le chef de
l’Etat constate que les pouvoirs du gouvernement sont limités pour manque de
soutien politique. Il a donc décidé de s’impliquer lui-même dans le débat, pour
porter l’idée d’un scrutin parlementaire avancé. Or, l’organisation d’un tel
scrutin est possible dans deux cas de figure: soit, le gouvernement en place
est démis par motion de censure ; soit, le premier ministre démissionne de
ses fonctions. Quel que soit le scénario, la Constitution demande que le
Législatif refuse deux propositions consécutives d’une nouvelle équipe exécutive,
donc l’enjeu est de rassembler une majorité parlementaire qui rejette deux gouvernements.
Le président Klaus Iohannis entend discuter le sujet avec les leaders
politiques: « Oui, je souhaite l’organisation d’élections
anticipées. Bien-sûr, la motion de censure est une variante pour déclencher ce
processus, mais, d’un point de vue technique, la démission en est une autre. J’examinerai
ces aspects aussi bien avec le premier ministre qu’avec d’autres leaders
politiques. », a fait savoir le chef de l’Etat.
Le premier ministre et
leader des libéraux, Ludovic Orban, a rappelé qu’un scrutin législatif anticipé
pourrait être organisé uniquement s’il existait une majorité parlementaire
favorable à une telle démarche. De son côté, le leader des sociaux-démocrates
roumains, Marcel Ciolacu, a affirmé que son parti ne craignait pas le vote des
Roumains, qu’il soit exprimé avant le délai de cet automne ou non. Le gouvernement
du Parti national libéral est désastreux, estime M. Ciolacu, selon lequel le
Parti social-démocrate envisagerait de déposer une motion de censure, une
décision allant être prise la semaine prochaine. « C’est quelque chose que nos adhérents demandent, que
notre société demande. C’est une évidence, on ne peut pas diriger un pays en engageant
la responsabilité et en évitant le débat parlementaire, ou en essayant de
rester dans une logique électorale et de cacher les fautes du gouvernement derrière
des slogans. », a affirmé Marcel Ciolacu.
La rhétorique du leader du PSD ne semble
pourtant pas convaincre les observateurs politiques, de l’avis desquels il
essayerait en fait de se construire une plate-forme en vue des prochaines
élections internes de son parti. Les sociaux-démocrates roumains continuent d’accuser
les chocs électoraux de 2019, lorsqu’ils ont perdu les élections européennes et
ont été humiliés lors du scrutin présidentiel. Selon un récent sondage d’opinion
réalisé par l’IMAS, si des élections législatives avaient lieu actuellement, le
PNL les emporterait haut la main, avec 45% des suffrages, tandis que le PSD obtiendrait
un score inférieur à 20%. (Trad. : Ileana Ţăroi)