Le président retire les décorations des auteurs d’infractions pénales
L’administration présidentielle de Bucarest a rendu
publique la liste de personnes qui ont vu leurs décorations retirées pour avoir
fait l’objet de sanctions pénales. Il s’agit du retrait des distinctions
l’Ordre de l’Etoile de Roumanie aux grades chevalier et respectivement grand-croix
et de l’Ordre du Service loyal au grade chevalier. Le président Klaus Iohannis
avait déjà annoncé qu’il allait prendre cette mesure, considérée comme allant
dans le sens d’un assainissement de la vie publique en Roumanie. Mais les fervents
opposants du chef de l’Etat, des personnalités de gauche pour la plupart, n’ont
pas manqué de le critiquer pour ce geste.
Ştefan Stoica, 12.12.2019, 12:35
L’administration présidentielle de Bucarest a rendu
publique la liste de personnes qui ont vu leurs décorations retirées pour avoir
fait l’objet de sanctions pénales. Il s’agit du retrait des distinctions
l’Ordre de l’Etoile de Roumanie aux grades chevalier et respectivement grand-croix
et de l’Ordre du Service loyal au grade chevalier. Le président Klaus Iohannis
avait déjà annoncé qu’il allait prendre cette mesure, considérée comme allant
dans le sens d’un assainissement de la vie publique en Roumanie. Mais les fervents
opposants du chef de l’Etat, des personnalités de gauche pour la plupart, n’ont
pas manqué de le critiquer pour ce geste.
La liste comprend des noms sonores de la vie
politique roumaine, dont les anciens ministres Miron Mitrea et Adrian Severin, ce
dernier également ex-député européen, ou encore Dan Voiculescu, ancien
parlementaire et magnat des médias en Roumanie. Un réputé chercheur est aussi
répertorié, Gheorghe Mencinicopschi, condamné à une lourde peine de prison pour
abus de fonction contre les intérêts publics et faux dans un écrit sous seing privé.
A préciser que toutes les personnes listées ont écopé des peines de prison pour
des faits de corruption. Même si, à présent, ils se sentent lésés par le
retrait de ces distinctions, de l’avis de certains commentateurs, ils
pourraient pour le moins essayer d’admettre que le prestige et l’honneur
offerts par une décoration sont incompatibles avec le statut de condamné pénal.
Néanmoins, la réaction du plus célèbre
personnage visé par cette mesure, l’ancien premier ministre social-démocrate
Adrian Năstase, a été des plus véhémentes. En 2012 et 2014, il avait été condamné
à deux, respectivement quatre ans de prison ferme pour chantage et acceptation
de pots-de-vin dans deux dossiers distincts. Une dizaine d’années auparavant, en
2002, il avait reçu l’Ordre de l’Etoile de Roumanie au grade grand-croix.
Năstase affirme que le président souhaite réécrire l’histoire sous le conseil
« d’oiseaux migrateurs et de talibans idéologiques ». L’élimination des
visas pour les Roumains, les efforts d’adhésion à l’OTAN et à l’UE, la
modernisation et la croissance économique, ce sont toutes des réussites qu’il
juge être celles de son gouvernement entre 2001 et 2004. L’ancien premier
ministre est alors persuadé que tout cela ne pourra pas être effacé des livres
d’histoire. Plus encore, ces réalisations pourront être comparées avec ce qu’il
décrit comme « l’activité insignifiante de Iohannis durant son mandat de
président ». Pour finir, l’ex-leader du Parti social-démocrate reprend le
vieux refrain selon lequel ses condamnations ont été strictement de nature
politique, sans pour autant apporter de preuves pour justifier ses
déclarations.
Par ailleurs, ce n’est pas pour la première
fois que le président Iohannis retire une décoration. En 2016, il avait retiré
l’Ordre de l’Etoile de Roumanie à Laszlo Tökes, l’ancien pasteur réformé qui
avait joué un rôle important dans le déclenchement de la Révolution
anticommuniste de décembre 1989. Mais par la suite, il avait lancé des
accusations contre l’Etat roumain. Dans un de ses nombreux dérapages chauvins,
Laszlo Tökes avait suggéré que la Hongrie aurait dû endosser le rôle de
protectrice de la minorité hongroise de Transylvanie. La Haute Cour de
Cassation et de Justice avait statué en faveur du président roumain dans ce
cas, rejetant la contestation de Tökes quant au retrait de sa décoration.
(Trad. Elena Diaconu)