La crise sur le marché de la viande de porc
L’épidémie de peste porcine africaine se propage comme une traînée de poudre, dans le monde. En Roumanie, la population se dit inquiète par les perspectives d’une pénurie de viande de porc, surtout en cette période de fête de fin d’année. Pour leur part, les représentants de l’Association roumaine des producteurs de viande invitent au calme, en affirmant que malgré le déficit de matière première, la viande ne manquera pas sur la table des Roumains.
Daniela Budu, 11.12.2019, 12:35
L’épidémie de peste porcine africaine se propage comme une traînée de poudre, dans le monde. En Roumanie, la population se dit inquiète par les perspectives d’une pénurie de viande de porc, surtout en cette période de fête de fin d’année. Pour leur part, les représentants de l’Association roumaine des producteurs de viande invitent au calme, en affirmant que malgré le déficit de matière première, la viande ne manquera pas sur la table des Roumains.
Pourtant, face à la diffusion du virus et suite au sacrifice des centaines de milliers de porcs autochtones, le prix de cette viande a doublé en Roumanie depuis le début de l’année et risque même de tripler en début de l’année prochaine, s’inquiète le président de l’Association susmentionnée, Radu Timis: La situation est assez grave compte tenu de ce qui se passe actuellement dans l’industrie. Si cette année, les prix ont doublé, l’année prochaine, ils vont tripler, j’en suis sûr. Et ce n’est pas le tarif qui inquiète le plus, mais le risque de pénurie. Notre branche aura du mal à trouver de la matière première.
A l’heure où l’on parle, la Roumanie recense plus de 700 foyers de peste porcine africaine dans 28 départements. Sur les 41 départements roumains auxquels s’ajoute la capitale, Bucarest, il n’y a que deux, dans le nord du pays, où la peste porcine n’est pas arrivée. Plus de 540.000 porcs ont été sacrifiés depuis 2016, année où la maladie a été signalée, en première, en Roumanie. Quant à la situation en Europe, la directrice exécutive de l’Association des producteurs de viande, Dana Tanase pense que: En ce moment, en Europe, on constate une réduction du nombre de foyers, en Pologne. En revanche, en Roumanie, depuis le début de l’épidémie et suite aux restrictions imposées dans la circulation des animaux, le cheptel de truies a baissé de presque 35000 ce qui a entraîné la réduction des effectifs porcins de 900.000 têtes par an. Les importations de viande sont donc passées de 306000 tonnes en 2017 à 458.000 tonnes en 2018.
Pour sa part, Radu Timis affirme que le gouvernement chinois achète toute la production des entreprises européennes. Du coup, en Chine, on paie 6 euros pour un kilo de viande de porc, tandis qu’en Roumanie, on n’en paie que 4. Plus la viande de porc se fera rare, plus cela entraînera la majoration des prix pour les autres types de viande dont la consommation sera privilégiée, a ajouté Radu Timis. A présent, le fait que la viande porcine existe toujours dans les magasins de Roumanie s’explique par l’impossibilité des grands producteurs de poursuivre les exportations. C’est un problème mondialement connu et la pénurie qui frappera bientôt tous les pays risque d’annoncer cette crise alimentaire dont on parle depuis 20 ans déjà.
Dans un rapport rendu public récemment, la Commission européenne affirme que les exportations annuelles de viande porc au sein de l’UE pourraient passer de 2,7 millions, en 2018 à un maximum de plus de 4 millions de tonnes, en 2022, en fonction de la vitesse avec laquelle la Chine arrive à refaire ses effectifs de porcs. La grippe porcine africaine se fait responsable de la mort des centaines de millions de porcs partout dans le monde ce qui débouchera, selon Bloomberg, sur la plus forte majoration du prix de cette viande de ces 15 dernières années. (trad. Ioana Stancescu)