Laura Codruta Kovesi devrait prendre les rênes du Parquet européen.
L’ex procureur en chef du Parquet anticorruption de Roumanie, Laura Codruta Kovesi, bénéficie déjà du soutien du Conseil de l’UE en vue de sa nomination à la tête du futur Parquet européen antifraude. Lors de la réunion de jeudi du Comité des représentants des Etats membres (COREPER), la Roumaine a recueilli 17 voix sur les 22 Etats qui participent à cette nouvelle initiative européenne qui sera mise en place à partir de l’année prochaine et deviendra opérationnelle en 2021.
Bogdan Matei, 20.09.2019, 13:05
L’ex procureur en chef du Parquet anticorruption de Roumanie, Laura Codruta Kovesi, bénéficie déjà du soutien du Conseil de l’UE en vue de sa nomination à la tête du futur Parquet européen antifraude. Lors de la réunion de jeudi du Comité des représentants des Etats membres (COREPER), la Roumaine a recueilli 17 voix sur les 22 Etats qui participent à cette nouvelle initiative européenne qui sera mise en place à partir de l’année prochaine et deviendra opérationnelle en 2021.
Conformément à la législation européenne, le procureur en chef sera nommé d’un commun accord, par le Parlement européen et par le Conseil pour un mandat de sept ans non renouvelable. Selon les commentateurs, le sujet est tranché, puisque le Parlement a déjà exprimé ouvertement son soutien à la candidature de Mme Kovesi. Fer de lance de la lutte anticorruption pour certains ou symbole d’un système policier abusif pour d’autres, Laura Codruta Kovesi est passée souvent pour la plus forte figure féminine de la scène politique roumaine.
Peu de temps avant qu’elle ne soit destituée de ses fonctions par le chef de l’Etat, suite à une décision de la Cour constitutionnelle, Mme Kovesi avouait lors d’un débat à New York, au siège de l’ONU, que le plus grand défi pour la Roumanie fut de préserver l’indépendance de ses magistrats. « On a assisté à plusieurs tentatives de modification des lois anticorruption afin de limiter les instruments législatifs dont les procureurs anticorruption se servaient ou pour dépénaliser certains faits. Il y a eu des cas quand on a refusé la levée de l’immunité parlementaire de certains politiciens accusés de corruption. Tout le système de justice fut la cible des fake news », a résumé l’ex cheffe de la DNA l’évolution politique des dernières années en Roumanie, quand les responsables politiques ont été accusés de bloquer la lutte anticorruption.
Mais, au delà des polémiques, les statistiques parlent d’elles mêmes: pendant les 5 ans passés par Kovesi à la tête du Parquet anticorruption de Roumanie, l’institution qu’elle dirigeait a traduit en justice 14 ministres et anciens ministres et 53 parlementaires dont 27 ont fait l’objet d’une décision définitive. Parallèlement, des mesures conservatoires de plus de 2,3 milliards de dollars ont été mises en place.Récemment, la première ministre moldave, Maia Sandu, a annoncé souhaiter un procureur européen à la tête du Parquet général et elle a lancé l’invitation à Mme Kovesi.
En revanche, la classe politique de Bucarest a eu des réactions contradictoires au moment où la candidature de Kovesi a été pratiquement confirmée. La cheffe du gouvernement de Bucarest, Viorica Dancila, et le leader de l’Alliance des libéraux et démocrates, Calin Popescu Tariceanu, ont fait part de leur mécontentement, en réitérant leurs critiques à l’adresse de l’ancienne procureure en chef de la DNA. Dans le camp adverse, le chef de l’Etat et les partis d’opposition – le PNL et l’USR, ont salué la victoire de Mme Kovesi, en essayant, selon les analystes, de s’attribuer ses mérites. Quant à Laura Codruta Kovesi, celle-ci a affirmé que son succès est aussi le succès de tous les Roumains qui, à force de s’impliquer et de protester contre sa démission, ont prouvé que « la corruption peut être anéantie, à condition de ne pas baisser les bras ».