Des controverses entre la Roumanie et l’Autriche concernant l’espace Schengen
Les autorités de Bucarest ont annoncé quelles attaqueraient en justice lAutriche pour son opposition à laccès de la Roumanie à lespace Schengen. Selon le Premier ministre, Marcel Ciolacu, la Roumanie a perdu deux pourcents du PIB
Mihai Pelin, 18.09.2023, 12:41
L’admission de la Roumanie dans l’espace de libre
circulation est toujours une priorité à l’agenda externe des autorités de
Bucarest. A l’heure actuelle, tous les Etats membres de l’Union européenne, sauf
la Bulgarie, le Chypre, l’Irlande et la Roumanie font partie de l’espace
Schengen, qui comprend même des Etats hors l’Union européenne, soit l’Islande,
la Norvège, la Suisse et le Lichtenstein. Selon la Commission européenne, la
Bulgarie et la Roumanie sont prêtes à adhérer à l’espace Schengen et le
Parlement européen a soutenu à plusieurs reprises leur adhésion. Et pourtant.
L’Autriche continue à s’y opposer, motivant le flux de migration en hausse.
L’opposition de Vienne n’est pas dirigée contre Bucarest, mais contre le
système de libre circulation dans son entier – a récemment déclaré la ministre
autrichienne des affaires européennes, Karoline Edtstadler. La réaction survient alors que les autorités de Bucarest
menacent de déclencher une action en justice contre l’Autriche si elle ne
renonce à son veto contre l’adhésion de la Roumanie à Schengen. La ministre
autrichienne comprend la position des autorités roumaines, mais a déclaré ne
pas avoir le pouvoir d’ignorer un système défectueux. Elle a expliqué que l’UE devrait
assurer une protection fonctionnelle des frontières extérieures et, uniquement
de cette manière, la vision d’une Europe sans frontières intérieures pourrait
exister.
Lors d’une interview dans la presse autrichienne, le
Premier ministre roumain Marcel Ciolacu a déclaré que, dans le cas d’une
nouvelle opposition, il devrait attaquer cette décision à la Cour européenne
pour demander des dédommagements pour les manques à gagner suite au fait de ne
pas avoir été acceptée à l’espace Schengen.
Pour ce qui est de la Roumanie et de la Bulgarie, ne
pas être membres de la zone de libre circulation européenne est un véritable
fardeau tant pour les entreprises que pour la population et tant du point de
vue social, qu’économique, selon le Parlement européen. Qui plus est, les
citoyens roumains et bulgares sont discriminés, vu qu’ils se confrontent aux
retards, aux difficultés bureaucratiques et aux couts supplémentaires lorsqu’ils
voyagent, par rapport aux citoyens de l’espace Schengen – montre la résolution
adoptée ce juillet par une large majorité du Législatif européen. Celui-ci
demande au Conseil de l’UE d’approuver l’adhésion des deux pays à l’espace
Schengen.
Pour rappel, à la fin de l’année dernière, la
décision sur l’admission dans l’espace Schengen des deux pays, membres de l’UE
depuis 2007, n’a pas été adopté à l’unanimité,
à cause de l’opposition de l’Autriche et des Pays-Bas. Les représentants
de Vienne ont motivé cette position en invoquant le fait que la Roumanie
faisait partie de la route balkanique de la migration illégale. Et pourtant,
l’accusation a été rejetée par l’administration de Bucarest et officiellement
démantelée par les institutions européennes, y compris par l’Agence européenne
pour la Police de frontière et par la Garde-côte. De leur côté, les Pays-Bas
ont, quant a eux, soutenu l’adhésion de la Roumanie, mais pas celle de la
Bulgarie mais les deux pays sont analysés dans un dossier commun.