L’éducation, entre la loi et la grève
Roxana Vasile, 23.05.2023, 12:01
Le
Sénat qui est dans ce cas l’organe décisionnaire a adopté à la majorité des voix
les nouvelles lois de l’Education. Les trois partis qui forment la coalition
gouvernementale, à savoir le Parti National Libéral, le Parti Social-Démocrate
et l’Union démocrate magyare de Roumanie, ont apporté leur soutien à ces deux
lois concernant l’enseignement primaire et secondaire et l’enseignement
universitaire, considérant que les mesures adoptées allaient permettre de
réformer le système. Un système confronté à de graves problèmes signalés depuis
des années tant par les professeurs que par les parents et les élèves et qui
n’ont jusqu’ici pas reçu de réponse à la hauteur de la part des ministres qui
se sont succédés à la tête de l’Education nationale. Face au corps enseignant,
le président Klaus Iohannis s’est engagé par le biais du projet « La Roumanie
éduquée ». En débat depuis cinq ans, ce projet se concrétise à présent par
ces nouvelles lois sur l’Education dont l’actuelle ministre de l’Education
nationale, Ligia Deca, qui était auparavant en charge du projet présidentiel, a
déclaré qu’elles allaient permettre de répondre aux défis présents mais aussi aux
enjeux sur le long terme.
Ligia
Deca a précisé : « Ces lois sur l’Education représentent un objectif ambitieux mais
réalisable, un futur meilleur pour tous les enfants et les jeunes de Roumanie.
La loi sur l’enseignement secondaire a été votée, elle est conçue pour répondre
aux défis existants et aux défis futurs, afin que l’Education redevienne le
pilier d’une société basée sur des valeurs. L’équité, la performance,
l’investissement, le respect et la sécurité ne sont que quelques-uns des
mots-clés que la loi de l’enseignement primaire et secondaire a transcris en
mesures cohérentes et prédictibles.
La
loi de l’enseignement primaire et secondaire vise principalement à réduire
l’abandon scolaire. Avec la loi de l’enseignement supérieur, le ministère
souhaite également renforcer la coopération européenne au sein des universités
roumaines. La professionnalisation des carrières enseignantes, l’augmentation
de l’offre éducative à destination des tous petits, la réduction de
l’analphabétisme fonctionnel, l’adaptation des programmes au marché du travail,
la modernisation des modalités de test et d’évaluation et le renforcement du
soutien envers les enfants défavorisés sont autant d’objectifs affichés par ces
lois.
Les
sénateurs d’opposition considèrent quant à eux que ces deux lois ne vont pas
résoudre les problèmes existants. Ils ont voté contre et souhaitent saisir la
Cour constitutionnelle. Irineu Darau, sénateur de l’Union Sauver la Roumanie a déclaré :
« Nous n’avons pas pu voter pour
une loi qui laisse tout simplement les enseignants à un niveau de salaire honteux,
et qui montre une fois de plus que le pouvoir en place ne se soucie pas de
l’Education. Avec quels enseignants pensez-vous que le système puisse continuer
à fonctionner? Aujourd’hui, 20% des enseignants sont sur le point de partir à
la retraite et seuls 5% d’entre eux sont jeunes ».
70%
des enseignants ont décidés de reconduire aujourd’hui la grève générale
commencée lundi après une longue série de manifestations ignorées par le
gouvernement. Lundi, le ministre du Travail a décidé de proposer au débat
public une ordonnance d’urgence permettant d’augmenter les salaires des
personnels non enseignants et d’introduire des primes pour les professeurs
débutants. Les syndicats, mécontents, ont annoncé qu’ils ne renonceraient pas à
manifester tant que le gouvernement ne viendrait pas avec une solution crédible
à leur revendications, notamment salariales. (Trad. Clémence Lheureux)