Le gouvernement a adopté les nouvelles lois de l’Education
Bogdan Matei, 30.03.2023, 11:53
Ces 3 décennies écoulées depuis la chute du
communisme en Roumanie, il n’y a pas eu de domaine plus bouleversé par des changements
radicaux, que l’éducation nationale. La constante instabilité politique a fait
en sorte des dizaines de ministres se retrouvent à la tête de l’Education, tous
désireux d’innover et de changer en profondeur le système éducationnel. Mais
comme aucun ministre n’a passé trop longtemps dans son fauteuil, tout ce qu’ils
ont réussi à faire ce fut d’annuler les réformes démarrées par leurs prédécesseurs
et de bouleverser les attentes des parents, des élèves et des enseignants.
30 ans plus tard, toutes ces innovations
jamais achevées ont porté leurs fruits : élèves et parents dénoncent la
confusion qui règne dans un système où les règles changent constamment durant
le jeu. De plus en plus de Roumains qui se le permettent, préfèrent envoyer
leurs enfants faire des études à l’étranger ou les inscrire dans des écoles
internationales de Roumanie. Une fois les études terminées, les meilleurs diplômés
décident souvent de quitter le pays à la recherche d’une vie meilleure et plus
stable ailleurs. L’enseignement technique est presqu’inexistant et, par
conséquent, il est très difficile de trouver un bon mécanicien ou plombier de
nos jours, et ceux qui font encore ce travail l’apprennent sur le terrain. Plus
encore, en raison du stress élevé et des salaires beaucoup trop bas, le métier
d’enseignant n’attire plus en Roumanie, si bien que les professeurs sont plutôt
âgés, alors qu’en milieu rural et dans les petites villes ce sont plutôt les
remplaçants qui arrivent devant les élèves. Et ce n’est pas tout. Bien que les
chiffres ne concordent pas toujours, les enquêtes ont montré un taux croissant
d’analphabétisme fonctionnel parmi les jeunes roumains.
C’est au cœur de ce paysage désolant, que l’actuelle
ministre de l’Education, Ligia Deca, a annoncé, à son tour, des changements
majeurs dans la structure de l’éducation nationale, se disant persuadée que ces
mesures sont à même de remédier à l’état des choses actuel. Elaborées sous sa coordination,
les nouveaux projets des lois de l’éducation pré-universitaire et supérieure
ont été avalisés mercredi par le gouvernement et seront transmis pour débat et
adoption au Parlement.
Ce paquet de lois repose sur la vision
proposée par le projet « La Roumanie éduquée », lancé par le chef de l’Etat
Klaus Iohannis, peu après son élection en 2014. D’ailleurs, avant sa carrière
politique, Klaus Iohannis avait été lui-même enseignant à Sibiu (centre), alors
que son épouse est toujours professeure d’anglais dans un lycée prestigieux de
la même ville.
La nouvelle loi de l’Education supérieure se propose
de lutter contre le décrochage universitaire et de soutenir la coopération entre
les universités roumaines et européennes. La loi de l’enseignement pré-universitaire
vise elle aussi notamment à réduire l’abandon scolaire et l’analphabétisme
fonctionnel. De son côté, la ministre Ligia Deca assure que le nouveau système
sera ciblé sur l’élève et sur les mesures censées stimuler chaque enfant selon
son potentiel.
A noter aussi que plus de 3 milliards d’euros
sont destinés à la réforme du système éducationnel, des fonds alloués à la
Roumanie par Bruxelles, dans le cadre du Plan national de relance et de
résilience. La ministre se dit persuadée que les nouvelles lois seront
acceptées par le Parlement en procédure d’urgence, un aspect critiqué par l’Union
sauvez la Roumanie, d’opposition, qui accuse la coalition à la gouvernance de
vouloir avoir un paquet législatif adopté à la va-vite, sans un débat sérieux.
D’ailleurs, l’USR a préparé des amendements à ces lois, des mesures qui, à son
avis, permettront de faire une réforme réelle du système éducationnel. (Trad. Valentina Beleavski)