Des inquiétudes concernant la Transnistrie
Bogdan Matei, 27.02.2023, 00:11
La diplomatie roumaine condamne les déclarations
sans fondement du communiqué de presse transmis par le ministère russe des
Affaires étrangères concernant la région séparatiste pro-russe de Transnistrie,
située à l’est de la République de Moldova (ex-soviétique, majoritairement
roumanophone), ainsi que les menaces et la rhétorique provocatrice utilisée
dans le même document. Selon un communiqué de presse du ministère des Affaires
étrangères de Bucarest, la propagation intentionnelle d’informations qui ne
sont pas réelles représente une approche extrêmement dangereuse, dans le
contexte actuel de sécurité, où la Fédération de Russie intensifie sa guerre
d’agression contre l’Ukraine. Cette tentative de créer artificiellement des
tensions et de la déstabilisation est inacceptable – avertit Bucarest, qui
appelle à la responsabilité et demande à Moscou d’abandonner la rhétorique
agressive et provocatrice, ainsi qu’à s’abstenir de toute déclaration et geste
pouvant affecter la stabilité de la région et de la République de Moldova.
Comme à l’accoutumée, la Russie avait menacé,
par l’intermédiaire de son ministère des Affaires étrangères, de répondre à
toute provocation militaire ukrainienne en Transnistrie. Le ministère russe de
la Défense avait à son tour publié un communiqué dans lequel il prétend détenir
des informations selon lesquelles les Ukrainiens prépareraient une provocation
dans la région, avec la participation des forces armées de Kiev, dont le
régiment nationaliste Azov.
Le ministère de Moscou déclare que (je cite) :
« Comme prétexte pour l’invasion, l’organisation d’une prétendue offensive
des troupes russes sur le territoire de la Transnistrie serait prévue. Pour ce
faire, les Ukrainiens participant à l’action porteront des uniformes des Forces
armées de la Fédération de Russie » – écrit le ministère russe.
Cependant, la situation dans la région est
calme, sans changement par rapport à la période précédente – annonce la
délégation de la République de Moldova au sein la Commission unifiée de
contrôle de la Transnistrie.
De son côté, le ministère de la Défense de
Chișinău déclare qu’il n’y a pas de menaces directes à la sécurité militaire de
l’État. La veille, les autorités ont appelé au calme et invité la population à
suivre les sources officielles et crédibles de la République de Moldova.
« Nos institutions coopèrent avec des
partenaires étrangers et, en cas de danger (…), elles informeront le public
sans délai » – a déclaré le gouvernement de Chișinău.
Rappelons-le, la Transnistrie est sortie de facto du contrôle des autorités
centrales moldaves après un conflit armé qui avait fait des centaines de morts.
Le conflit avait été tranché par l’intervention des troupes de Moscou en faveur
des rebelles sécessionnistes, en 1992, moins d’un an après que Chișinău ait
proclamé son indépendance.
L’ancien président russe, Boris Eltsine,
s’était engagé à retirer ses troupes de Transnistrie depuis le sommet de l’OSCE
à Istanbul, en 1999. A ce jour, quelque 1 500 soldats et d’importants arsenaux
russes seraient encore sur place.
Selon les analystes, la sécession de la
Transnistrie a lancé le scénario de la séparation ultérieure, également avec le
soutien de la Russie, de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, régions de la
Géorgie, ainsi que du Donbass, région de l’Ukraine. (trad. Andra Juganaru)