L’espace Schengen, en débat au PE
Mihai Pelin, 14.12.2022, 12:27
La Roumanie et la Bulgarie sont prêtes pour accéder
à l’espace de libre circulation et l’UE a l’obligation juridique de leur
garantir cet accès, surtout que les deux pays ont des attentes légitimes d’y
être admis. Cette déclaration a été faite mardi par la commissaire européenne
aux Affaires Intérieures, Ylva Johansson, devant le plénum du
Parlement Européen, à Strasbourg, lors d’un débat sur l’avenir de l’espace
Schengen. La Commission Européenne estime que les autorités de Bucarest et de
Sofia ont rempli tous les critères de cette adhésion qu’ils attendent depuis
plus d’une décennie. La commissaire a également insisté sur le fait que les deux Etats-membres ont relevé un défi
énorme en accueillant plus de 100 000 réfugiés Ukrainiens qui ont fui la
guerre. Qui plus est, l’espace Schengen a besoin de la Roumanie et de la
Bulgarie pour relever les défis liés à la migration et à la sécurité, a encore
souligné Ylva Johansson. Il faut lutter contre le crime organisé,
soutenir la coopération transfrontalière des forces de police, et l’adhésion de
ces deux pays faciliterait l’échange d’informations entre les organismes en
charge de la sécurité des frontières et la police, a-t-elle encore ajouté. Ylva
Johansson a promis que l’admission de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace
Schengen resterait sa principale priorité, se disant décidée d’obtenir leur
accès l’année prochaine.
Lors du débat au PE, les eurodéputés roumains ont fait front commun pour
condamner le véto de l’Autriche et pour demander des solutions afin de
débloquer l’adhésion de la Roumanie, telles un débat au Conseil Européen ou
encore saisir la Cour de Justice de l’UE.
Rappelons-le, la semaine dernière, dans le cadre du Conseil Justice et
Affaires Intérieures (JAI) de l’UE, il n’y a pas eu d’unanimité quant à
l’admission de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l’espace Schengen,
l’Autriche et les Pays-Bas s’y étant opposés. Pour sa part, le chancelier autrichien,
Karl Nehammer, a motivé ce refus par le grand nombre de migrants illégaux
arrivés dans son pays, à son avis, via la Roumanie et la Bulgarie. A leur tour,
les Pays-Bas seraient d’accord avec l’admission de la Roumanie, mais
n’acceptent pas encore la Bulgarie. Seule la Croatie a été admise au sein de
l’espace de libre circulation à compter du 1er janvier 2023. A noter
que la Croatie est membre de l’UE depuis 2013, alors que la Roumanie et la
Bulgarie en sont depuis 2007.
De son côté, le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, estime que ce vote
négatif est injustifié et incompréhensible. A son avis, il faut faire des
démarches par toutes les voies diplomatiques pour atteindre cet objectif. Par conséquent,
il proposera que ce sujet tellement important pour Bucarest figure jeudi à
l’agenda de la réunion du Conseil Européen, même si un nouveau vote n’aura pas
lieu avant le futur Conseil JAI, en mars 2023. Klaus Iohannis doit également y
présenter plusieurs actions qu’il souhaite démarrer pour que la Roumanie
enregistre davantage de progrès dans son processus d’adhésion à l’espace Schengen.
(trad. Valentina Beleavski)