Une majorité pro-européenne au Parlement de Chişinău
Bogdan Matei, 11.07.2021, 01:00
Le Parti Action et Solidarité (PAS),
pro-occidental et proche de la présidente de la République de Moldova, a
remporté haut la main les élections législatives déroulées dimanche dans ce
petit pays majoritairement roumanophone. Après le dépouillement de la
quasi-totalité des urnes, PAS, fondé par la cheffe de l’État, Maia Sandu, a
raflé plus de la moitié des suffrages. Le Bloc électoral des communistes et des
socialistes (BECS), dont les dirigeants sont les anciens présidents pro-russes Vladimir
Voronin (communiste) et Igor Dodon (socialiste), ramasse environ un quart des
voix et se classe deuxième. Le parti populiste du sulfureux oligarque fugitif
Ilan Șor, protagoniste de plusieurs grosses affaires de corruption et déjà
condamné en première instance à six ans de prison, ce parti donc est le
troisième et dernier entré au nouveau Législatif, suite au scrutin de dimanche.
Aucune des quelque 20 autres listes de candidats n’a réussi à franchir le seuil
électoral.
Les deux partis qui soutiennent ouvertement la
réunification avec la Roumanie voisine – le Parti de l’Unité nationale (PUN) et
l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), une franchise du parti nationaliste
homonyme d’opposition au parlement de Bucarest – ont enregistré un score très
faible, de moins de 1% des suffrages. Selon les analystes et le plus récent
sondage d’opinion, les partisans de l’union avec la Roumanie continuent de
représenter plus de 40% des Moldaves, mais eux-aussi ont choisi de voter pour
le parti présidentiel.
Le 28 avril dernier, la présidente Maia
Sandu annonçait qu’elle avait signé le décret portant dissolution du parlement,
dominé par la gauche philo-russe et incapable d’investir un gouvernement, et
qu’elle avait convoqué des élections législatives anticipées le 11 juillet. De
l’avis des commentateurs, la cheffe de l’État a cherché à utiliser toutes les
procédures constitutionnelles, afin de dissoudre le plus rapidement possible l’ancien
Législatif, considéré comme le plus corrompu des trois décennies d’histoire de
la république ex-soviétique.
Élue, l’automne dernier, à la tête de la
République de Moldova sur un programme tourné vers l’Union européenne, Maia
Sandu a maintes fois accusé les anciens députés de vouloir saper son autorité.
Elle a plaidé pour la tenue d’élections législatives anticipées, afin d’obtenir
l’aide du Parlement dans la lutte contre la corruption et contre la pandémie de
coronavirus. Le score électoral sans précédent réalisé par un parti assumé de
droite, partenaire politique du Parti national libéral de Roumanie et du Parti
populaire européen, donne à la présidente tous les leviers du pouvoir. Elle
entretient des relations excellentes avec les responsables politiques de
Bucarest, la Roumanie ayant donné à la République de Moldova de nombreux
équipements médicaux et un demi-million de doses de vaccin anti-Covid-19. La
présidente est écoutée à Bruxelles, Paris ou Berlin.
Maia Sandu est néanmoins à la tête d’un des
pays les plus pauvres de notre continent, pays rongé par la corruption et miné
par le séparatisme pro-russe de Transnistrie (est). La victoire électorale de
dimanche a donc un poids énorme et la partie la plus difficile de son mandat ne
fait que commencer. (Trad. Ileana Ţăroi)