Le scénario rouge se répand en Roumanie
Bogdan Matei, 23.03.2021, 11:59
La semaine a mal démarré pour les Roumains.
Le nombre des cas de contamination au nouveau coronavirus ne cesse de croître,
les hôpitaux, notamment les services de soins intensifs, sont à nouveau saturés
et de plus en plus de villes passent au rouge. Concrètement, les zones ayant
plus de 3 cas de contamination pour 1000 habitants en 14 jours sont considérées
comme des zones rouges et on y impose davantage de restrictions.
La capitale, Bucarest, figure elle aussi dans
la zone rouge, aux côtés de plusieurs autres départements, dont Ilfov (son
voisin), Constanţa (sud-est), Timiş, Hunedoara, Cluj, Braşov, Alba et Sălaj
(dans la moitié ouest). C’est au département d’Ilfov, qui entoure pratiquement
la capitale et dont les villes sont des satellites de Bucarest, que l’on
enregistre le plus grand taux de contamination, plusieurs communes ayant déjà mis
en place des mesures de quarantaine. A noter que les habitants d’Ilfov sont
étroitement liés à la capitale, ils y font la navette pour travailler et pour
aller à l’école. Mais, pour l’instant les autorités locales n’envisagent pas un
confinement pour la capitale, la ville qui recense quand même le plus grand
nombre des cas positifs, mais qui est aussi la ville la plus peuplée et la plus
dynamique du pays d’un point de vue économique.
En même temps, de plus en plus de
commentateurs ne cachent pas leur scepticisme quant au confinement des villes,
suite à l’échec de Timişoara (importante ville de l’ouest du pays), où le taux d’incidence
n’a cessé de croître malgré les deux semaines de confinement déjà écoulées. Il en
va de même pour quatre communes de la proche banlieue de la ville.
Du coup les esprits s’agitent, les
responsables de Bucarest et de Timişoara échangeant des répliques acides et
contradictoires ces derniers jours. D’un côté, le président du Conseil départemental
de Timiş, le libéral Alin Nica, critique l’ordre du secrétaire d’Etat et chef
du Département pour les situations d’urgence, Raed Arafat. Il estime que la
décision de prolonger le confinement de Timişoara est abusive et cherche des moyens
de l’attaquer en justice. De l’autre côté, à Bucarest, le préfet, le maire de
la capitale et les édiles en chef des 6 arrondissements de la ville tentent
d’éviter le confinement de la métropole et se proposent de renforcer les
contrôles dans les centres commerciaux et les marchés.
Le premier ministre libéral, Florin Cîţu, veut
garder l’économie fonctionnelle, il écoutera donc toutes les opinions et les
avis des spécialistes. Il a de nouveau appelé au respect des normes en vigueur,
qui, à son avis, sont les moins dures de l’UE. Il est temps que les autorités
locales présentent leurs solutions, affirme encore le premier ministre.
Dans l’opposition, les sociaux-démocrates déclarent
haut et fort que le pouvoir central n’assume pas la responsabilité pour sa
manière de gérer cette nouvelle vague de la pandémie et qu’il tente de
transférer la responsabilité aux pouvoirs locaux.
Entre temps, la patience des Roumains faiblit.
Ce weekend, des manifestations ont eu lieu à Bucarest et dans d’autres villes
du pays, comme partout en Europe d’ailleurs, contre les restrictions imposées
il y a plus d’une année. (Trad. Valentina Beleavski)