Une nouvelle tragédie frappe le système sanitaire roumain
Ştefan Stoica, 29.01.2021, 12:55
Les tragédies s’enchaînent
dans les hôpitaux roumains, comme si la pression de la pandémie ne suffisait
pas déjà. En novembre dernier, lorsque la Roumanie rapportait chaque jour quelque
10 000 cas de contamination au coronavirus, l’unité de soins intensifs de l’Hôpital
départemental des urgences de Piatra Neamţ (nord-est) a été frappée par un
incendie dévastateur qui a fait 10 victimes parmi les patients. Après cet incident,
les équipes des Directions de santé publique et de l’Inspection générale pour
les situations d’urgence ont démarré des contrôles dans tous les services de
réanimation du pays pour s’assurer du bon fonctionnement des équipements
médicaux. On a découvert ainsi qu’il existe des départements où aucun hôpital
ne dispose d’avis de sécurité incendie. A ce moment-là, un syndicat des
salariés du système médical mettait en garde contre le fait que la tragédie de
Piatra Neamţ pouvait se répéter n’importe où en Roumanie, à n’importe quel
moment, vu l’ancienneté des équipements et le fait que le personnel médical est
surchargé, voire épuisé.
Et voilà que ce
vendredi, un nouvel incendie s’est déclaré à Bucarest, à l’Institut national de
maladies infectieuses Matei Balş, établissement médical d’élite, en première
ligne de la lutte contre la pandémie, qui accueille des malades de Covid-19 en
état moyen à sévère ou critique. Plusieurs patients en sont tombés victimes. D’autres
ont été évacués d’urgence et transférés à d’autres hôpitaux, dont l’Institut de
pneumo-phtisiologie « Marius Nasta » de Bucarest. Sa directrice, Beatrice
Malher, a déclaré pour la Radio publique que les investissements dans l’infrastructure
médicale étaient obligatoires et devaient être faits dans les plus brefs
délais.
Son avis est partagé
par le ministre de la Santé, Vlad Voiculescu. Il affirme toutefois que la
responsabilité de démarrer un tel processus revient au manager d’un hôpital :
« Avant de parler de changements majeurs dans le système sanitaire, il faut avoir
un management qui fasse son travail à tous les niveaux. Oui, souvent il est
nécessaire d’avoir un financement qui peut provenir de plusieurs sources. Or,
la plupart des fois, c’est au manager d’un hôpital de s’en occuper. On ne
devrait pas se perdre dans des questions de politique sanitaire générale. En
fait, un bâtiment ne prend pas feu à cause du système, mais à cause du fait que
certaines normes n’ont pas été respectées et parce que certains investissements
n’ont pas été réalisés ou ont été mal faits. »
Le sénateur social
– démocrate (d’opposition) et ancien directeur de l’Institut Matei Bals, le Pr
Adrian Streinu Cercel, assure que tous les avis dont dispose cet établissement
médical sont conformes. Le bâtiment touché par l’incendie est ancien, mais il
avait été modernisé y compris en ce qui concerne l’approvisionnement en oxygène,
a-t-il précisé.
Pour sa part, la
presse bucarestoise a dressé l’inventaire des incidents similaires qui se sont
produits dans les hôpitaux roumains, trouvant pas mal de cas. Le plus grave a
eu lieu en août 2010, lorsque l’unité de soins intensifs d’une grande maternité
de Bucarest a pris feu, causant la mort de 5 nouveau-nés. (Trad. Valentina
Beleavski)