Disputes politiques autour de la majoration des pensions de retraite
Bogdan Matei, 23.09.2020, 14:10
Le premier ministre roumain, Ludovic Orban :
« Le gouvernement que nous dirigeons contestera cette loi à la Cour constitutionnelle.
Ce qui plus est, nous n’accepterions jamais ces majorations sans aucun
fondement. Nous ne pouvons pas rester impassibles alors que le destin de la Roumanie
est mis entre parenthèses par une bande d’irresponsables qui se moquent de la
Roumanie. Tous les leviers constitutionnels et légaux dont nous disposons
seront utilisés pour empêcher l’entrée en vigueur de cette aberration
économique. »
Les sociaux-démocrates, préférés par les
retraités depuis toujours, affirment que l’argent nécessaire à cette majoration
substantielle est disponible. Alfred Simonis, leader du groupe social-démocrate
de la Chambre des Députés, accuse les libéraux et leur patron politique, le
président roumain, Klaus Iohannis, d’avoir initialement soutenu eux aussi la
majoration des retraites. Il affirme qu’à l’abri de la crise générée par
l’épidémie de Covid-19, le pouvoir ne fait que gaspiller arbitrairement
l’argent public.
Alfred Simonis : « Avant d’arriver
au pouvoir, votre gouvernement et le président de la Roumanie ont annoncé
qu’ils allaient appliquer cette loi, puis vous avez brusquement changé d’avis.
Certaines des personnes que vous appelées bénéficiaires d’aides sociales n’ont que
quelques années, sinon quelques mois à vivre. Pensez à cela lorsque vous tentez
de bloquer la prospérité, pour quelques mois et années seulement, de tous ces
gens-là. Arrêtez les dépenses injustifiées et les affaires douteuses et vous trouverez
l’argent nécessaire », a martelé Alfred Simonis, leader du groupe
social-démocrate de la Chambre des Députés.
Officiellement au-delà des jeux et des enjeux
politiques, la Banque centrale avertit elle aussi que la majoration de 40% des
retraites porterait le déficit budgétaire l’année prochaine au-dessus de la
barre des 11% du PIB. « Au lieu
d’une correction ordonnée s’étalant sur plusieurs années, nous serons tenus de
procéder à une correction désordonnée, très coûteuse du point de vue économique
et social », affirme la Banque centrale. Les patronats et les associations
des hommes d’affaires craignent également que de telles dépenses impossibles à
soutenir par le budget, introduites pour des raisons purement électorales, ne
constituent des facteurs de risque majeurs pour la Roumanie. (Trad. Alex Diaconescu)