Lecture de la motion de censure au Parlement
Ştefan Stoica, 21.08.2020, 12:54
2020 est une année
électorale en Roumanie, où des élections locales et législatives sont prévues à
l’automne, sur fond de crise engendrée par la pandémie, qui a ouvert un large
champ de bataille politique. A seulement quelques jours du congrès censé élire
la direction du Parti social-démocrate, le plus important parti parlementaire
de Roumanie a déposé une motion de censure contre le cabinet libéral
minoritaire de Ludovic Orban. La lecture du texte a eu lieu devant les élus
nationaux jeudi. Dans le document, les sociaux-démocrates critiquent la gestion,
par le gouvernement, de la crise sanitaire provoquée par le nouveau coronavirus
et lui reprochent l’achat d’un nombre insuffisant d’équipements médicaux pour
combattre l’épidémie.
Le PSD estime que les libéraux ont complètement perdu le
contrôle de la pandémie, qu’ils ont détruit l’économie nationale, avec, comme
conséquence directe, la baisse du niveau de vie de la population. Plus grave
encore, l’Exécutif est corrompu, affirment les sociaux-démocrates, qui
invoquent, comme arguments, un rapport de la Cour des comptes et une enquête
des procureurs de la Direction nationale anti-corruption concernant les achats
publics. Le document, lu au Parlement par le sénateur social-démocrate Lucian
Romaşcanu, reproche au Cabinet Ludovic Orban l’absence de mesures économiques
concrètes et les prêts contractés pendant toute cette période. « En seulement neuf mois d’activité du
gouvernement, le ministre des finances a emprunté plus de 105 milliards de lei
(près de 22 milliards d’euros), quatre fois de plus que le gouvernement PSD. A
une vitesse d’emprunt de 1.000 euros par seconde, le poids de la dette
gouvernementale a explosé à 40% du PIB au mois de mai de l’année 2020. »,
a affirmé le sénateur Lucian Romaşcanu.
De son côté, le premier
ministre Ludovic Orban a nié toutes les accusations et qualifié d’irresponsable
la démarche de ses adversaires politiques. « Tout
est un mensonge éhonté, et l’idée de déposer une motion de censure dans la
situation actuelle de la Roumanie est une démarche irresponsable, un énorme mépris
de l’intérêt fondamental de la Roumanie, en ce moment. Comment peut-on laisser
le pays sans gouvernement alors que nous luttons contre la pandémie, contre la
crise économique aussi, et que nous devons mettre en œuvre le programme de
relance de l’économie et préparer la rentrée scolaire ? », s’est
interrogé le premier ministre Ludovic Orban.
Pour passer au Parlement, la motion a aussi
besoin de recueillir des votes dans d’autres groupes parlementaires que celui
social-démocrate. Le Parti Pro România a promis au PSD de voter en faveur de la
motion. L’Union démocrate magyare de Roumanie ne s’est pas encore décidée,
tandis que le gouvernement semble être soutenu par l’Union Sauvez la Roumanie et
par le Parti du Mouvement populaire. Une motion de censure déposée au cours d’une
session extraordinaire du Législatif est une première pour les trois décennies
de parlementarisme postcommuniste roumain. C’est la raison pour laquelle le PNL
considère que cette démarche est contraire à la Loi fondamentale du pays et
demande à la Cour constitutionnelle de se prononcer là-dessus. Pour le PSD, l’action
des libéraux est sans fondement et montre la détresse qui règne dans les rangs
du PNL. (Trad : Ileana Ţăroi)