Motion de censure contre le gouvernement de Ludovic Orban
Roxana Vasile, 18.08.2020, 12:09
Chose
promise, chose due, en début de cette semaine, le Parti social-démocrate (PSD, principal
parti de l’opposition de Roumanie) a déposé une motion de censure contre le
gouvernement minoritaire du libéral Ludovic Orban. Celui-ci avait déjà été
débarqué de la même manière, mais sur toile de fond de la crise sanitaire qui
s’annonçait à ce moment-là et du besoin de stabilité politique, il avait
récupéré sa fonction, bénéficiant aussi du vote de l’opposition. Toutefois, les
sociaux-démocrates n’ont pas renoncé à leurs démarches contre ce cabinet qu’ils
considèrent comme le plus faible que le pays ait connu ces 30 dernières années.
Ils lui reprochent notamment la gestion de la crise engendrée par la pandémie
de coronavirus, ainsi que les mesures prises en vue de la relance économique.
« Le
gouvernement Orban a fait plonger le pays dans une crise économique qu’il ne
peut pas contrôler et le temps est venu qu’il soit destitué », a déclaré le
leader par intérim du PSD, Marcel Ciolacu : « Un gouvernement qui vole de
son propre peuple doit partir. Un gouvernement qui mène la Roumanie à un
désastre économique doit partir. Un gouvernement qui fraternise avec les
réseaux criminels, mais qui accable d’amendes les Roumains, doit partir. Un
gouvernement qui ne respecte pas les lois en vigueur et refuse d’accroître les
allocations familiales, les salaires et les pensions de retraite, doit partir.
Cette motion est soutenue par près d’un million de Roumains qui veulent que
leurs droits soient respectés. C’est pourquoi, ici, au Parlement, nous allons
dire stop au pillage et à l’incompétence du Parti National Libéral (PNL) ».
De
l’autre côté de la barricade, le premier ministre Ludovic Orban rejette ces
accusations, estimant que la démarche du PSD est irresponsable. Il affirme
aussi explorer l’option de saisir la Cour Constitutionnelle, vu qu’une motion
de censure ne peut pas être déposée pendant les vacances parlementaires.
Ludovic
Orban : « C’est une aventure politicienne qui ne repose sur aucun
objectif pour la Roumanie et qui risque de faire dérailler le pays, dans un
moment extrêmement difficile, où il est absolument nécessaire d’avoir un
gouvernement aux pleins pouvoirs », a déclaré le premier ministre.
La
motion a été signée par 205 élus, alors que, pour passer, la motion doit
recueillir 233 voix favorables. Les sociaux-démocrates sont soutenus dans cette
démarche par l’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE) et par le parti PRO
Romania, également d’opposition. L’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR)
ne s’est pas encore décidée. En revanche, la motion est critiquée par l’Union
Sauvez la Roumanie et par le Parti du Mouvement populaire, de l’avis desquels
ce n’est pas le moment de remplacer le gouvernement, compte tenu de la
situation sanitaire, de la rentrée scolaire qui approche et des élections
locales prévues le 27 septembre. Par conséquent, les principaux acteurs de la
scène politique roumaine ne cessent de s’accuser les uns les autres de vouloir
s’emparer du pouvoir afin de multiplier leurs chances électorales. La lecture
de la motion de censure est prévue jeudi, au plénum du Parlement. Le débat et
le vote auront lieu plus tard. (Trad. Valentina Beleavski)