La fin du gouvernement PSD
2019 se préfigure une année noire pour le parti qui domine depuis 3 décennies la scène politique roumaine post-communiste. En mai dernier, le Parti Social-Démocrate (PSD) a connu une défaite sans équivoque aux élections euro-parlementaires au bénéfice du Parti National Libéral (PNL). Le lendemain, l’homme fort du parti et de la coalition gouvernementale, Liviu Dragnea, était condamné à prison ferme pour des faits de corruption. Le mois dernier, le partenaire junior du PSD au pouvoir, l’Alliance des Libéraux et des démocrates (ALDE) a quitté la coalition pour rejoindre l’opposition, le cabinet de la sociale-démocrate Viorica Dancila devenant ainsi minoritaire. En lice pour le fauteuil présidentiel, Mme Dancila est devancée dans les sondages d’opinion par le président en exercice, Klaus Iohannis, soutenu par les Libéraux.
Bogdan Matei, 10.10.2019, 14:50
Qui plus est, ce jeudi, Viorica Dancila et son cabinet ont perdu le pouvoir exécutif, vu que le Parlement bicaméral de Bucarest a adopté la motion de censure déposée par l’opposition libérale. Intitulé « Pour reconstruire la Roumanie, le gouvernement Dancila doit être destitué d’urgence ! », le document a reçu le vote favorable de 238 sénateurs et députés. Il avait déjà été signé par 237 parlementaires de toutes les couleurs politiques, par des indépendants et même par des sociaux-démocrates. Pour faire passer la motion et destituer le gouvernement, le texte devait réunir 233 votes favorables. Selon les signataires de la motion, le cabinet de Mme Dancila est le gouvernement le plus nocif que la Roumanie ait connu ces 30 dernières années. Les libéraux se disent prêts à adopter un programme de gouvernance responsable, ciblé sur le développement et la modernisation du pays et capable de garantir la prospérité réelle pour chaque citoyen.
Aux termes de la Constitution, c’est le président Klaus Iohannis qui joue en ce moment le rôle principal. C’est à lui de convoquer aux consultations les partis parlementaires, avant de désigner le futur premier ministre. Celui-ci aura 10 jours à sa disposition pour former un cabinet et rédiger un programme de gouvernance qu’il soumettra au vote du Parlement.
Une autre variante est celle où l’actuel gouvernement reste en place, en tant que cabinet par intérim, avec des attributions limitées, dans l’attende des élections présidentielle de novembre. A ce moment-là ce sera au nouveau chef d’Etat de désigner un premier ministre qui cherche une majorité au Parlement.
Un troisième scénario est celui des élections anticipées, au cas où les parlementaires ne valident pas le nouveau gouvernement dans un délai de 60 jours depuis la première demande et s’ils rejettent deux propositions pour l’Exécutif.
Politiquement parlant, c’est la fin d’une époque, notent déjà certains commentateurs.
Rappelons-le, en décembre 2016 le PSD remportait une victoire retentissante au scrutin législatif, avec un score record de 45% des voix. Par la suite, celui qui avait mené le parti vers la gloire, Liviu Dragnea, démolissait deux de ses propres cabinets, car irrité par le manque d’obéissance des premiers ministres qu’il avait proposés. D’abord, Sorin Grindeanu fut destitué par motion de censure introduite par son propre parti, un geste sans précédent pour la politique roumaine. Ensuite, son successeur, Mihai Tudose, était forcé à présenter sa démission. Ce n’est que par la chute définitive de Viorica Dancila, considérée comme la plus fidèle de ses adeptes, que Liviu Dragnea quitte définitivement la scène politique de Roumanie. (Trad. Valentina Beleavski)