La Roumanie à l’attente de l’élection présidentielle
Ştefan Stoica, 26.08.2019, 13:15
L’élection présidentielle
est le scrutin qui passionne le plus la Roumanie depuis la chute de la
dictature communiste en 1989, chose valable même lorsque les jeux semblaient
faits en faveur d’un certain candidat. Il est d’ailleurs arrivé trois fois que
l’aspirant au fauteuil présidentiel le mieux placé dans les sondages subisse
une défaite cuisante. A chaque fois, le perdant représentait la gauche politique,
et le vainqueur – la droite. Traian
Băsescu a écrasé, en 2004 et en 2009, le rêve des sociaux-démocrates de
produire un autre président après Ion Iliescu, personnage central de la scène
politique roumaine des premières années de démocratie post-communiste.
Si M. Băsescu avait
obtenu des victoires électorales serrées, celle réussie en 2014 par l’actuel
chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a été non seulement spectaculaire, mais aussi
sans équivoque. Cinq ans plus tard, M. Iohannis, soutenu par le principal parti
d’opposition, le Parti national libéral, fait lui aussi figure de grand favori
de la prochaine présidentielle. L’écart qui le sépare, dans les sondages, des
autres candidats, déclarés ou potentiels, est tellement important que, selon
certaines voix, il sortirait gagnant au premier tour de scrutin. Ce qui est
pratiquement impossible, puisqu’il aurait besoin des votes de plus de neuf
millions d’électeurs, c’est-à-dire de la moitié simple de l’électorat roumain.
Adversaire redoutable du Parti social-démocrate, dont il a réussi, malgré des
prérogatives limitées, à bloquer la réforme controversée de la justice, Klaus
Iohannis a également été la cible des opinions critiques de ceux qui lui
reprochent d’avoir agi sans suffisamment d’énergie. Partisan convaincu des
relations atlantiques et européennes, Klaus Iohannis est vu à Washington et
Bruxelles comme étant le principal garant de l’Etat de droit et d’une justice
indépendante. Plus encore, cet automne, il recevra l’appui d’un parti fort, qui,
lors du scrutin européen du mois de mai, a fait la preuve de sa capacité à
mobiliser ses troupes pour atteindre un objectif électoral majeur.
Les contre-candidats de poids de M. Iohannis
sont la cheffe du Parti social-démocrate et du gouvernement, Viorica Dăncilă,
et le représentant de l’Alliance Union Sauvez la Roumanie – PLUS, Dan Barna. Afin
d’augmenter ses chances, M. Barna, lui aussi très critique des lois mises en
place par l’Exécutif de gauche dans les domaines juridique et économique, prend
ses distances avec Klaus Iohannis, dont il affirme appartenir à une classe politique
moralement épuisée et responsable, selon lui, de la stagnation des dernières
années. Personnage pratiquement inconnu avant son entrée dans l’arène politique,
poussée par l’ancien leader social-démocrate Liviu Dragnea, Viorica Dăncilă s’est
imposée comme leader et candidate du parti à l’élection présidentielle après l’incarcération,
en mai dernier, de Liviu Dragnea, condamné pour corruption. Le discours de Mme
Dăncilă reprend tous les thèmes chers à la gauche – éducation, protection des
défavorisés, santé. L’objectif en est clair – arriver au second tour de
scrutin, où l’impossible peut devenir possible, comme l’histoire l’a déjà prouvé.
A l’heure qu’il est, la présidentielle se joue à trois. Toutefois, le Parti du Mouvement
populaire propose un candidat intéressant, le professeur, essayiste et
diplomate Theodor Paleologu, grâce auquel le parti espère raviver la
compétition pour la fonction suprême dans l’Etat, en y ajoutant un plus d’imprévisibilité
et sans aucun doute de qualité intellectuelle. (Trad. : Ileana Ţăroi)