Une grave crise politique à Chișinău
Démis de ses fonctions dimanche et remplacé par son premier ministre, le président philorusse de la République de Moldova, Igor Dodon, a lancé un appel à la médiation internationale afin de mettre un terme à la crise sans précédent qui frappe le pays, la pire crise de ces trois décennies d’indépendance. Concrètement, deux camps se confrontent actuellement à Chișinău : d’une part, la Cour Constitutionnelle et le gouvernement démocrate en place, les deux contrôlés par l’oligarque Vladimir Plahotniuc, accusé de tous les maux qu’a connus la République et de l’autre, le chef de l’Etat, Igor Dodon et la nouvelle majorité parlementaire.
Bogdan Matei, 10.06.2019, 13:04
Démis de ses fonctions dimanche et remplacé par son premier ministre, le président philorusse de la République de Moldova, Igor Dodon, a lancé un appel à la médiation internationale afin de mettre un terme à la crise sans précédent qui frappe le pays, la pire crise de ces trois décennies d’indépendance. Concrètement, deux camps se confrontent actuellement à Chișinău : d’une part, la Cour Constitutionnelle et le gouvernement démocrate en place, les deux contrôlés par l’oligarque Vladimir Plahotniuc, accusé de tous les maux qu’a connus la République et de l’autre, le chef de l’Etat, Igor Dodon et la nouvelle majorité parlementaire.
Samedi et dimanche, le conflit a battu son plein. La Cour Constitutionnelle a décidé de suspendre Dodon de ses fonctions et de le remplacer par le premier ministre démocrate, Pavel Filip. Celui-ci a aussitôt dissous le Parlement et convoqué des législatives anticipées pour le 6 septembre. Pour leur part, les députés socialistes et ceux de l’alliance pro-européenne ACUM de Maia Sandu, ont mis en place un autre gouvernement avec, à sa tête, cette ancienne candidate au fauteuil présidentiel.
Les deux équipes gouvernementales s’accusent réciproquement de vouloir s’emparer du pouvoir. De l’avis de Maia Sandu, le Parti démocrate présidé par Plohotniuc bloque le bon fonctionnement de l’Etat. Du coup, la nouvelle cheffe de cabinet moldave a lancé un appel aux fonctionnaires publiques et aux salariés des institutions chargées de la sécurité d’assurer un transfert pacifique de pouvoir. En réplique, Plahotniuc a encouragé ses supporters à sortir dans la rue, en leur demandant d’être prêts à défendre les institutions de l’Etat.
Dans ce contexte, dimanche, le président de la Roumanie, Klaus Iohannis a adressé à toutes les forces politiques moldaves un appel ferme au respect de la démocratie et de l’Etat de droit. « La stabilité de la République de Moldova est essentielle pour la poursuite du parcours européen de ce pays qui s’est engagé à mener à bout un ample processus de réformes, y compris en ce qui concerne l’Etat de droit et la bonne gouvernance », lit-on dans un communiqué de l’Administration présidentielle de Bucarest. De même, le gouvernement de Bucarest affirme suivre de près les évolutions politiques au pays voisin, dont il appelle les forces politiques à respecter le processus démocratique.
A son tour, la Commission européenne a fait un appel au calme en République de Moldova. Dans une déclaration commune, la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini et le commissaire européen à la Politique de voisinage, Iohannes Hahn, affirment que l’UE est prête à collaborer avec le gouvernement de Chisinau légitime d’un point de vue démocratique, sur la base d’un engagement réciproque face aux réformes et aux principes fondamentaux consacrés dans l’accord d’association.
De l’avis de Moscou, il est extrêmement important que les forces qui régissent le parcours extérieurs du développement de la République de Moldova expriment la vraie volonté du peuple.
Cette crise intervient au bout de trois mois et demi de tentatives échouées de constituer une majorité parlementaire, suite aux élections parlementaires du 24 février dernier lors desquelles les socialistes pro-russes d’Igor Dodon, le Parti Démocrate et le bloc ACUM se sont adjugés, chacun environ un tiers des mandats de député. De l’avis des analystes, cela témoigne de la fragmentation dramatique qui existe aussi au sein de la société moldave, partagée entre les pro-occidentaux, adeptes de la lutte contre la corruption, et les pro-russes, partisans d’un régime politique clientéliste. (Trad. Ioana Stăncescu, Valentina Beleavski)