La première ministre roumaine, à Bruxelles
Le ton semble avoir changé entre le
gouvernement roumain et les institutions européennes, après une longue période
où l’Europe n’a pas arrêté de lancer de sérieux avertissements à Bucarest. La
première ministre roumaine et présidente par intérim du Parti social-démocrate
roumain, Viorica Dăncilă, a reçu des encouragements des leaders de la
Commission européenne, face à son engagement d’arrêter les controversées
réformes en matière de justice.
Ştefan Stoica, 05.06.2019, 13:03
Le ton semble avoir changé entre le
gouvernement roumain et les institutions européennes, après une longue période
où l’Europe n’a pas arrêté de lancer de sérieux avertissements à Bucarest. La
première ministre roumaine et présidente par intérim du Parti social-démocrate
roumain, Viorica Dăncilă, a reçu des encouragements des leaders de la
Commission européenne, face à son engagement d’arrêter les controversées
réformes en matière de justice.
La rencontre vient après l’échec aux
européennes du PSD, principal parti de la coalition au pouvoir en Roumanie, et
après l’emprisonnement de l’ex-leader socialiste, Liviu Dragnea, définitivement
condamné pour faits de corruption. Le respect de l’Etat de droit et
l’indépendance de la justice sont les sujets qui ont dominé les discussions
entre la cheffe du cabinet de Bucarest, Viorica Dăncilă, le président de la
Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier vice-président de
l’institution, Frans Timmermans. La responsable de Bucarest a assuré ses
interlocuteurs que la Roumanie souhaitait avoir une justice indépendante et
respecter les droits de ses citoyens. Quant au Mécanisme de coopération et de
vérification (MCV), elle a précisé que les discussions doivent être reprises
point par point, car une partie des demandes peuvent être implémentées et
d’autres non, car elles vont à l’encontre des décisions de la Cour
constitutionnelle roumaine.
Viorica Dăncilă : « J’ai
répété ce que j’avais affirmé lors de la prise de la présidence par intérim du
parti : il n’y aura plus de décrets gouvernementaux sur la justice. Cette
discussion sur la justice n’existe plus pour nous, nous souhaitons réellement que
la justice soit indépendante, nous voulons un Etat de droit et, dans le même
temps, le respect des droits et des libertés des citoyens. Nous avons aussi
parlé du Mécanisme de coopération et de vérification, où nous voulons reprendre
les discussions de manière ponctuelle. Il n’y a eu aucune menace du premier
vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, envers la
Roumanie. »
Les responsables européens ont salué
l’engagement du gouvernement roumain relatif à la justice et son désir de
reprendre immédiatement le dialogue dans le cadre du MCV, pour faire des
progrès dans la réforme du système judiciaire et dans la lutte contre la
corruption. Il n’y a pas si longtemps, la Commission européenne menaçait la
Roumanie de prendre des mesures radicales à son encontre, y compris
l’activation de l’article 7 du traité de l’Union européenne, si elle constatait
des violations des valeurs européennes dans le pays.
Selon un communiqué de l’exécutif roumain,
Jean-Claude Juncker a remercié la cheffe du cabinet de Bucarest pour l’activité
excellente, jusqu’à présent, de la Présidence roumaine du Conseil de l’Union. Plus
de 100 dossiers ont été finalisés ces derniers mois, dont les plus importants
visent l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, l’Autorité
européenne du travail, la Directive européenne du droit d’auteur et la
Directive européenne sur le Gaz.
Sur le plan politique, le PSD a aussi à
rapiécer sa relation détériorée avec les socialistes européens. Les inquiétudes
quant à l’Etat de droit et l’indépendance de la justice en Roumanie avaient
déterminé le PS européen à geler ses relations avec les sociaux-démocrates
roumains. La première ministre Dăncilă a profité de sa visite à Bruxelles pour
rencontrer également le président du PSE, Sergei Stanishev. Son interlocuteur a
fait parvenir un message de confiance quant à la capacité du PSD à se réformer.
Viorica Dăncilă, elle, a transmis aux socialistes européens que le PSD a toute
sa place dans cette famille politique et que son parti fera tous les efforts nécessaires
pour continuer dans cette voie. (Trad. Elena Diaconu)