Remaniement gouvernemental d’envergure à Bucarest
L’actuel gouvernement formé par le Parti Social-Démocrate et l’Alliance des libéraux et des démocrates (PSD-ALDE) et dirigé par le premier ministre social-démocrate Viorica Dăncilă, a été investi en janvier dernier. Et il subit déjà en novembre, un remaniement d’envergure.
Bogdan Matei, 20.11.2018, 13:05
L’actuel gouvernement formé par le Parti Social-Démocrate et l’Alliance des libéraux et des démocrates (PSD-ALDE) et dirigé par le premier ministre social-démocrate Viorica Dăncilă, a été investi en janvier dernier. Et il subit déjà en novembre, un remaniement d’envergure.
Les libéraux-démocrates, partenaires des sociaux-démocrates au sein de la coalition au pouvoir, gardent leurs cinq ministres. Mais le Comité exécutif national du PSD a décidé lundi de changer huit ministres. Gabriel Leş retrouve la tête du ministère de la Défense. Son prédécesseur Mihai Fifor l’a quitté pour coordonner les différents départements du PSD. Le président de la commission chargée du budget et des finances au sein de la Chambre des Députés, Marius Budăi, assume désormais le portefeuille du Travail et de la Justice Sociale. Ce poste était détenu jusqu’ici par Lia Olguţa Vasilescu. Cette dernière était proposée au ministère des Transports, pour remplacer Lucian Şova. Le sénateur Niculae Bădălău est proposé ministre de l’Economie, en remplacement de Dănuţ Andruşcă. L’ancien ministre des PME, Alexandru Petrescu, rejoint l’équipe gouvernementale en tant que ministre des Communications. Il remplace Petru Bogdan Cojocaru. Le mathématicien Daniel Breaz assume lui le portefeuille de la Culture, détenu jusqu’ici par l’acteur George Ivaşcu. Enfin, le sénateur Constantin-Bogdan Matei remplace Ioana Bran à la tête du ministère de la Jeunesse et du Sport.
Pour sa part, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis n’est pas d’accord avec toutes les propositions du PSD. Il n’a pas accepté que Mme Lia Olguta Vasilescu remplace Lucian Sova à la tête du ministère des Transports, ni M Ilan Laufer en tant que ministre du Développement à la place de Paul Stanescu, ce dernier ayant été devenu indésirable pour le chef du parti, Liviu Dragnea. Le président Iohannis, qui n’a jamais cessé de critiquer l’Exécutif, a affirmé mardi que ce remaniement était une solution faible, alors que la solution correcte serait de changer l’ensemble du gouvernement. On a besoin de ministres capables de faire de la performance, notamment dans la perpective de la présidence tournante de l’UE que la Roumanie assumera à compter du 1er janvier 2019, estime le chef de l’Etat.
Le même argument avait été invoqué lundi par la première ministre Viorica Dancila : « Nous souhaitons dynamiser l’activité dans certains domaines. Il y a des domaines où l’on peut mieux le faire, et c’est ce que nous avons pris en compte en proposant ce remaniement gouvernemental. Nous assumerons bientôt la présidence du Conseil de l’Union Européenne et nous avons besoin de personnes qui ont plus d’expérience, qui s’impliquent davantage et c’est là la seconde raison du remaniement qui a été opéré. »
Le président du Parti National Libéral – d’opposition – Ludovic Orban, est lui d’avis que le PSD n’a pas réussi à respecter ses promesses électorales. Il critique également les pratiques du pouvoir, qu’il accuser de clientélisme politique. Ludovic Orban : « Ce remaniement n’apporte rien de bon au fonctionnement du gouvernement, il ne fait qu’y installer d’autres incompétents, d’autres personnes qui n’ont rien à voir avec le domaine où ils devront exercer leur activité et qui sont choisis selon l’unique critère de leur fidélité, de leur soumission à Dragnea. »
L’harmonie va-t-elle enfin régner au sein du PSD après cette nouvelle rotation aux postes à responsabilité ? La presse est plutôt sceptique. Elle note aussi que le chef de l’Etat le droit de refuser une seule fois les propositions pour l’équipe gouvernementale et estime que la guerre politique entre le président et le gouvernement prendra à nouveau la forme des contestations en justice. (Trad. Dominique)