Après le débat sur la situation de l’Etat de droit en Roumanie au Parlement européen
La première ministre sociale-démocrate de Bucarest, Viorica Dăncilă, a été présente à Strasbourg, alors que le gouvernement qu’elle dirige traverse une période de questions et de réponses dans ses rapports avec l’Union européenne, sur la toile de fond des mécontentements relatifs à la modification des lois de la justice. Ces mécontentements ont culminé par les heurts dans la capitale, au meeting du 10 août.
Roxana Vasile, 04.10.2018, 12:30
La première ministre sociale-démocrate de Bucarest, Viorica Dăncilă, a été présente à Strasbourg, alors que le gouvernement qu’elle dirige traverse une période de questions et de réponses dans ses rapports avec l’Union européenne, sur la toile de fond des mécontentements relatifs à la modification des lois de la justice. Ces mécontentements ont culminé par les heurts dans la capitale, au meeting du 10 août.
Mardi, lors des débats à la Commission des Libertés civiles du Parlement européen, le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, avait mis en garde que si la conclusion était que les règles communautaires sont violées, Bruxelles n’hésiterait pas à assigner le gouvernement roumain devant la Cour de justice de l’Union européenne. Un débat s’est ensuivi, mercredi, en session plénière du Parlement de Strasbourg, sur la situation de l’Etat de droit en Roumanie.
La première ministre roumaine, Viorica Dăncilă, a déclaré ne pas s’être présentée devant le Parlement européen pour rendre des comptes, mais par respect pour les institutions européennes et qu’elle s’attendait à ce que la Roumanie soit traitée comme les autres Etats membres. La cheffe du gouvernement a souligné qu’un système de justice viable doit être construit tout d’abord pour les citoyens, et non pas pour les magistrats, les politiciens et les institutions. Elle a également estimé que le Mécanisme de coopération et de vérification, censé initialement aider la Roumanie à remédier ses problèmes de corruption, avait ses limites, car les rapports du MCV ne mentionnent rien sur les protocoles secrets, récemment révélés, entre les services du renseignement de Roumanie et les Parquets.
Viorica Dăncilă: « Ce Mécanisme a échoué dans la mission pour laquelle il a été créé et je demande officiellement à ce que l’on nous dise qui a rédigé les rapports du MCV, qui a fourni les données et a omis par négligence ou par mauvaise foi ces réalités inconcevables dans l’Union européenne. »
Les déclarations de Viorica Dăncilă ont engendré des réactions différentes de la part des eurodéputés roumains ; certains ont critiqué la position exprimée par le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, et d’autres se sont fait des reproches les uns aux autres ou ont fustigé le gouvernement roumain en place.
En Roumanie, la justice doit être rendue uniquement dans les salles d’audience, et non pas en vertu de protocoles secrets et d’accords occultes – ont dit certains. La Roumanie n’est pas synonyme d’un groupe de politiciens corrompus, dont la justice est l’adversaire principal – ont déclaré certains autres. Dans ce pays, les positions des représentants des partis parlementaires ont été, là encore, totalement divergentes. Les leaders des partis au pouvoir, le Parti social-démocrate et l’Alliance des libéraux et des démocrates, ont loué la prestation de la première ministre, remarquant que la situation des protocoles n’avait figuré dans aucun des 11 rapports du MCV.
En revanche, le Parti national libéral et l’Union Sauvez la Roumanie, d’opposition, ont été d’avis que Mme Dăncilă avait présenté une réalité parallèle. Le président de l’USR, Dan Barna : « Mme Dăncilă est allée là-bas pour essayer de convaincre toute l’Europe que le blanc est noir. Pratiquement, c’était un véritable spectacle de théâtre de l’absurde que de suivre la prestation de Mme Dăncilă ».
Le Parlement européen adoptera, le mois prochain, une résolution sur la situation de Roumanie. Et c’est toujours en novembre que la Commission européenne rendra public un nouveau rapport du MCV. (Trad. Ligia Mihaiescu)