La Hongrie et l’article 7
Avec 448 voix pour, 197 contre et 48 abstentions, le Parlement européen a décidé mercredi de demander à l’Union de réagir à la menace qui plane sur le respect des valeurs européennes en Hongrie, et d’activer la procédure dite de l’article 7. Qualifié souvent de véritable arme nucléaire institutionnelle, cet article risque de mener à la suspension du droit de vote du pays concerné au Conseil de l’UE. Le vote de mercredi succède à un débat, mardi, à Bruxelles, en marge d’un rapport où le premier ministre Viktor Orban et son parti, le Fidesz, sont accusés de corruption, de violation des droits des minorités, d’abus envers les migrants et d’érosion de la liberté de la presse et des libertés sociales et académiques. De l’avis de la députée européenne Judith Sargentini, auteur du dit document et membre du groupe des Verts, la Hongrie bafoue les principes européens et s’éloigne de l’image d’une démoratie entièrement fonctionnelle.
Ştefan Stoica, 13.09.2018, 12:13
Cela fait 8 ans déjà que le pays est en chute libre et que ses citoyens voient leurs libertés entravées. En plus, les derniers changements de la loi électorale en Hongrie font qu’à l’heure où l’on parle, l’opposition politique a du mal à dérouler des campagnes électorales censées déboucher sur des élections correctes. C’est la première fois que le Parlement européen use de son droit d’initiative pour demander au Conseil européen de se prononcer sur la situation de l’Etat de droit en Hongrie. La procédure enclenchée par l’orgqne législatif européen avait déjà été déclenchée cette année une première fois par le Conseil contre la Pologne.
Dans un discours sur l’Etat de la nation prononcé le jour du vote, le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker avait affirmé que l’Exécutif européen est prêt à activer l’article 7 pour lutter contre toute atteinte portée à l’Etat de droit. Le vote contre le pouvoir de Budapest montre que de plus en plus de conservateurs et de chrétiens-démocrates sont las de défendre cet enfant rebelle de l’Europe centrale qu’est Viktor Orban.
Lors d’un discours qualifié d’arrogant, celui-ci a critiqué le rapport de Judith Sargentini, en affirmant ne pas céder au chantage: c’est une insulte à l’adresse de la Hongrie, a-t-il lancé, en ajoutant on ne peut pas accuser mon pays de vouloir rester un territoire sans immigrants illégaux. Pour sa part, le Ministère des Affaires Etrangères de Budapest a qualifié le vote d’acte de vengeance mesquine de la part des politiciens pro-immigration.
Après la demande des eurodéputés mercredi, il revient aux gouvernements des Etats membres de se prononcer en faveur de la mise en place des sanctions contre la Hongrie. Un scénario peu probable, vu que Varsovie a déjà annoncé s’y opposer. Pourtant, le vote reste un avertissement que l’Europe lance aux leaders et à leurs partis adeptes de soi-disant démocraties libérales au sein desquelles ils s’arrogent le droit de fouler aux pieds les valeurs européennes et les principes de l’Etat de droit. La Roumanie aussi est entrée dernièrement dans le collimateur de Bruxelles, après les modifications apportées aux lois de la justice et aux codes pénaux et surtout, suite à la récente intervention musclée des Gendarmes lors de la manifestation antigouvernementale du 10 août dernier. (trad.Ioana Stancescu)