Priorités de la nouvelle session parlementaire
A l’agenda de la session d’automne du Parlement de Bucarest figurent la mise au point de plusieurs lois contestées à la Cour Constitutionnelle, ainsi que des projets législatifs nouveaux. La majorité parlementaire, constituée du Parti Social Démocrate (PSD) et de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE) s’est donné comme priorités l’adoption d’une nouvelle loi des retraites, la modification les lois de la sécurité nationale et de la loi de l’adoption des enfants.
Ştefan Stoica, 03.09.2018, 12:45
Le pouvoir souhaiterait également la finalisation des lois de la justice, contestées à la Cour Constitutionnelle par l’opposition et par le chef de l’Etat, des Codes pénal et de procédure pénale, ainsi que de la loi de l’exploitation offshore du gaz de la Mer Noire, dont le réexamen a été exigé par le président roumain.
La coalition au pouvoir souhaite, enfin, que le Service roumain de renseignement intérieur (SRI) explique au Législatif la nature des protocoles de collaboration conclus dans le passé avec le Parquet Général et avec d’autres institutions du même domaine. Le SRI et le Parquet général ont déjà précisé que ces documents avaient été légaux et qu’ils avaient principalement visé des aspects techniques. Ils ont été dénoncés lorsque les parties signataires ont abouti à la conclusion qu’ils n’étaient pas nécessaires au fonctionnement de la justice.
De son côté, l’opposition de droite, réunissant le Parti national libéral (PNL), l’Union Sauvez la Roumanie (USR) et la Parti du Mouvement populaire (PMP), se propose comme cible, entre autres, le retour à l’élection des maires en deux tours de scrutin, l’élimination des retraites spéciales et la réforme du secteur de la santé. L’opposition souhaite enfin, surtout, que le gouvernement s’explique sur les violences ayant marqué la manifestation antigouvernementale de la diaspora, le 10 août dernier, à Bucarest, ainsi que sur la gestion de la crise de la peste porcine africaine. Rappelons que l’opposition a critiqué l’intervention dure, qualifiée d’excessive, des gendarmes en réponse aux provocations venues de la part d’individus qui apparemment n’avaient aucun rapport avec les protestataires pacifiques. Le PNL a annoncé qu’il tenterait à nouveau de faire tomber l’actuel gouvernement par une motion de censure.
Du point de vue du dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition, la nouvelle session parlementaire ne débute donc pas sous les meilleurs auspices. A l’intérieur des partis, la situation n’est pas calme, non plus. La dernière réunion de la direction du PSD a fait ressortir le clivage entre le leader autoritaire du principal parti au pouvoir, Liviu Dragnea, et la maire de Bucarest, Gabriela Firea, femme politique bénéficiant d’une cote de popularité plus élevée que celle du président du parti. Forte de cette popularité, Mme Firea n’a pas hésité à critiquer ouvertement la façon dont la fidèle collaboratrice de M. Dragnea, la ministre de l’intérieur Carmen Dan, avait géré la situation lors de la manif du 10 août.
En théorie, les tensions au PSD devraient favoriser l’opposition de droite, qui semble pourtant incapable d’en tirer avantage. Le chef du PNL, Ludovic Orban, est lui-même contesté dans les rangs des libéraux, qui ne le voient pas tous comme le leader capable de mener le combat contre le PSD. Chaque représentant de l’opposition semble d’ailleurs agir de façon solitaire et non solidaire. Or, le manque d’alternative au pouvoir offre au PSD le répit dont il a besoin pour régler ses disputes internes.