Protestations pour et contre la DNA
Pour nombre de Roumains, les procureurs anti-corruption sont de véritables héros. C’est leur travail qui a rendu possible, ces dernières années, la condamnation d’un ancien premier ministre, le renvoi devant la justice d’un premier ministre en exercice, l’interpellation d’un juge de la Cour constitutionnelle, du maire général de la capitale et des maires des 6 arrondissements de Bucarest. Plus encore, des dizaines d’anciens membres du gouvernement et du parlement, maires de chefs-lieux de départements, présidents de conseils départementaux ou préfets, de gauche ou de droite, du pouvoir ou de l’opposition, ont fait l’objet de maintes enquêtes pour corruption, dont certaines ont abouti sur des condamnations.
Bogdan Matei, 19.02.2018, 13:57
Pour nombre de Roumains, les procureurs anti-corruption sont de véritables héros. C’est leur travail qui a rendu possible, ces dernières années, la condamnation d’un ancien premier ministre, le renvoi devant la justice d’un premier ministre en exercice, l’interpellation d’un juge de la Cour constitutionnelle, du maire général de la capitale et des maires des 6 arrondissements de Bucarest. Plus encore, des dizaines d’anciens membres du gouvernement et du parlement, maires de chefs-lieux de départements, présidents de conseils départementaux ou préfets, de gauche ou de droite, du pouvoir ou de l’opposition, ont fait l’objet de maintes enquêtes pour corruption, dont certaines ont abouti sur des condamnations.
Par conséquent, il n’est pas étonnant que des milliers de manifestants soient descendus l’année dernière dans les rues de la capitale et des grandes villes roumaines et dans les communautés de la diaspora, soupçonnant la majorité parlementaire formée du PSD et de l’ALDE de vouloir se subordonner les magistrats et d’arrêter la lutte anticorruption par les biais de plusieurs modifications opérées dans les lois qui régissent le fonctionnement de la Justice et des Codes pénaux en Roumanie.
Pourtant, cette fascination pour la DNA n’est pas unanime. A la fin de la semaine dernière, quelques dizaines de manifestants se sont réunis devant le siège de l’institution et de la présidence, demandant la démission de la cheffe du Parquet anticorruption, Laura Codruţa Kövesi, et accusant le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, de rester passif face aux abus commis par les procureurs anticorruption. Qu’est-ce qui a déclenché cette réaction ? Il s’agit d’un scandale éclaté au département de Prahova (sud).
Mircea Cosma, l’ancien président du Conseil départemental de Prahova, fauteuil qu’il a occupé pendant plus de 10 ans, et son fils Vlad, ancien député, viennent d’être condamnés en première instance à 8 ans et respectivement 5 ans de prison ferme dans un dossier de la DNA. A son tour, la fille de Mircea Cosma, actuellement parlementaire sociale – démocrate, a été mise en examen par les procureurs anticorruption. Son frère, Vlad Cosma, accuse les enquêteurs de s’être servis de lui pour fabriquer des preuves contre d’autres membres du PSD, dont l’ancien premier ministre Victor Ponta ou encore l’ancien député Sebastian Ghiţă, qui s’est enfui en Serbie voisine. Pour sa part, la cheffe de la DNA rejette catégoriquement l’accusation de pratiques illégales formulées contre ses procureurs.
De même, le président Klaus Iohannis a réitéré sa confiance en cette institution, qui, à son avis, fait l’objet d’une tentative de discréditation « désespérée, pathétique et pas du tout convaincante » de la part de personnes ayant des problèmes avec la justice. Pour leur part, les manifestants anti-DNA comparent les pratiques de procureurs anticorruption à celles de l’ancienne Securitate, la police politique communiste, voire des fascistes, qui tentent de miner par des coups de force une majorité élue de manière démocratique. L’intervention des gendarmes a même été nécessaire pour séparer les protestataires et les quelques partisans fidèles du Parquet anticorruption et adversaires irréductibles du PSD.
Ces derniers ont organisé en parallèle des contre-manifs pour exprimer leur opposition face à la modification des lois de la justice. De l’avis des commentateurs politiques, l’atmosphère chauffera à nouveau, tant sur la scène politique, que dans la rue, jeudi, quand le ministre de la Justice, Tudorel Toader, a promis de présenter devant le plénum du Parlement l’évaluation de l’activité des Parquets roumains – général, anticorruption et antimafia. (Trad. Valentina Beleavski)