Le bilan de la DIICOT
Sœur cadette et plus discrète, aux yeux de lopinion publique, de la très connue Direction nationale anticorruption, la Direction dinvestigation des délits de criminalité organisée et de terrorisme (DIICOT) a de nombreuses compétences en matière diverse, depuis la lutte contre le trafic de drogue à la surveillance des mouvements extrémistes. Mardi soir, à la réunion consacrée à lanalyse de lactivité déroulée lannée dernière, les procureurs roumains antimafia ont mentionné le nombre de 3.210 condamnations définitives obtenues dans des cours de justice sur la base de leurs réquisitoires.
Bogdan Matei, 07.02.2018, 14:26
Parmi les réseaux de criminalité organisée, ceux impliqués dans les trafics de personnes et de mineurs, en vue de lexploitation sexuelle dans les pays occidentaux, sont les plus présents. Mais, avertit la DIICOT, les réseaux impliqués principalement dans des délits contre le patrimoine, dans le trafic de migrants ou la contrebande de tabac sont aussi bien présents. Lannée dernière, les procureurs ont confisqué une quantité totale de plus de 2 tonnes de drogue, trois fois moins quen 2016. La Roumanie continue dêtre un pays de transit sur la route dite des Balkans, pour le trafic dhéroïne, de cocaïne et decstasy. Le cannabis est la drogue la plus vendue en Roumanie, où elle arrive par voie routière depuis lEspagne et les Pays-Bas.
En matière de terrorisme, à la différence de la plupart des Etats ouest-européens, la Roumanie na pas fait lobjet dune menace concrète et forte, indique le bilan de la DIICOT. Néanmoins, le procureur en chef antimafia, Daniel Horodniceanu, avertit que la radicalisation islamiste est à présent un des risques majeurs auxquels se confrontent aussi bien la Roumanie que lEurope entière. Sans avoir acquis les dimensions dun phénomène social, cette radicalisation sest amplifiée, ces dernières années, notamment parmi les résidents originaires despaces géographiques à problématique terroriste active, selon les mots des procureurs, ainsi que parmi les citoyens roumains convertis à lislam.
Luniversitaire Ştefan Popescu, spécialiste du Moyen Orient, introduit quelques nuances : «Je ne pense pas que le nombre de Roumains convertis à lIslam et leur radicalisation soient plus grands que dans des pays tels la France ou lItalie. Là, ce sont les zones de prédilection, si jose dire. Ici, on a affaire à un phénomène mineur, à mon avis, mais il faut le tenir sous contrôle. Nous avons vu récemment que, lorsque des routes migratoires ont été fermées, la Roumanie sest retrouvée sur la route des entrées en Europe. On a y vu arriver des bateaux transportant des réfugiés dAfghanistan, de Syrie, de zones de conflits. »
Vu cette réalité, le procureur en chef de la DIICOT, Daniel Horodniceanu, plaide en faveur dune mise à jour de la législation nationale pour la prévention et la lutte contre le terrorisme. (Trad. Ileana Taroi)